Disparition de Sylvain Amic, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Sylvain Amic, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, est décédé brutalement dimanche 31 août. © Musée d'Orsay, dist. GrandPalaisRmn / Allison Bellido
Nommé en avril 2024, Sylvain Amic avait réalisé un rêve en prenant la tête du musée d’Orsay. Il est mort brutalement dimanche 31 août à l’âge de 58 ans.
Le monde des musées perd l’un de ses plus fervents défenseurs, un conservateur passionné et enthousiasmé par les défis que représentaient leur rôle humaniste et leur ouverture à tous. « Sylvain Amic était un homme chaleureux et attentif aux autres. De Rouen à Paris, jusqu’à Orsay et l’Orangerie, il croyait toujours en une culture ouverte et accessible à tous, dans tous les territoires », a écrit la ministre de la Culture, Rachida Dati, à l’annonce de sa disparition.
Une vision pour les musées
Nommé le 18 avril 2024, Sylvain Amic avait, dès son arrivée aux musées d’Orsay et de l’Orangerie, partagé sa vision avec les équipes qu’il dirigeait. Pour Paul Perrin, directeur de la conservation et des collections au musée d’Orsay, « Sylvain Amic a été un très grand président de nos musées et il reste un modèle très vivant pour nous tous. Il était guidé par une haute ambition à la fois artistique, culturelle mais aussi sociale. Sa vision de l’histoire de l’art et du musée était politique, au sens le plus noble du terme, républicaine, au service des citoyens et de la communauté nationale, et humaniste, tout entière tournée vers l’émancipation de tous les individus, d’où qu’ils viennent », a-t-il écrit dimanche 31 août sur Instagram.
Un modèle et une source d’inspiration
De nombreux consœurs et confrères rendent hommage à Sylvain Amic depuis l’annonce de sa disparition, saluant ses qualités humaines autant que professionnelles, tel Christophe Leribault, aujourd’hui président du château de Versailles : « La disparition de mon successeur au musée d’Orsay, Sylvain Amic, est un choc. Une immense perte pour Orsay et l’Orangerie mais aussi la perte d’un ami pour moi. Spécialiste du XIXe siècle, il avait trouvé là le poste dont il rêvait entre tous. […] C’était une personnalité engagée, dynamique et chaleureuse. » Directeur du musée national d’Art moderne, Xavier Rey a fait part de son émotion « immense à l’annonce de la disparition, si brutale, d’un penseur innovant, d’un collègue inspirant, d’un passeur passionné et passionnant et d’un homme d’une humanité et d’une générosité hors du commun ».
Un serviteur enthousiaste des musées
Né en 1967 à Dakar, Sylvain Amic a commencé sa carrière comme instituteur, avant de réussir le concours de l’Institut national du patrimoine et de devenir conservateur. De 2000 à 2011, il a participé au projet de rénovation et d’extension du musée Fabre, à Montpellier, avant de partir diriger les trois musées rouennais et d’être nommé, en 2016, directeur de la Réunion des Musées Métropolitains (RMM), direction unique de huit institutions rouennaises. La manifestation « Le temps des collections », qui permet aux visiteurs de découvrir des œuvres conservées en réserve, a vu le jour sous son impulsion, tout comme des projets participatifs, nés du vote des visiteurs, et les expositions « Éblouissants reflets, 100 chefs-d’œuvre impressionnistes » (2013) et « Cathédrales, 1789-1914. Un mythe moderne » (2014).
« Le musée d’Orsay, c’est un musée républicain, un bien commun de la nation qu’il faut restituer à l’ensemble de la nation. »
Sylvain Amic
Une ouverture aux territoires ruraux et aux jeunes
En 2022, Sylvain Amic a rejoint le ministère de la Culture en tant que conseiller en charge des musées, des métiers d’art, du design et de la mode au cabinet de Rima Abdul Malak. Il y a travaillé notamment sur la question des biens spoliés et de leur restitution, sujet qu’il a emporté avec lui aux musées d’Orsay et de l’Orangerie. La multiplication des prêts d’œuvres en région était l’un des projets auxquels il était attaché, comme il l’expliquait début 2025 lors du lancement de l’opération « 100 œuvres qui racontent le climat » : « Le musée d’Orsay s’est toujours attaché à être bien plus qu’un lieu de conservation : il est un pont vivant entre les œuvres et les territoires qui les ont inspirées. » L’accueil des enfants et des jeunes adultes était également au cœur de ses préoccupations. En janvier 2025, il avait confié au Monde vouloir « proposer aux 18-25 ans une programmation plus stimulante encore », réaffirmant sa vision de l’institution qu’il dirigeait : « Le musée d’Orsay, c’est un musée républicain, un bien commun de la nation qu’il faut restituer à l’ensemble de la nation. »





