Lumière sur le Campaniforme à Carnac

Céramiques campaniformes. © N. Le Rest
Dans le cadre des événements liés aux 150 ans de l’identification de l’Âge du bronze en France, le musée de Préhistoire de Carnac met en lumière une période méconnue, le Campaniforme, à la transition des époques. Pour la première fois est présentée au public l’actualité des recherches en cours sur ces siècles qui virent l’apparition de la métallurgie et une transformation profonde des sociétés.
Occultés par les mégalithes du Néolithique et par les tumulus princiers du début de l’Âge du bronze, les six cents ans qui séparent ces imposants monuments ont longtemps été négligés. Ils marquent pourtant le passage vers les Âges des métaux qui entraîna une profonde transformation des sociétés d’agriculteurs grâce à la métallurgie. Cette période doit son appellation de « campaniforme » au type particulier de céramiques en forme de cloches ou de calices qui se propage dans toute l’Europe à partir du milieu du IIIe millénaire avant notre ère. Ces vestiges, trouvés dans des dépôts funéraires (dolmen, allée couverte, tumulus, sépulture en fosse isolée…) ou des sites d’habitats, étaient accompagnés de parures, d’éléments d’archerie et des plus anciens objets métalliques connus.

Pointes de flèches du tumulus de Kernonen. © N. Le Rest
Découvertes récentes et réinterprétation de vestiges anciens
Le musée de Préhistoire de Carnac expose ainsi pour la première fois les découvertes faites lors de campagnes de fouilles, programmées ou préventives, menées ces dernières années, qui ont considérablement permis de faire progresser la recherche sur cette période située entre 2550 et 1950 avant notre ère. Elles ont aussi abouti à une réinterprétation de vestiges mis au jour lors d’opérations antérieures, remontant parfois au XIXe siècle. Les céramiques de Beg er Vil (près de Quiberon), longtemps datées de l’Âge du fer, ont ainsi été réattribuées au Campaniforme.
Des gobelets à pâte rouge
Rassemblant des ensembles dispersés dans différentes institutions (musée d’Archéologie nationale, musée Dobrée à Nantes, musée de Vannes ou dans des dépôts de fouilles de l’Inrap et des services régionaux de l’archéologie de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire), le parcours met à l’honneur les poteries sorties de terre en quantité exceptionnelle dès les années 1820 près de nombreux dolmens autour de Carnac par des membres de la Société polymathique du Morbihan, puis par James Miln et Zacharie Le Rouzic, à l’origine du musée de la Préhistoire. Ces gobelets à pâte rouge se distinguent par leurs ornements constitués de motifs géométriques, de lignes imprimées au moyen de cordelettes et de bandes hachurées réalisées grâce à des coquillages…

Vue de l’exposition. © N. Le Rest
Une culture européenne
Les céramiques étaient souvent accompagnées de parures en or, de poignards en cuivre et de pointes de flèches. À travers ces objets expliqués au fil de panneaux didactiques, la visite offre la vision la plus complète possible de toutes les composantes de ces sociétés et de leurs modes de vie. Elle souligne également l’importance des échanges terrestres et maritimes à travers l’Europe, notamment grâce à la similitude entre les coupes polypodes retrouvées à Beg er Vil près de Quiberon et à Neratovice en République tchèque, ou entre des parures en or mises au jour en Grande-Bretagne ou en Espagne…
« Peuple de la mer ? Le Campaniforme en Bretagne et au-delà », jusqu’au 30 novembre 2025 au musée de Préhistoire, place Christian Bonnet, 56340 Carnac. Tél. 02 97 52 22 04 et museedecarnac.com
Catalogue, éditions Société polymathique du Morbihan, 132 p., 25 €





