Le média en ligne des Éditions Faton

Crémerie pastorale en vallée de Lesponne dans les Hautes-Pyrénées

Cabane en cours de fouille sur le site du Hourc.

Cabane en cours de fouille sur le site du Hourc. © Noémie Luault

Pour la première fois, le site du Hourc vient de faire l’objet de fouilles. C’est à la suite d’un projet associatif de réhabilitation des lieux que l’opération a été programmée en 2024. Situé à 1 100 m d’altitude et à une dizaine de kilomètres au sud de Bagnères-de-Bigorre, ce courtàu, ou établissement pastoral, était destiné à l’estivage de vaches laitières, pour une production spécialisée en beurre.

Le site a ainsi livré plusieurs types de structures : des cabanes, des enclos, des abris pour les veaux et toute une série de canaux d’irrigation alimentant des installations de conservation du lait et de la crème.

Investigations archéologiques, ethnographiques et historiques

Les investigations archéologiques, ethnographiques et historiques avaient plusieurs objectifs : déterminer la chronologie de l’établissement (la trentaine de structures repérées en surface correspond-elle à un même ensemble contemporain ou à plusieurs entités se succédant dans le temps ?, et en abordant ce point, se pose aussi la question plus large de l’origine des courtàu) ; documenter les pratiques relatives à l’élevage bovin laitier qui, dans les Pyrénées, restent un point aveugle des travaux archéologiques sur les systèmes pastoraux d’altitude ; estimer le degré de spécialisation de ce type de sites et l’insertion de leurs productions dans des réseaux régionaux d’échanges ; et enfin appréhender le mode de propriété des cabanes. Si sur le plan cadastral du XIXe siècle, elles sont localisées sur une parcelle communale, elles n’en sont pas moins associées à des personnes, qui les détiennent de façon pérenne et peuvent même les transmettre.

Cabane en cours de fouille sur le site du Hourc.

Cabane en cours de fouille sur le site du Hourc. © Noémie Luault

Premiers résultats de la fouille de 2024

L’opération de 2024 a porté sur un bâtiment correspondant à une cabane de berger d’une surface intérieure d’un peu moins d’une dizaine de mètres carrés, bâtie en pierre sèche et possédant une entrée vers le sud-est. La fouille a dévoilé plusieurs aménagements : à l’extérieur, un banc en pierre bâti contre le mur est ; à l’intérieur, dans le mur sud, une niche qui pourrait correspondre à un leyté, structure alimentée par une rigole amenant l’eau pour refroidir les pots à lait. Au-dessus du dallage formant le sol de la cabane, un niveau de grandes dalles en schiste indique une ancienne toiture en lauzes effondrée. Sous ce niveau, de nombreuses pièces en bois carbonisées provenant de la charpente suggèrent un abandon du bâtiment après un incendie. Le mobilier collecté est composé de céramiques et de verre mais aussi de plusieurs objets en fer, dont une serrure, anodine en apparence mais qui matérialise bien cette appropriation privée d’une cabane édifiée sur un espace public. Deux monnaies datées de 1865 et 1866 situent au milieu du XIXe siècle l’occupation de ce bâtiment qu’il faut maintenant comparer avec des exemples documentés par l’ethnographie.