Le mot du mois d’Anne Lehoërff : « bronze »

Détail de l’une des cuirasses de l’Âge du bronze final de Fillinges(Haute‑Savoie). Vue au revers du décor de bossettes et de pointillé ainsi qu’une réparation. Musée d’art et d’histoire de Genève. © A. Lehoërff
C’est un matériau, une époque, et même un temps historique depuis que le premier directeur du musée de Copenhague, en 1836, en fit un âge. Un Âge du bronze.
À dire vrai, le mot devrait s’accorder au pluriel. Des bronzes. Des bronzes qui se prêtent à mille facéties, astuces et possibles en fonction des mélanges, de la façon de travailler la matière, de l’état final de la pièce, des usages ou du savoir-faire de l’artisan.
Une famille nombreuse
Les bronzes, c’est une famille nombreuse qui décline des alliages de cuivre, d’étain et éventuellement d’autres métaux, sans qu’aucun standard n’existe par époque ou date. Ici, ce sont d’autres règles qui s’imposent, techniques, économiques, culturelles.
Voyages au long cours et domination masculine
L’humanité peut vivre sans bronze et bien des sociétés l’ont démontré à travers le monde. Pourtant, Homo sapiens ont un jour choisi de jouer avec ces cailloux qui peuvent devenir liquides sous l’action de la chaleur et se transformer ainsi en objets qui brillent, résistent, coupent, se recyclent et conduisent même la chaleur et l’électricité. En Europe, c’est avec l’Âge qui porte son nom qu’il se développe, prend sa place dans la vie des populations, devient une raison de voyages au long cours, renforce les inégalités entre les individus et sert la domination masculine depuis la fin du IIIe millénaire avant notre ère. L’archéologie ne saurait donc se passer de son étude. Les « bronziers » le placent au cœur de leurs travaux érudits. Et les archéométallurgistes, l’œil rivé au microscope, s’émerveillent de sa beauté et de ses possibilités infinies. Autant de bonnes raisons de le fêter lors de multiples événements !