Le média en ligne des Éditions Faton

La Ville rose à la lumière de l’archéologie (5/5). Toulouse, d’un métro à l’autre

Tour de l’enceinte découverte au niveau de la station Capitole.

Tour de l’enceinte découverte au niveau de la station Capitole. © R. de Filippo, Afan

Occupée dès le Ve millénaire avant notre ère, la région toulousaine n’a, depuis, cessé de voir les cultures et les civilisations se succéder. Depuis les années 2000, les connaissances sur la Ville rose ont grandement progressé grâce aux fouilles préventives menées dans le cadre des aménagements urbains. Voici un premier bilan de ces riches recherches qui soulignent la singularité des évolutions et les perpétuelles métamorphoses d’une cité qui trace son propre destin.

Les auteurs de ce dossier sont : Laure Barthet, coordinatrice scientifique de ce dossier et conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Saint-Raymond ; Christophe Calmés, responsable d’opérations archéologiques, médiéviste, Cellule Archéologie Toulouse Métropole (CATM) ; Pascal Capus, chargé des collections de sculptures romaines au musée Saint-Raymond ; Philippe Gardes, Inrap, TRACES UMR 5608 ; Christelle Molinié, chargée des ressources documentaires au musée Saint-Raymond ; Julien Ollivier, SRA Occitanie, TRACES UMR 5608 ; Justine Robert, HADÈS Archéologie, membre associée TRACES UMR 5608 ; Maïténa Sohn, Cellule Archéologie Toulouse Métropole, TRACES UMR 5608

Les fouilles archéologiques du métro toulousain.

Les fouilles archéologiques du métro toulousain. Données Patriarche et Tisséo, fond de carte Google Satellite

La construction des trois lignes du métro toulousain a représenté une opportunité unique pour documenter le sous-sol de la ville et de sa proche périphérie.

Les premières rames du métro toulousain commencent à circuler au mois de juin 1993 et l’ouverture de la troisième ligne est prévue pour 2028.

Des archéologues sous le métro

Entre-temps, les acteurs et la réglementation concernant l’étude des sites menacés par les travaux d’aménagement ont évolué. Lorsque le tracé de la ligne A est définitivement établi en 1986, la « loi » Carcopino de 1941 constitue le cadre législatif pour l’ensemble des fouilles, alors prises en charge par l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales). Deux opérations sont conduites en 1990‑1991. La loi de 2001, dont l’adoption coïncide peu ou prou avec les travaux de la ligne B du métro, définit de nouvelles règles de financement et crée l’Inrap. Huit investigations sont ainsi menées de 2001 à 2004. Concernant la ligne C, ce sont les agents de la Cellule Archéologie de Toulouse Métropole (CATM) qui effectuent l’ensemble des diagnostics, les fouilles étant confiées à l’Inrap pour s’achever en 2026.

Des fouilles conditionnées par le tracé des lignes

Le tracé des trois lignes du métro toulousain a conditionné la nature des sites étudiés. Si la ligne A traverse le centre ancien, les lignes B et C le contournent. De fait, et à l’exception des fouilles des stations Esquirol et Carmes qui ont livré d’importantes données sur l’urbanisme de la ville antique (portique du forum, voirie), les résultats des différentes opérations ont surtout concerné l’occupation de la périphérie. ​​​​​La construction de la ligne B a permis ainsi de mener trois interventions dans le quartier Saint-Roch (au sud de la ville), qui accueillait, au cours du IIe siècle avant notre ère, une vaste agglomération ouverte créée à l’époque romaine. Quant aux limites de Tolosa, créée quelques décennies plus tard, elles sont définies par une enceinte dont le tracé a, en grande partie, été repris par les boulevards actuels. Une tour a été mise au jour au niveau de la station Capitole et une portion de courtine à l’emplacement du puits Aubuisson. Au XIIIe siècle, les défenses sont renforcées par deux fossés, apparus lors des fouilles de la station François-Verdier (lignes B et C). Intra-muros, l’opération du puits Salin a mis au jour une partie du retranchement aménagé en 1216 par Simon de Montfort autour du château Narbonnais.

Des aires funéraires le long des voies d’accès

Au cours de l’époque romaine, la périphérie urbaine est investie par des aires funéraires qui se développent le long des principales voies d’accès : elles ont par exemple été étudiées lors des fouilles de la station François-Verdier, ou à l’occasion du creusement de la station Palais de Justice – qui a révélé une série d’inhumations de la fin de l’Antiquité longeant la voie de Narbonne. Si le secteur de François-Verdier conserve sa fonction funéraire au haut Moyen Âge, celui du palais de Justice ne la connaît qu’à partir du XIIe siècle, avec le cimetière Saint-Michel.

Sépultures de la station Palais de Justice.

Sépultures de la station Palais de Justice. © J. Hernandez, Inrap

Pour aller plus loin
BRIAND J. et LOTTI P. (dir.), 2023, La Bastide Pons-de-Prinhac. Un lotissement périurbain de Toulouse au XVIe siècle, CNRS Éditions, Inrap.
BARTHET L. et MACÉ L. (dir.), 2024, Cathares. Toulouse dans la croisade, Toulouse, Musée Saint-Raymond et In Fine éditions.
CATALO J., CAZES Q. (dir.), 2010, Toulouse au Moyen Âge. 1000 ans d’histoire urbaine (400‑1480), Portet-sur-Garonne, Loubatières.
Métropolis. Transport souterrain et archéologie urbaine à Toulouse – 1990-2007, catalogue de l’exposition présentée du 2 juillet 2007 au 2 mars 2008 au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Tisséo-SMTC, 2007.
PAILLER J.-M. (dir.), 2002, Tolosa. Nouvelles recherches sur Toulouse et son territoire dans l’Antiquité, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome », 281.

Sommaire

La Ville rose à la lumière de l’archéologie

5/5. Toulouse, d’un métro à l’autre