Le mot du mois d’Anne Lehoërff : « musée »

Great Hall du British Museum à Londres. © DR
La racine grecque est jolie. C’est un lieu où les Muses sont reines. L’un des pères de la muséographie, Georges-Henri Rivière, lui consacra sa vie et en donna une définition qui s’achevait sur ce mot si élégant, « délectation ».
L’organisme qui lui est dévoué, l’ICOM, en compte plus de 100 000 dans le monde, d’une grande diversité. Héritier des cabinets de curiosités, il est un écrin pour l’archéologie. Mais laquelle et comment ? Sur les quelque 500 « Musées de France », nul label officiel pour ce domaine particulier.
Que peut-on montrer de l’archéologie ?
L’archéologie s’y glisse avec plus ou moins de bonheur. Dans les établissements polyvalents, elle atterrit le plus souvent en sous-sol, là où les visiteurs ne vont pas toujours… Certains musées lui accordent plus de place et d’honneurs. Et partout, on s’interroge. Que peut-on montrer de l’archéologie ? Avec quelle muséographie, pour quel récit ? L’archéologie d’aujourd’hui ne s’interdit rien, faite de traces infimes et pour certaines peu esthétiques. Pourtant, elle est légitime au musée, mais pas comme une mise en scène ultime et figée qui viendra clore une chaîne opératoire scientifique, et encore moins pour n’en présenter que le beau, « l’art ».
Donner à voir et partager
Restes humains, écologie, nouveaux enjeux sociétaux. Le musée se réinvente. L’archéologie aussi. L’un ne saurait exister sans l’autre et c’est ensemble qu’ils doivent affronter ces nouveaux défis pour donner à voir et partager, avec les publics, les résultats de la science. De manière responsable, réflexive, audacieuse et libre. Sans oublier de savourer le délicat plaisir d’une pérégrination savante.