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Les riches heures du site castral de Château-Larcher dans la Vienne

Vue aérienne du site de Château-Larcher.

Vue aérienne du site de Château-Larcher. © Alain Gervais

Depuis 2023, le site castral de Château-Larcher, situé non loin de Poitiers, fait l’objet de fouilles. Elles visent à mieux comprendre l’histoire de ce site, notamment le contexte de sa construction. Si des sondages ont été menés dès les années 1970/1980, les récentes découvertes apportent de nouvelles données historiques sur ce château dominant, depuis le Xe siècle, la vallée de la Clouère.

Implanté sur un haut promontoire rocheux, le château est construit sur un plateau calcaire et surplombe d’une dizaine de mètres le village établi au cœur du méandre de la Clouère.

Une implantation élitaire précoce

Une enceinte flanquée de tours semi-circulaires et un premier châtelet d’entrée, seul moyen d’accès, en assurent la protection. Le plateau est divisé en deux ensembles, une basse et une haute-cour séparées par une douve sèche. À l’extrémité sud, l’église paroissiale, fondée au IXe siècle, est défendue par une tour circulaire massive percée d’archères. Au nord, la haute-cour occupe une surface assez restreinte de 600 m2 où se déroulent les investigations archéologiques. Elle est accessible en franchissant un pont dormant et un deuxième châtelet d’entrée à deux tours en grande partie démolies. Les vestiges encore en élévation de ce réduit castral remontent aux XIIIe et XVe siècles ; ils comprennent une tour pentagonale massive au nord, adjointe d’une épaisse courtine à l’est et à l’ouest flanquée de tours semi-circulaires, et une vaste salle rectangulaire enterrée (ayant certainement servi de cave). Les fouilles ont permis de révéler des structures maçonnées antérieures au XIIIe siècle. Les sources textuelles évoquent bien la présence d’une noblesse locale habitant le castrum dès le IXe siècle. Elle cède la place au début de l’an mil aux vicomtes de Châtellerault, nouveaux propriétaires du château par liens matrimoniaux. L’édifice intègre alors un réseau de territoires dominés par cette puissante famille poitevine. La fortification du site a en partie été identifiée, matérialisée par une première enceinte construite sur le flanc oriental précédant celle encore en élévation du XIIIe siècle. Un premier porche d’entrée, antérieur au châtelet, a également été mis au jour.

Haute-cour du château.

Haute-cour du château. © Anne-Pascale Vigot

De la résidence aristocratique à l’abandon du site

À la fin du XIIe siècle, le château devient une possession des Lusignan, l’une des plus illustres familles du Poitou. La fortification du plateau est alors marquée par la construction de la « tour à éperon » et d’une enceinte flanquée de tours semi-circulaires. Une grande salle (ou aula) appartient aussi à cette époque. Ces aménagements répondent au besoin des Lusignan d’asseoir une autorité indépendante face au pouvoir ducal. Toutefois leur influence décline à la fin du XIIIe siècle et le château passe entre les mains de différents seigneurs, chevaliers et prévôts entre le XIVe et le XVe siècle. Il connaît alors des périodes de destruction et de reconstruction au cœur de conflits qui opposent certains seigneurs du château et le roi de France. Au XVIe siècle, il devient la résidence de la famille aristocratique des Rochechouart-Morthemart. Un dénombrement de 1558 détaille l’existence de cuisines, de chambres, de « tourettes » et de salles basses. Une cheminée et des latrines sont aussi présentes au deuxième étage d’une tour conservée sur environ 17 m de hauteur. Malgré ces éléments de confort, le château est cédé à des fermiers en 1646 dans des conditions d’acquisition qui demeurent inconnues. La famille Saint-Georges de Vérac rachète les lieux en 1731 et les confie à des intendants. Le château finit par tomber en ruine à la fin du XVIIIe siècle avant d’être vendu comme bien national.