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Dans la basse-cour du château à motte de Choisey

Vue de la coupe du fossé périphérique.

Vue de la coupe du fossé périphérique. © F. Huguet, Hadès

En bord de plateau, le château de Choisey domine le centre ancien du village éponyme et le cours du Doubs. Une fouille préventive, menée en février et mars 2021 par la société Hadès, a permis de documenter les vestiges de la basse-cour de ce complexe castral occupé entre le XIe et le milieu du XIVe siècle.

Contrairement à de nombreux châteaux dont les maçonneries sont encore conservées en surface, celui de Choisey n’est décelable dans le paysage qu’au travers d’anomalies topographiques : creux et bosses attestent d’un grand fossé défensif et d’une motte.

Un discret site castral

Depuis le XIXe siècle, les érudits et les chercheurs locaux ont décrit et documenté ce site, tout comme les autres châteaux à motte de la région du Finage dolois, plaine fertile située à la frontière des duché et comté de Bourgogne. Au XIIIe siècle, le duc ambitionne d’étendre son territoire dans la région de Dole au détriment du comte et représentant de l’empereur du Saint Empire romain germanique. C’est dans ce contexte que sont mentionnés pour la première fois, en 1255 puis en 1280, les membres de la famille de Choisey, ainsi que la seigneurie, le château et le village du même nom.

Plan des vestiges médiévaux au sein du complexe castral.

Plan des vestiges médiévaux au sein du complexe castral. © J. Ducreux et C. Sanchez, Hadès

Trous de poteaux et fossés

Au niveau de l’ancienne motte, l’étude de la stratigraphie et l’analyse du plan ont mis en lumière trois phases d’occupation du site auxquelles se rattachent près de 140 trous de poteaux ovales aux dimensions notables. Ces creusements témoignent de la présence de bâtiments à ossature sur poteaux porteurs. Dans son dernier état, à la fin du XIIe siècle ou dans le courant du XIIIe siècle, le site castral est défendu par un fossé périphérique associé à une levée de terre. Ainsi circonscrite, la basse-cour se trouve séparée du réduit défensif par un petit fossé rectiligne. Retranché, cet espace situé en bord de plateau demeure occupé pour partie par une motte de terre au sommet de laquelle devait s’élever une tour.

Silos et celliers

Dans l’espace de la basse-cour, six bâtiments sur poteaux porteurs sont restitués mais tous n’ont pas coexisté (et certains se sont succédé). Le seul bâti maçonné réside dans une cave convertie en dépotoir après son abandon. La fouille de la basse-cour a également permis d’identifier trois silos et deux celliers (creusements de plan rectangulaire à fond plat et aux parois verticales) dédiés à la conservation des récoltes. Trois structures de combustion (trois foyers, un four, des zones rubéfiées) ont été mises au jour ainsi que des fosses de rejet et de ­cuisson, et un probable puits. Le mobilier céramique recueilli est dévolu pour la grande majorité à la préparation des mets et, plus rarement, au service. Cet assemblage contraste avec l’existence de vaisselle en verre (fragments de coupe et de verre à pied), qui traduit un mode de vie aisé et raffiné. Le mobilier métallique laisse entrevoir la diversité des activités pratiquées dans la basse-cour : une paire de forces pour la tonte et la découpe des tissus, des couteaux.

Vue générale de la cave maçonnée convertie en dépotoir (en plan et en cours de fouille).

Vue générale de la cave maçonnée convertie en dépotoir (en plan et en cours de fouille). © C. Sanchez, Hadès

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Vie quotidienne et défense

À ces outils, s’ajoutent de nombreuses clés et des éléments du costume en alliage cuivreux dont certains correspondent à des pièces très travaillées. Ces objets du quotidien côtoient des artefacts spécifiquement liés à la défense ; plusieurs trahissent la présence d’une élite : éperons, fers à chevaux, une pointe de flèche. Une étude menée sur la faune a mis en évidence une part très marginale de la consommation de viande issue de la chasse. Ces résultats ont été ­complétés par des examens carpologiques sur les restes de graines, de légumineuses et de fruits qui documentent l’alimentation des occupants et les usages agricoles dans le Finage.

La disparition d’un château

La fin de l’occupation de la basse-cour est à situer au plus tard au milieu du XIVe siècle mais un bâtiment érigé sur la motte (une tour ?) a pu continuer d’être utilisé après cette date. Les érudits du XIXe siècle estiment la disparition du château à la fin du XVe siècle, lors du siège de Dole par les armées de Louis XI. Pour l’heure, rien ne permet d’étayer ou d’infirmer cette hypothèse et seule la fouille de la partie restante de la motte aidera peut-être à trancher sur la question.