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L’Annonciation de Claude-Guy Hallé regagne Notre-Dame

Claude-Guy Hallé (1652-1736), L’Annonciation (détail), 1717. Huile sur toile, 400 x 425 cm. Notre-Dame de Paris.

Claude-Guy Hallé (1652-1736), L’Annonciation (détail), 1717. Huile sur toile, 400 x 425 cm. Notre-Dame de Paris. © Drac Ile-de-France / Nicolas Thouvenin­

Six mois après sa réouverture, la cathédrale Notre-Dame de Paris retrouve un chef-d’œuvre du XVIIIe siècle : L’Annonciation de Claude-Guy Hallé (1652-1736), l’un des peintres d’histoire religieuse les plus actifs de son temps. Restaurée avec soin après avoir passé plusieurs décennies dans les réserves du Louvre, cette toile monumentale reprend sa place dans l’édifice, 163 ans après l’avoir quitté.

Un cycle consacré à la Vierge

Le 16 mai dernier, à l’aube, l’entrée nord de la nef voyait réapparaître un hôte de taille : L’Annonciation de Hallé, spectaculaire huile sur toile de 4,25 mètres de haut sur 4 mètres de large. Peinte entre 1715 et 1717, elle remplaça une première version commandée vers 1710 grâce au mécénat du chanoine Antoine de La Porte (1627-1710), pour la somme de 2 500 livres. Pour des raisons encore débattues – accident, insatisfaction iconographique ou révision stylistique –, cette première version fut retirée au profit d’une nouvelle composition, plus ample et théâtrale. La toile achevée en 1717 fut alors installée dans le chœur de Notre-Dame, aux côtés de sept autres grands formats signés Jean Jouvenet, Antoine Coypel, Louis II de Boullogne et Charles de La Fosse. Suspendus au-dessus des stalles, ils parachèvent le somptueux décor conçu dans le cadre du vœu de Louis XIII : un engagement solennel pris par le roi en 1638 qui consacrait la France à la Vierge, auquel son fils Louis XIV donna une expression monumentale en ornant le chœur de la cathédrale. Saisie à la ­Révolution, la toile de Hallé fut placée au dépôt des Petits-­Augustins, avant de réintégrer Notre-Dame en 1802, puis d’être transférée au musée du Louvre en 1862.

La restauration d’une œuvre monumentale

Conservée roulée, elle présentait peu de lacunes mais un vernis fortement jauni, probablement appliqué lors d’une intervention du « rentoileur » Émile Mortemart en 1863. La restauration, menée dans les ateliers du musée du Louvre à Liévin, a permis un nettoyage délicat de la couche picturale et la reprise illusionniste d’un ajout ancien au niveau du drapé bleu de la Vierge. La toile a également été doublée, munie d’un nouveau châssis et encadrée dans une moulure dorée reprenant celle du Magnificat de Jouvenet, placé en vis-à-vis dans la nef. L’opération, d’un montant total de 175 000 €, a été financée grâce à la souscription nationale ouverte en 2019. Elle s’inscrit dans le cadre de la vaste campagne de restauration des vingt-deux tableaux de la cathédrale, conduite sous la maîtrise d’ouvrage de la DRAC Ile-de-France, responsable des objets mobiliers de Notre-Dame. Sélectionnée par la ­Commission nationale de l’architecture et du patrimoine du 13 juillet 2023, L’Annonciation compte parmi les œuvres choisies pour réintégrer la cathédrale dans le cadre du nouvel aménagement liturgique. Dans quelques mois, Notre-Dame retrouvera également une autre toile majeure : La Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste et sainte Geneviève de Lubin Baugin, jusque-là conservée à l’église Saint-François-Xavier. Ces retours marquent une étape symbolique dans la renaissance patrimoniale de Notre-Dame, où la peinture religieuse des XVIIe et XVIIIe siècles retrouve peu à peu sa place au cœur du monument restauré.

Claude-Guy Hallé (1652-1736), L’Annonciation, 1717. Huile sur toile, 400 x 425 cm. Notre-Dame de Paris.

Claude-Guy Hallé (1652-1736), L’Annonciation, 1717. Huile sur toile, 400 x 425 cm. Notre-Dame de Paris. © Drac Ile-de-France / Nicolas Thouvenin­