Le mot du mois d’Anne Lehoërff : « France »

Coq antique (détail) trouvé dans la Saône à Lyon. Paris, musée du Louvre. © Grand-Palais RMN (musée du Louvre), Tony Querrec
L’archéologie ne connaît aucune frontière. Ailleurs, comme en France. Et pourtant, c’est dans son cadre national que s’appliquent les lois, et que s’organisent, pour l’essentiel, l’administration et les institutions professionnelles. La science, elle, s’en affranchit. La promotion de l’archéologie, en revanche, a quelque appétence pour glisser cette dimension « française » dans les titres, y compris avant que ce soit d’actualité.
Vercingétorix n’est-il pas souvent promu premier héros anachronique, vaillant et perdant d’un territoire inexistant ? La rigueur invite les auteurs à rappeler que « La France de… » n’est qu’une enveloppe commode, qui n’a pas nécessairement de valeur historique. Néanmoins ces choix ne sont pas anodins, au-delà des demandes des éditeurs que ce cadre rassure. Ils renvoient au fond à ce qu’est l’archéologie et à ce que raconte l’histoire.

Coq antique trouvé dans la Saône à Lyon. Paris, musée du Louvre. © Grand-Palais RMN (musée du Louvre), Tony Querrec
Une France sortie de la naphtaline
Les pays, l’Europe, le monde se jouent au long cours des tracés frontaliers. Ces derniers existent pourtant, mais ils se conjuguent eux aussi au pluriel et ne couvrent pas les mêmes réalités selon ce que l’on regarde sur la carte. Ou, plutôt, celle-ci ne pourra pas être la même selon le sujet que l’on veut représenter. Les données matérielles transcendent la France et offrent une dynamique unique. Une carte métropolitaine des vénus gravettiennes ou des oppida ? Oui, elle est techniquement possible, et historiquement insensée. Les archéologues ont appris à s’approprier le temps et l’espace, à travailler les échelles d’analyses. La France ? Bien sûr. Mais pas enfermée dans la naphtaline des « Antiquités nationales ».





