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Les vestiges d’une statue équestre de la Renaissance refont surface à Toul

Les fragments de la statue équestre de la Renaissance retrouvés à Toul par les archéologues de l’INRAP permettent de proposer cette hypothèse de reconstitution du cheval.

Les fragments de la statue équestre de la Renaissance retrouvés à Toul par les archéologues de l’INRAP permettent de proposer cette hypothèse de reconstitution du cheval. © INRAP

L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) a mené un chantier d’un an dans le centre-ville de Toul, en Meurthe-et-Moselle, de mai 2024 à mai 2025. Parmi les découvertes notables figure la mise au jour de fragments d’une statue équestre de la Renaissance, qui témoignent de la diffusion en Lorraine de modèles italiens.

Au Moyen Âge fut édifiée à Toul une enceinte remplaçant celle qui protégeait la ville depuis l’époque gallo-romaine. La porte, située au nord de la ville, était nommée Portae platae, « La Place ». Lorsqu’il fut décidé que Vauban élèverait de nouvelles fortifications, en 1700, l’enceinte médiévale et ses portes furent détruites. Au cours du chantier qui vient de s’achever au centre-ville, les archéologues de l’INRAP ont retrouvé des vestiges de la partie centrale de cette porte nord et, à côté, ceux d’une statue en ronde-bosse.

Vingt-sept fragments exhumés

Les fragments mis au jour ont été retrouvés dans une fosse creusée devant les vestiges de la Portae platae, du côté de la ville. Ce sont ceux d’une grande statue en ronde-bosse « visiblement d’époque Renaissance », selon les mots de l’INRAP. Si l’œuvre est très lacunaire, le cheval est cependant en grande partie conservé : demeurent l’intégralité du corps, le haut des pattes et l’encolure en un seul grand fragment, qui comporte aussi le bassin et le haut des cuisses du cavalier, ainsi que son tapis de selle. La tête de l’animal constitue un autre fragment relativement bien préservé. En tout, vingt-sept morceaux ont refait surface, dont le buste du cavalier.

Le principal fragment retrouvé, le corps du cheval, mesure plus d’1,10 m de long et de haut, et pèse plus de 500 kg : les dimensions de la statue équestre entière étaient donc conséquentes.

Le principal fragment retrouvé, le corps du cheval, mesure plus d’1,10 m de long et de haut, et pèse plus de 500 kg : les dimensions de la statue équestre entière étaient donc conséquentes. © INRAP

Un mystérieux cavalier

Taillée dans un calcaire blanc, la sculpture devait mesurer environ 1,60 mètre de hauteur et autant de longueur : une taille conséquente, pour une œuvre qui devait être exposée aux yeux de tous. L’emplacement de sa découverte laisse supposer qu’elle ornait la porte médiévale détruite. Mais qui cette statue équestre représentait-elle ? Et qui en était le commanditaire ? L’absence du corps et du visage du cavalier empêche de l’identifier et aucune inscription ni archive n’a été retrouvée. Le cardinal Jean III de Lorraine, évêque de Toul, voire le roi de France Henri II, qui a souhaité consolider les fortifications de la ville, figurent parmi les commanditaires possibles.

Outre le corps, la tête du cheval de la statue équestre a refait surface.

Outre le corps, la tête du cheval de la statue équestre a refait surface. © INRAP

Un modèle antique

Le modèle est à l’évidence antique, le buste du cavalier étant vêtu d’une tunique et d’un manteau drapé à la romaine. La statue témoigne, à n’en pas douter, des échanges artistiques qui se multiplièrent, à la Renaissance, entre la Lorraine et l’Italie, comme le note l’INRAP : « Les artistes italiens attirés en France et en Lorraine pour des commandes élitaires y ont importé [d]es modèles dessinés, inspirés d’œuvres majeures antiques, telle la statue équestre de Marc Aurèle du Capitole romain, ou encore celle, moins connue, du Regisole de Padoue. » L’analyse stylistique des vingt-sept fragments et leur remontage, en cours, permettront d’éclairer l’histoire de cette œuvre sortie de terre.​​​​​​

Le buste du cavalier est l’un des vingt-sept fragments de la statue équestre retrouvés dans une fosse, à proximité des vestiges de la porte médiévale.

Le buste du cavalier est l’un des vingt-sept fragments de la statue équestre retrouvés dans une fosse, à proximité des vestiges de la porte médiévale. © INRAP