
Il a séduit le futur roi Louis-Philippe, le grand collectionneur François Marcille, et a manqué de disparaître dans l’incendie du Palais Royal. Via un appel à contribution, le musée des Beaux-Arts d’Orléans cherche désormais à accueillir dans ses salles romantiques cet adorable portrait d’un jeune Bacchus peint durant la Restauration par Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865).
Souvent appelée Julie Hugo après son mariage avec le frère aîné de Victor Hugo, Abel, en 1827, Julie Duvidal de Montferrier est une pionnière du mouvement d’indépendance des femmes artistes qui marque le XIXe siècle. Elle a fait ses armes auprès de Marie-Hélène Godefroid puis du baron Gérard, et s’est imposée parmi les peintres de son temps grâce à ses délicats portraits et figures mythologiques aujourd’hui conservés au château de Versailles, à la Maison de Victor Hugo ou encore au musée des Beaux-Arts de Caen. Dès 1822, son Bacchus enfant présenté au Salon est acquis par le duc d’Orléans, futur roi Louis-Philippe, qui lui accorde une place au sein de sa prestigieuse collection.

De la collection Marcille…
Sauvée de l’incendie du Palais Royal en 1848, l’œuvre est ensuite achetée par un ancien grainetier orléanais tout entier voué à sa passion irraisonnée pour l’art : l’atypique François Marcille qui parvient à réunir quelque 4 500 dessins et tableaux de toutes époques, parmi lesquels pas moins de dix-huit œuvres de Georges de La Tour, trente de François Boucher, vingt-cinq de Jean-Honoré Fragonard et le célèbre Panier de fraises des bois de Jean-Siméon Chardin (voir EOA n° 587, p. 68-71)… Cette inestimable collection est divisée à sa mort entre ses deux fils ; l’aîné Eudoxe, qui sera directeur du musée d’Orléans de 1870 à 1890, hérite notamment du Bacchus enfant dont il se sépare à une date inconnue.
… à la galerie Talabardon & Gautier
C’est donc tout naturellement que le musée a lancé un appel à contribution (45 000 €) pour permettre à cette toile appartenant à la galerie Talabardon & Gautier (qui l’exposa au salon Fine Arts Paris) de rejoindre les collections romantiques où elle a toute sa place, aux côtés d’œuvres d’autres femmes artistes telles qu’Aimée Brune-Pagès ou les sœurs Thévenin.
Myriam Escard-Bugat
Vous pouvez contribuer jusqu’au 28 avril 2023 en cliquant sur ce lien ou en envoyant un chèque à l’ordre des amis du musée d’Orléans, au 1 rue Fernand Rabier, 45000 Orléans.