2024 : millésime olympique… ou impressionniste ? Si cette nouvelle année est d’ores et déjà placée sous le signe des JO, proposant une riche offre culturelle dédiée, elle réserve néanmoins aux amateurs moins soucieux de sport une programmation de haut vol qui culminera sans doute au printemps avec la célébration au musée d’Orsay des 150 ans de l’exposition de 1874 qui donna naissance à l’impressionnisme. 2024 mettra également à l’honneur les figures de Friedrich, Ensor, Brancusi ou encore André-Charles Boulle, auquel le château de Chantilly consacrera en juin prochain une grande exposition. Les fashionistas n’auront cette année que l’embarras du choix face aux deux présentations orchestrées au MAD Paris puis à la Cité de l’architecture et du patrimoine retraçant la genèse des Grands Magasins, à moins qu’ils ne préfèrent filer à l’anglaise afin de découvrir sur les cimaises de la Tate Britain les portraits de John Singer Sargent sublimant, drapée de satin et de taffetas, la haute société de son temps.
Lumière sur Ensor — Ostende, Mu.ZEE et Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique
La Belgique rend hommage à l’un de ses plus grands peintres. Pour commémorer les 75 ans du décès de James Ensor (1860-1949), plusieurs expositions sont consacrées à l’univers pictural de l’artiste. Dans sa ville natale d’Ostende, le Mu.ZEE présente une rétrospective de ses natures mortes, de ses premières toiles encore marquées par la tradition académique aux tableaux tourmentés des années 1890 et aux œuvres éthérées et oniriques de sa dernière période. Il les confronte aux créations de ses contemporains qui cherchèrent également à renouveler ce genre pictural et forme un intéressant panorama de la nature morte en Belgique. À Bruxelles, une grande exposition, organisée par la Bibliothèque royale (KBR) et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB), permet aux œuvres d’Ensor d’être à nouveau accrochées dans le palais de Charles de Lorraine qui accueillait le musée d’Art moderne à la fin du XlXe siècle. La réunion exceptionnelle de tableaux célèbres, mais aussi de dessins et estampes moins connus, prouve l’importance de la capitale dans le développement de son style. Mathilde Dillmann
« Rose, Rose, Rose à mes yeux. James Ensor et la nature morte en Belgique de 1830 à 1930 », jusqu’au 14 avril 2024 au Mu.ZEE, Romestraat 11, 8400 Ostende. Tél. 00 32 59 50 81 18. www.muzee.be
« James Ensor. Inspired by Brussels », du 22 février au 2 juin 2024 au KBR, Mont des Arts 28, Bruxelles. Tél. 00 32 25 19 53 11. www.kbr.be
Célébrer Caspar David Friedrich — Allemagne
En Allemagne, c’est Caspar David Friedrich (1774-1840) qui est à l’honneur. L’année de son 250e anniversaire s’ouvrira officiellement le 20 janvier 2024 dans sa ville natale de Greifswald (Mecklembourg-Poméranie occidentale), sur les rives de la Baltique. De nombreux événements sont prévus dans tout le pays : concerts, spectacles, et bien sûr expositions. La Kunsthalle de Hambourg, le musée régional de Poméranie, l’Albertinum et le cabinet des estampes de Dresde, et l’Alte Nationalgalerie à Berlin mettront en lumière sous différents angles l’art du plus remarquable des peintres romantiques allemands. M.D.
La programmation complète est à retrouver sur www.cdfriedrich.de.
La mode vue par Sargent — Londres, Tate Britain
Les célèbres portraits de John Singer Sargent (1856-1925) s’exposent à la Tate Britain. Ils y retrouvent les vêtements portés par les modèles issus de la haute société européenne et américaine, comme le grand manteau de soirée en taffetas noir de Lady Sassoon ou la robe de Mrs Montgomery Sears. Cette présentation exceptionnelle souligne l’importance que Sargent accordait aux étoffes, aux parures et aux accessoires. Au-delà des tableaux mondains, l’exposition rassemble aussi des portraits d’acteurs et leurs costumes comme la robe et la cape portées par Ellen Terry dans le rôle de Lady Macbeth ou la tenue de satin jaune de la danseuse Carmen Dauset Moreno, dite La Carmencita. M.D.
« Sargent et la mode », du 22 février au 7 juillet 2024 à la Tate Britain, Millbank, Londres. Tél. 00 44 20 7887 8888. www.tate.org.uk
La forêt selon Théodore Rousseau — Paris, Petit Palais
Théodore Rousseau (1812-1867) a fait de la forêt son sujet de prédilection. Il multiplie les esquisses en plein air et compose ensuite en atelier des toiles qu’il retouche sans cesse. À la fois romantique et réaliste, il veut retranscrire la vie de la forêt sur la toile et devient le chef de file de ce que l’on appelle l’« école de Barbizon ». C’est en effet dans ce petit village proche de Fontainebleau que s’établissent, dès les années 1820, les peintres paysagistes qui souhaitent travailler sur le motif. Rousseau contribue ainsi à renouveler en profondeur la peinture de paysage en France, ouvrant la voie à l’impressionnisme. Camille Jolin
« Théodore Rousseau (1812-1867). La voix de la forêt », du 5 mars au 7 juillet 2024 au Petit Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. Tél. 01 53 43 40 00. www.petitpalais.paris.fr
Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) — Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge
Alors même que la guerre de Cent Ans se poursuit, l’accession au trône de Charles VII en 1422 s’accompagne d’un véritable renouveau artistique dans le royaume de France. Soutenus par des commanditaires éclairés comme Jacques Cœur ou René d’Anjou, les artistes se nourrissent de l’influence croisée des Flandres et de l’Italie et amorcent le passage progressif vers la Renaissance. Les nombreux chefs-d’œuvre – du dais de Charles VII à l’Annonciation de Barthélemy d’Eyck – présentés au musée de Cluny permettent d’apprécier la richesse de cette période particulièrement féconde. C.J.
« Les arts en France sous Charles VII (1422-1461) », du 12 mars au 16 juin 2024 au musée de Cluny – musée national du Moyen Âge, 28 rue du Sommerard, 75005 Paris. Tél. 01 53 73 78 00. www.musee-moyenage.fr
La genèse de l’impressionnisme — Paris, musée d’Orsay
Qui aurait pensé que ce qualificatif d’« impressionniste », lancé comme une moquerie par le journaliste Louis Leroy à propos du célèbre tableau de Monet, Impression, soleil levant, désignerait un jour un courant artistique particulièrement prisé des musées et du public ? Le 15 avril 1874 ouvre en effet une exposition indépendante, réunissant une trentaine d’artistes – dont Monet, Degas, Morisot ou Pissarro – qui souhaitent s’affranchir des règles académiques, dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas et qui ne les reconnaissent pas non plus. Le musée d’Orsay revient sur cet événement fondateur et retentissant pour les historiens de l’art, pourtant peu fréquenté à son époque, dont on ne conserve aucune image et au sein duquel on compte en réalité fort peu d’artistes aujourd’hui qualifiés d’« impressionnistes ». Dans l’exposition, les œuvres – très hétérogènes – présentées en 1874 lors de cette manifestation sont mises en regard de celles exposées au Salon la même année. Cela permet de mesurer toute la distance qui sépare les deux groupes, mais aussi de nuancer cette idée de deux tendances irréconciliables qui se font face. C.J.
« Paris 1874. Inventer l’impressionnisme », du 26 mars au 14 juillet 2024 au musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. 01 40 49 48 14. www.musee-orsay.fr
Brancusi, inventeur de la sculpture moderne — Paris, Centre Pompidou
Près de 30 ans se sont écoulés depuis la dernière rétrospective consacrée à Constantin Brancusi (1876-1957) en France. Ajoutez à cela la nécessité de déménager son atelier, qui fait partie des collections du musée national d’Art moderne depuis 1957, à l’occasion des travaux de rénovation du Centre Pompidou, et vous obtenez l’occasion idéale d’organiser une exposition dédiée au maître de la sculpture moderne. Cette manifestation revient sur ses sources d’inspiration, de Rodin à l’art cycladique, en passant par l’art africain ou encore l’architecture vernaculaire roumaine. Les grandes caractéristiques du processus créatif de Brancusi font l’objet d’un parallèle concret avec les outils et les matériaux présents dans son atelier. De nombreux documents d’archives permettent également de le replacer dans le contexte artistique de son époque et de mettre en avant ses liens d’amitié avec d’autres artistes d’avant-garde comme Duchamp, Léger ou Modigliani. À travers près de 200 sculptures, mais aussi des photographies, des dessins et des films de l’artiste, organisés selon un parcours thématique, on découvre ainsi toutes les facettes de son art. C.J.
« Brancusi », du 27 mars au 1er juillet 2024 au Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, 75004 Paris. Tél. 01 44 78 12 33. www.centrepompidou.fr
Les Grands Magasins une nouvelle manière de consommer — Paris, Musée des Arts Décoratifs et Cité de l’architecture et du patrimoine
En 2024, le Musée des Arts Décoratifs reviendra sur l’histoire de ces nouveaux temples de la consommation, de leur naissance sous le Second Empire à leur consécration lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Fondés à l’initiative d’entrepreneurs audacieux, ils témoignent d’une nouvelle manière de consommer, mais reflètent aussi la révolution industrielle, les transformations d’Haussmann à Paris et la construction d’une nouvelle image de la femme. Un deuxième volet présenté à la Cité de l’architecture insistera sur ces architectures exceptionnelles, véritables ruches aussi belles que fonctionnelles, qui connaissent désormais la concurrence des grandes surfaces et du e-commerce. C.J.
« La naissance des Grands Magasins. Mode, design, jouet, publicité. 1852-1925 », du 10 avril au 13 octobre 2024 au Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 44 55 57 50. www.madparis.fr
« Les Grands Magasins », du 16 octobre 2024 au 16 mars 2025 à la Cité de l’architecture et du patrimoine, palais de Chaillot, 1 place du Trocadéro et du 11 novembre, 75016 Paris. Tél. 01 58 51 52 00. www.citedelarchitecture.fr
Achille et ses combats — Nîmes, musée de la Romanité
La guerre de Troie fera bientôt rage au musée de la Romanité. Statues, vases et sarcophages retracent les épisodes chantés par Homère dans l’Iliade et célèbrent la vaillance d’Achille. Les multiples représentations de la vie du héros grec mettent en scène son éducation par le centaure Chiron, son séjour chez le roi Lycomède à Scyros, et surtout ses exploits guerriers devant les murs de Troie. De sa colère face à l’affront infligé par Agamemnon qui lui enleva Briséis à sa mort causée par la flèche empoisonnée qui l’atteignit au talon, le mythe d’Achille n’a cessé d’inspirer les artistes, de l’Antiquité à nos jours. M.D.
« Achille et la guerre de Troie », du 26 avril 2024 au 5 janvier 2025 au musée de la Romanité, 16 boulevard des Arènes, 30000 Nîmes. Tél. 04 48 21 02 10. www.museedelaromanite.fr
Redécouvrir la peinture germanique du XVe siècle — Dijon, musée des Beaux-Arts de Dijon
Depuis 2019, un vaste programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art a permis de recenser dans les collections françaises près de 500 œuvres produites dans le Saint-Empire romain germanique pendant le Moyen Âge et la Renaissance. Il a abouti à l’organisation d’une exposition en trois volets qui se déploiera au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, au musée Unterlinden de Colmar et au musée des Beaux-Arts de Dijon dont la collection exceptionnelle permet de proposer un vaste panorama de la peinture germanique du XVe siècle jusqu’au début du XVIe siècle. De nouveaux rapprochements et des réattributions éclaireront la production des grands foyers de création dans tout l’Empire. M.D.
« Maîtres et merveilles. Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) », du 4 mai au 23 septembre 2024 au musée des Beaux-Arts de Dijon, place de la Sainte-Chapelle, 21000 Dijon. Tél. 03 80 74 52 09. www.musees.dijon.fr
André-Charles Boulle en majesté — Chantilly, château de Chantilly
Après le succès de « La fabrique de l’Extravagance » consacrée à la porcelaine en 2021, le château de Chantilly prépare une nouvelle exposition appelée à faire date dans le domaine des arts décoratifs. Conçue autour des deux bureaux en marqueterie conservés au musée Condé, elle sera dédiée à l’art d’André-Charles Boulle (1642-1732). Les Grands Appartements des princes de Condé accueilleront les plus beaux meubles créés pour la famille royale et la noblesse. Commodes, bureaux, bibliothèques, consoles, gaines, torchères, mais aussi coffrets et médailliers témoignent du rôle déterminant de Boulle dans l’évolution du mobilier français sous le règne de Louis XIV. À la fois ébéniste et bronzier, ce créateur de génie conçut un nouveau modèle de bureau plat, doté de quatre pieds et d’une ceinture munie d’une seule rangée de trois tiroirs, qui fit sa réputation. Il porta la marqueterie de métaux et d’écaille au plus haut niveau de perfection technique. L’exposition montrera aussi son goût de collectionneur et son talent de dessinateur qui lui permit de faire connaître ses productions grâce à la gravure. M.D.
« André-Charles Boulle », du 8 juin au 6 octobre 2024 au château de Chantilly, 60500 Chantilly. Tél. 03 44 27 31 80. www.chateaudechantilly.fr
L’éloge de la pureté, — Paris, musée national des arts asiatiques – Guimet
Si la porcelaine chinoise peut se révéler très chamarrée, à l’image des pièces wucai, elle se caractérise également bien souvent par son épure formelle et colorée. Les formes sobres mettent en valeur des coloris parfaits, subtilement travaillés et améliorés au fil des siècles. De cette recherche de perfection, qui passe par une absolue maîtrise technique, naissent des pièces uniques d’une grande beauté. C’est cette histoire que retrace l’exposition du musée Guimet, à travers des œuvres de sa collection et de la collection Zhuyuetang de Richard Kan. C.J.
« Au coeur de la couleur. Chefs-d’œuvre de la porcelaine monochrome chinoise (VIIIe-XVIIIe siècles) », du 12 juin au 16 septembre 2024 au musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, 75116 Paris. Tél. 01 56 52 54 33. www.guimet.fr