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Pompéi : les dernières découvertes (2/4). Chefs-d’œuvre retrouvés et réalité virtuelle

L'expérience de réalité virtuelle.

L'expérience de réalité virtuelle. © GÉDÉON Programmes - RMNG-GP

Depuis le lancement du Grand Projet Pompéi, la cité antique martyre renaît une nouvelle fois de ses cendres : outre les mesures de sécurisation du site, une vaste campagne de fouille sur la Regio V a été entreprise, livrant sa moisson de découvertes. L’exposition prochainement présentée au Grand Palais permet de plonger le visiteur au cœur de la ville disparue et de présenter les nouvelles découvertes archéologiques. Massimo Osanna, commissaire de l’exposition et directeur du Parc archéologique, répond dans ce dossier aux questions d’Archéologia.

Propos recueillis et traduits par Anne-Sophie Faullimmel

De nombreuses découvertes importantes ont été réalisées depuis la reprise des fouilles. Comment l’exposition du Grand Palais en tient-elle compte ?

Nous avons vraiment souhaité que les visiteurs du Grand Palais puissent découvrir pour la première fois certaines pièces inédites, qui quittent Pompéi pour la première fois. C’est le cas du trésor dit « de la sorcière » ou « de la magicienne », un petit coffre contenant plus de cent amulettes sculptées dans différents matériaux comme l’ambre, l’ivoire ou la pâte de verre. Parmi ces petits objets, on trouve des phallus, des têtes de mort, des symboles égyptiens comme des scarabées, etc. À ce trésor, on peut ajouter une magnifique mosaïque d’Ariane et Dionysos, composée de minuscules tessons, qui met en scène le demi-dieu selon une iconographie identique à celle de la villa des Mystères. Cette pièce, restaurée depuis peu, est exposée à Paris pour la première fois.

Ariane et Dionysos. Mosaïque. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi.

Ariane et Dionysos. Mosaïque. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi. © GÉDÉON Programmes / Stéphane Compoint

Les grandes expositions sur Pompéi se sont succédé ces dernières années, insistant souvent sur la dimension catastrophique de l’éruption. Comment l’exposition incite-t-elle à découvrir la cité ?

L’émotion y occupe une place centrale. Nous proposons au public une expérience émotionnelle immersive et participative qui le projette au cœur même de Pompéi. Dans un premier temps, il est plongé dans la vie de la cité avant la tragédie, et plus particulièrement dans la rue et les maisons que nous avons fouillées. Un dispositif immersif installé au centre du parcours lui permet ensuite de prendre part à la catastrophe au plus près du volcan, dans le vacarme de l’éruption. Grâce aux technologies numériques, le public découvre le site tel qu’il était en 79, juste avant l’éruption. Je dois souligner le travail remarquable accompli par la société de production Gédéon Programmes, qui a effectué, pendant deux ans, des prises de vues du site archéologique et propose des reconstitutions 3D extrêmement précises des édifices pompéiens, reproduisant rigoureusement l’aspect actuel des vestiges, y compris le tracé des étages supérieurs indiqué par les ruines.

Reconstitution en 3D de la rue de Pompéi fouillée avec vue sur le volcan.

Reconstitution en 3D de la rue de Pompéi fouillée avec vue sur le volcan. © GÉDÉON Programmes

Quels sont les avantages que le Parc archéologique pourrait tirer de l’évolution du secteur culturel vers les expériences de réalité virtuelle ou augmentée ?

L’apport du numérique est énorme et nous devons absolument le développer dans les années à venir. Deux choses manquent aujourd’hui à Pompéi. D’une part les étages des maisons, qui ont souvent été détruits par l’éruption et dont nous ne connaissons ni la couverture ni l’organisation intérieure, et d’autre part les fresques, actuellement conservées au musée archéologique de Naples. Or les technologies numériques sont capables de proposer des restitutions 3D des bâtiments avec étages et de projeter des reproductions des fresques sur les parois vides. Jusqu’au XIXe siècle, en effet, les plus belles décorations ont été détachées des murs pour être déplacées dans le musée. Hélène Dessales, de l’École normale supérieure de Paris, dirige un magnifique projet dans la villa de Diomède, qui va dans ce sens. Je voudrais que la restitution virtuelle des parois accompagne l’ouverture de la villa au public et que cette restauration serve de point de départ à d’autres reconstitutions virtuelles.

Portrait de femme découvert dans la maison au Jardin. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi.

Portrait de femme découvert dans la maison au Jardin. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi. © GÉDÉON Programmes

« Pompéi », du 1er juillet au 29 octobre 2020 au Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. Tél. 01 44 13 17 17. www.grandpalais.fr​​​​​​

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Pompéi : les dernières découvertes

2/4. Chefs-d’œuvre retrouvés et réalité virtuelle