Lumière sur les collections archéologiques de Châlons-en-Champagne

Collections archéologiques du musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Châlons-en-Champagne. © Musées de Châlons-en-Champagne, Gauthier Himber
Reléguées en réserve depuis une vingtaine d’années, les collections archéologiques du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Châlons-en-Champagne sont remises à l’honneur. Pour une exposition temporaire ou pour une plus longue durée ?
Des trouvailles faites au début du XIXe siècle sur le site de l’oppidum de La Cheppe (dit le « Camp d’Attila ») aux derniers legs reçus par le musée, cette nouvelle exposition retrace la constitution progressive des collections archéologiques de l’institution.
Donateurs et grandes figures mis en lumière
Et c’est une véritable mise en lumière pour ce fonds, qui n’était plus présenté au public depuis 2004. Au-delà de la redécouverte des chefs-d’œuvre conservés en réserve depuis une vingtaine d’années, l’intérêt de l’événement réside aussi dans la présentation des donateurs et des grandes figures champenoises. Conçue comme une plongée au cœur des pratiques archéologiques, elle examine ainsi la diversité des modes d’enrichissement, de préservation et d’exposition de ces pièces phares, mais également l’évolution de la discipline au fil du temps.
Attrait esthétique puis scientifique
Rapportées de Pondichéry par Pierre-Eugène Lamairesse au XIXe siècle, les statues de divinités indiennes qui ouvrent le parcours sont emblématiques de l’intérêt d’amateurs passionnés pour des œuvres spectaculaires qu’ils rassemblent avant de les offrir au musée. Cet attrait, avant tout esthétique, pour des pièces souvent détachées de leur contexte cède progressivement la place à une approche plus scientifique. Le vase-tonnelet trouvé par Claude Hubert sur le site funéraire de « La Tome », aux alentours de l’oppidum de La Cheppe, témoigne du développement de la curiosité pour l’histoire locale, et en particulier pour la période gauloise, renforcé par les fouilles organisées par Napoléon III sur le « Camp d’Attila » dès 1857. Parmi les principaux collectionneurs du XIXe siècle figure Léon Morel, qui finance de nombreuses campagnes de fouilles tout en publiant ses découvertes dans La Champagne souterraine.
L’une des plus importantes collections de France
Au début du XXe siècle, la collection d’archéologie celte du musée de Châlons s’enrichit grâce à des donations exceptionnelles, jusqu’à constituer l’une des plus importantes en France. Émile Schmit (1850-1930), pharmacien devenu conservateur adjoint du musée, lègue plus de 2 500 objets comme des parures mises au jour dans les hypogées néolithiques. Les volumes de notes, croquis et carnets de fouilles qui documentent chaque découverte prouvent l’importance du travail de recherche, de collecte, d’acquisition dès cette époque, mais aussi de valorisation au sein du musée avec la création de vitrines spécifiques. La dernière partie de l’exposition revient sur les grandes opérations menées dans la seconde moitié du XXe siècle, comme celle du cloître de Notre-Dame-en-Vaux, du quartier de la rue Saint-Dominique ou encore de l’église Saint-Léger de la Melette qui a livré un cimetière mérovingien. Elles marquent les débuts de l’archéologie en milieu urbain, démontrant sa nécessité dans la compréhension des dynamiques spécifiques aux villes au cours de toutes les périodes historiques, et pas seulement pour l’Antiquité.
« Refaire surface, collections archéologiques des musées de Châlons-en-Champagne », jusqu’au 7 avril au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Place Godart, 51000 Châlons‑en-Champagne. Tél. 03 26 69 38 53 et https://musees.chalonsenchampagne.fr/