L’Âge du bronze en lumière au musée d’Archéologie nationale

Dépôt d’Evans (Jura), 1000-900 av. J.-C. Bronze. © Musée de Lons-le-Saunier, David Vuillermoz
Le musée d’Archéologie nationale (MAN), en collaboration avec l’Inrap et l’Association pour la promotion des recherches sur l’Âge du bronze (Aprab), propose de plonger au cœur du premier âge des métaux (2300-800 avant notre ère). Une période fondatrice, où l’invention de l’alliage révolutionnaire du cuivre et de l’étain a accompagné de nombreuses mutations des sociétés.
« Entre la Préhistoire et les Gaulois, bien connus du grand public, la période de l’Âge du bronze, en France, est longtemps restée dans l’ombre », rappelle Rolande Simon-Millot, conservatrice des collections du Néolithique et de l’Âge du bronze au MAN, et l’une des quatre commissaires scientifiques.
Un premier âge d’or européen
On disposait surtout des beaux objets issus des sépultures, mais on ignorait les sites d’habitat ; la reconnaissance difficile de l’existence d’un tel âge sur le territoire national, jusqu’à ce qu’elle s’impose finalement en 1875, a aussi constitué un frein. » Cent cinquante ans après cette date-clef, l’exposition se propose de faire le point sur l’état des connaissances et leur profond renouvellement grâce à l’archéologie préventive mise en place au début des années 2000. Ce sont aujourd’hui plus de 5 000 sites de la période qui ont été identifiés et permettent de mieux appréhender ce qui a constitué un premier âge d’or européen, marqué par une mise en réseaux inédite, de nouvelles hiérarchies sociales ou encore l’émergence de la guerre – « autant d’éléments fondateurs de nos sociétés modernes », commente Dominique Garcia, président de l’Inrap.
Pendeloque en bronze en forme de peigne. Dôle (Jura) ? Vers 900-800 avant notre ère. © MAN, Valorie Gô
Produire, échanger, imaginer, habiter
Pour plonger dans cette période de 1 500 ans, le parcours aborde successivement la production métallurgique elle-même, puis les échanges terrestres, fluviaux et maritimes, qui font circuler non seulement les produits, mais aussi les hommes et les idées ; vient ensuite l’imaginaire, accessible, faute d’écriture, à travers la seule culture matérielle ; enfin, la façon dont ces sociétés ont habité le monde – de l’habitat proprement dit à l’empreinte laissée sur le territoire (chemins, fossés) comme aux rites et aux croyances. Au nombre des pièces présentées ici, se trouvent notamment des outils en série, comme les lames de haches du dépôt de Bény-sur-Mer ou des pièces uniques comme l’épée de Pont-sur-Seine, le torque de Guînes pour illustrer le travail de l’or, le vaste ensemble de vaisselle en bronze du dépôt d’Évans et la dalle gravée de Saint-Bélec, carte topographique remployée au sein d’un tumulus. Côté restitutions, le visiteur peut admirer une réplique à échelle ½ du bateau de Douvres, navire cousu du Bronze moyen découvert en 1992, ou encore découvrir une maison de la fin du IIe ou du début du Ier millénaire avant notre ère, issue des recherches sur les sites palafittes du lac du Bourget.
Épave de Zambratija (Croatie)de l’Âge du bronze. © Philippe Groscaux, CNRS
Prolongation hors les murs
Débutée dans la forge des bronziers, l’exposition revient au feu pour clore le parcours avec l’évocation d’un bûcher funéraire, et se prolonge aussi hors les murs : blés hauts anciens et espèces sauvages couramment utilisées à cette période ont été spécifiquement plantés pour l’occasion. Enfin, un accrochage de clichés de fouilles de l’Inrap ces vingt dernières années permet de pénétrer encore un peu plus au cœur des sites et des paysages de cet âge doré.
« Les Maîtres du feu. L’âge du Bronze en France, 2300-800 av. J.-C. », du 13 juin 2025 au 9 mars 2026 au musée d’Archéologie nationale – Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye, Château-place Charles de Gaulle, 78100 Saint-Germain-en-Laye. Tél. 01 39 10 13 00. www.musee-archeologienationale.fr
Catalogue, éditions Faton, 192 p., 28 €