
Après avoir été présentée à Bozar – Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l’exposition « Alexandrie : futurs antérieurs » accoste au Mucem afin de proposer au public français de revisiter l’histoire de la mégapole antique.
La Grande Bibliothèque, le temple du dieu Sarapis (le Serapeum), le Phare… Tous ces chefs-d’œuvre architecturaux de l’époque ptolémaïque forgent, encore aujourd’hui, l’image d’une Alexandrie idéale et forcément antique, occultant ses métamorphoses successives. En déployant 200 œuvres et objets datant principalement de la naissance de la cité sous l’impulsion d’Alexandre le Grand (331 av. J.-C.) à celle du christianisme (381 apr. J.-C.), l’exposition entend donc donner à voir la réalité archéologique d’une cité largement mythifiée au fil des siècles.

Capitale des Lagides
Différentes sections thématiques viennent ainsi en recomposer le visage : le visiteur sera notamment initié aux mutations urbanistiques d’une ville au plan hippodamien (dont les rues se croisent à angles droits) sortie de terre sur une mince bande côtière enserrée par la mer et le lac Mariout, avant d’admirer les vestiges du pouvoir des Lagides (323—30 av. J.-C.) qui, de Ptolémée Ier à Cléopâtre VII, régnèrent sans partage sur l’Égypte depuis une capitale multiculturelle.

Regards contemporains
En parallèle de cet éclairage archéologique, les commissaires on souhaité également donner la parole aux artistes d’aujourd’hui : photographies, sculptures, peintures et installations audiovisuelles de seize d’entre eux viennent donc dialoguer avec les vestiges antiques. « Il était important de créer des ponts entre l’Antiquité et l’époque contemporaine en montrant notamment comment certaines problématiques vécues par les Alexandrins du passé trouvent encore un écho aujourd’hui », estiment les commissaires Arnaud Quertinmont et Nicolas Amoroso. Si la pertinence de certains rapprochements interrogera peut-être, d’autres questionnent sans doute plus judicieusement notre rapport à l’Histoire, à l’image de cette reproduction contemporaine en céramique d’un buste du IIe siècle figurant Alexandre le Grand : délibérément scindé en deux, le visage disloqué de l’illustre conquérant souligne la fragilité des mythes fondateurs déployés par les États-nations.

Olivier Paze-Mazzi
« Alexandrie : futurs antérieurs »
Jusqu’au 8 mai 2023 au Mucem
1 esplanade J4, 13002 Marseille
Tél. 04 84 35 13 13
www.mucem.org
Catalogue, coédition Actes Sud / Bozar, 229 p., 35 €.