Mai 2025 : les livres à ne pas manquer pour les amateurs d’archéologie

De l’origine des Étrusques au mystérieux sarcophage de Michel de Montaigne en passant par les peintures et gravures rupestres de l’Ahaggar en Algérie, découvrez notre sélection de livres du mois.
Mystérieux cercueil de « Michel de Montaigne »
Un cercueil en bois, découvert en 2018, recelant un sarcophage plombé contenant des restes humains, inscrit au nom de « Michel de Montaigne », est-il celui du grand homme de lettres du XVIe siècle ? Cette question est le point de départ d’une passionnante investigation scientifique, menée entre 2018 et 2020, par une équipe réunissant une vingtaine de chercheurs issus de disciplines diverses : archéologie du bâti, histoire, archéobotanique, archéogénétique… Toutes offrent des résultats qui, après avoir fait l’objet d’une journée d’étude à Bordeaux en 2022, sont ici publiés afin de lever une partie du voile recouvrant de son mystère cette énigme. S’ils ne permettent pas aux enquêteurs de formuler une réponse sans appel quant à l’identité réelle du défunt, ils autorisent en revanche la présentation d’un faisceau d’indices concordants, semblant indiquer qu’il s’agirait bien de la dépouille mortelle de l’auteur des Essais, s’appuyant sur de nombreux documents ici reproduits (vues microscopiques, analyses textiles, études anatomiques…). R. B.-R.
Le dernier voyage de Michel de Montaigne ? Enquête interdisciplinaire autour de son tombeau présumé au musée d’Aquitaine, 2024, Hélène Réveillas (dir.), Bordeaux, Ausonius, 223 p., 30 €
Vix en héritage
Elle était attendue, voici la synthèse de fouilles menées dans les années 2010 sur le site de Vix. Réunissant vingt auteurs, elle fait suite à celle publiée en 2011 présentant les recherches conduites entre 2002 et 2008. Lancées dans le cadre du PCR (Programme collectif de recherche) international, établi en 2001, ces dernières avaient pour but de mieux appréhender l’habitat de hauteur du mont Lassois, son ampleur princière, son système de fortifications prestigieux, son extension intra-muros (notamment aux lieux-dits Le Breuil et La Navette), son lien avec la nécropole des Tillies, son quartier artisanal (au lieu-dit Les Renards), sans doute l’un des poumons économiques du complexe, ou encore son paléoenvironnement. Un bilan inégalé qui souligne l’organisation et la hiérarchisation féroce de cette société, probablement l’une des plus importantes principautés celtiques de la fin du premier Âge du fer. É. F.
La principauté celtique du mont Lassois à Vix, Fouilles 2011-2017, 2024, Bruno Chaume (dir.), Bordeaux, Ausonius, Mémoires 64, 666 p., 60 €
Art de l’Ahaggar
Voilà plusieurs milliers d’années que les peintures et les gravures rupestres de la Téfedest ornent le paysage de l’Ahaggar (ou Hoggar), en Algérie. Les populations locales connaissent bien ces « bœufs de pierre qui nous racontent et les Tifingah qui les disent ». Leur collaboration attentionnée et participative sera précieuse dès les premières missions sur le terrain à partir de 1935. Ainsi, c’est presque un siècle de recherches dont cet ouvrage fait la synthèse avec force illustrations de qualité, photos mais aussi dessins de relevés et documents d’analyse. Au-delà de la beauté des œuvres, dont l’esthétique ne laisse pas indifférent, c’est une réflexion de fond qui est élaborée, croisant les données pour tenter de saisir leur portée sociale et culturelle. Fruit d’une étroite coopération algéro-française, marquée dès la couverture où le titre est décliné en français, algérien et tifingah, cet ouvrage constitue une référence du point de vue scientifique et historique. Avec cet inventaire raisonné qui rassemble une masse d’informations sans précédent, les auteurs, Michel Barbaza et Slimane Hachi, espèrent sensibiliser à la richesse archéologique dont témoignent ces vestiges à l’origine du Parc national de l’Ahaggar, désormais sous la protection de la communauté oasienne de Mertoutek. P. B.
Préhistoire de l’Ahaggar (Algérie). L’art rupestre de la Téfedest, 2025, Michel Barbaza et Slimane Hachi, co-éditions Toulouse, Presses Universitaires du Midi, Alger, Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, 584 p., 45 €
Restituer l’Antiquité
Rome, Persépolis, Lutèce… les cités antiques comme vous ne les avez jamais vues ! La sixième réédition de L’Antiquité retrouvée, augmentée de seize pages détaillant des sites nubiens, Ithaque, l’île natale d’Ulysse, ou encore des vestiges d’Ostie et de Pompéi, saura plaire aux amateurs comme aux experts : si les premiers seront conquis par la splendeur des illustrations, les seconds ne manqueront pas de remarquer le détail des notices explicatives analysant les techniques de construction, la résistance du bâti à l’épreuve du temps et l’usage des matériaux. Cet ouvrage très agréable à lire, conçu par l’un des premiers spécialistes de la restitution par l’image, Jean-Claude Golvin, architecte DPLG et directeur de recherche au CNRS, et l’égyptologue Aude Gros de Beler, nous fait découvrir certains lieux archéologiques les plus emblématiques des civilisations antiques. Ces 155 « images de synthèse » au dessin précis permettent au lecteur d’apprécier aussi bien les réalisations les plus spectaculaires des grands peuples du passé que les types de construction plus habituelles de l’urbanisme de villes millénaires, comme s’il y était. R. B.‑R.
L’Antiquité retrouvée, 2025, Jean-Claude Golvin et Aude Gros de Beler, 6e édition revue, corrigée et augmentée, Arles, Actes Sud, 288 p., 36 €
Les Étrusques, retour aux origines
Comparatiste spécialisé dans l’étude des civilisation indo-européennes, Bernard Sergent signe ici un ouvrage riche et documenté, consacré à l’épineuse question de l’origine des Étrusques. Qualifié par son auteur d’« œuvre historique salvatrice », il ambitionne de combattre clichés et lieux communs concernant ce peuple présent en Toscane entre le IXe et le Ier siècle avant notre ère. Ce livre apporte des éclairages en vue de rétablir certains faits : il insiste sur les liens, affirmés dans les sources grecques, entre Étrusques et Tyrsènes ou Tyrrhéniens, qui ont donné leur nom à cette portion de la Méditerranée entre la Sardaigne, la Corse et la Sicile. Mais que sait-on vraiment à leur propos, une fois rappelées les mentions d’Hérodote et de Denys d’Halicarnasse, qui s’opposent quant à leur origine égéenne ? L’auteur réunit tout un faisceau d’éléments linguistiques, onomastiques, mythologiques et culturels, principalement issus de la littérature grecque antique, en faveur d’une hypothèse orientale, anatolienne et même mésopotamienne des Tyrrhéniens et des Étrusques. R. B.-R.
L’aube des Étrusques, 2025, Bernard Sergent, Paris, Les Belles Lettres, 502 p., 35 €
Pompéi en bulles
Fort bien garni, le rayon de bandes dessinées s’enrichit d’une nouvelle série dont l’intrigue se passe à Pompéi avant l’éruption de 79. Chaque tome suit un personnage : ce premier débute en Gaule avec la jeune et belle Gauloise Assa qui est enlevée lors d’un raid romain puis vendue comme esclave à un riche patricien de Pompéi. Mais la situation se complique quand le fils de la maison tombe amoureux d’elle et annonce un prochain mariage. Cette mésalliance ne plaît pas au père qui décide de la vendre à un lupanar pour la faire disparaître à jamais. Sur cette intrigue cousue de fil blanc se greffe une histoire de vengeance tendant habilement l’intrigue : Assa parviendra-t-elle à ses fins, alors que le volcan donne des dignes inquiétants de réveil ? L’intérêt de cet album réside aussi dans la rigueur de la reconstitution. Les trois auteurs ont déjà œuvré ensemble sur d’autres séries historiques et se sont faits remarquer par la qualité des détails captivants. Le lecteur découvre une bonne histoire et en apprend beaucoup sur les décors, les costumes, les rapports sociaux ou la violence qui baigne le monde antique. Un solide dossier historique de Fabienne Pigière, archéologue et historienne de l’art, conclut ce volume d’une série originale et prometteuse sur un sujet qui ne semble jamais devoir être éculé… S. D.
Pompéi, tome 1 Assa, 2025, dessin Paolo Grella, scénario Rudi Miel et Fabienne Pigière, Lasne, éditions Anspach, 56 p., 16 €