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Göbekli Tepe, l’énigme du lieu sacré se dévoile au Colisée

Vue de l'exposition.

Vue de l'exposition. © DR

Le parc archéologique du Colisée nous invite à un captivant voyage dans l’histoire du célèbre Göbekli Tepe, la « montagne au ventre », et de nombreux autres sites préhistoriques de Turquie. Tous témoignent de la première transition entre le Paléolithique et le Néolithique dans cette région du Proche-Orient.

Nous nous trouvons dans la province de Sanliurfa, au sud-est de l’Anatolie, sur le vaste plateau entourant la plaine de Harran, citée dans la Bible parce qu’Abraham y a longtemps vécu avec sa famille.

Une contruction extraordinaire

C’est l’un des endroits les plus fascinants de la planète, où nous aurions perdu le jardin d’Eden, comme l’a décrit le poète allemand Friedrich Hölderlin… Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2018, le site de Göbekli Tepe se compose d’immenses piliers en forme de T d’environ 6 m de haut. Sculptés de détails anthropomorphes et représentant des animaux (serpents, renards, grues, gazelles, araignées, scorpions et canards), ils servaient de théâtre à des rites propitiatoires dédiés à la Terre Mère, au Ciel et aux animaux. La construction extraordinaire de cet établissement et de ceux alentours, datée entre 9500 et 7800 avant notre ère, a révolutionné notre compréhension traditionnelle du sacré et des capacités technologiques des premières communautés néolithiques. Elle démontre également comment les besoins religieux et la pensée mythique ont été des facteurs déterminants dans la transition de formes de vie nomades vers des systèmes sociaux sédentaires.

Vue de l'exposition.

Vue de l'exposition. © DR

Le récit des origines

Le parcours de l’exposition épouse le profil elliptique naturel du Colisée et recrée le tracé curviligne des cercles mégalithiques à l’aide de reproductions des grands piliers, ornés de représentations stylisées d’animaux, de motifs géométriques complexes et de symboles abstraits. Si on ignore leur signification, selon les spécialistes, ils permettraient de comprendre l’univers de ces chasseurs-cueilleurs, probablement enraciné dans des récits remontant à la fin du Paléolithique, et immortalisés ici comme l’expression d’une origine et d’une identité communes. Si Göbekli Tepe occupe une place particulière par son architecture monumentale désormais célèbre et parce qu’il a été fouillé en premier, dès 1994, par l’archéologue allemand Klaus Schmidt, de nombreux sites de la même époque sont aujourd’hui recensés dans la région (dont Karahan Tepe, Sayburç, Çakmak Tepe, Harbetsuvan, Gürcü Tepe, Sefer Tepe et Yenimahalle), notamment grâce aux résultats du projet de recherche Tas Tepeler (« collines de pierre ») lancé en 2021 par le ministère turc de la Culture et du Tourisme en coopération avec 33 organisations internationales et sous la direction du professeur Necmi Karul, directeur des fouilles de Göbekli Tepe et de Karahan Tepe. Ces établissements néolithiques font toutefois encore l’objet de nombreux débats parmi les chercheurs, les résultats des investigations étant d’une importance cruciale pour comprendre cette humanité, sa vie quotidienne et ses rituels.

« Göbeklitepe : L’enigma di un luogo sacro », jusqu’au 2 mars au Colisée de Rome, Parc archéologique du Colisée, Piazza Santa Maria Nova 53, 00186 Rome. https://colosseo.it/evento/gobeklitepe/