Le mot du mois d’Anne Lehoërff : « IA »

Des papyrus de Pompéi ont été déchiffrés grâce à l’intelligence artificielle. © Vesuvius challenge
Les deux lettres ont envahi les débats, l’espace public, les cours d’école et les universités. Elle fascine et effraye. Certains pensent qu’elle va « tout » régler et d’autre que c’est un désastre sans nom. En ce temps de rentrée des classes, quelle place se dessine pour l’IA en archéologie ?
En septembre 2013, deux chercheurs d’Oxford osaient la provocation et s’interrogeaient sur les emplois susceptibles – ou non – de résister aux mutations technologiques à venir. L’archéologie tirait alors plutôt bien son épingle du jeu. Voilà un domaine où l’intelligence artificielle ne pourra pas (totalement) se substituer aux humains.
Déchiffrement, rapprochement, confrontation
Sur le chantier de fouilles, l’archéologue garde le contrôle de l’action comme de la réflexion. Une fois les données collectées, là encore, les études classiques ou en laboratoire sont inenvisageables sans son expertise. Mais l’IA peut aussi être de la partie, en particulier pour le déchiffrement, le rapprochement et la confrontation de données écrites, chiffrées, stylistiques, de datations, etc. Là, les algorithmes de l’IA vont sans doute chercher loin et vite ce qu’un cerveau isolé ne peut totalement régler. De même, dans les reconstitutions, l’IA offre d’incontestables atouts.

Papyrus de Pompéi déchiffré par l’IA. Le mot grec πορφύραc, qui signifie « pourpre », fait partie des caractères déterminés. © Vesuvius challenge
Une IA archéo-compatible
Il y a donc de l’IA archéo-compatible. À quelques conditions près : travailler avec des informations scientifiques et avoir conscience qu’elle se nourrit de ce qu’on lui donne, qu’il s’agisse des questions comme des réponses ; utiliser à bon escient cette IA dévoreuse d’énergie ; et ne pas oublier, depuis les bancs de l’université, que ce n’est pas ainsi que s’apprend la recherche ou que s’écrit un master !





