Le média en ligne des Éditions Faton

Pompéi : les dernières découvertes (4/4). La Regio V dévoile ses mystères

Cette fresque représentant Adonis a été découverte dans le triclinium de la maison au Jardin. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi.

Cette fresque représentant Adonis a été découverte dans le triclinium de la maison au Jardin. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi. © GÉDÉON Programmes

Si depuis les années 1950, faute de moyens, aucune campagne ambitieuse n’a été menée et que 30 % du site archéologique sont toujours recouverts par les lapilli, une importante fouille est conduite depuis 2018 dans un quartier de la Regio V. Cette zone menaçait en effet dangereusement les vestiges déjà mis au jour et causait sans cesse des infiltrations d’eau. Les nécessaires travaux de mise en sécurité ont conduit à des dégagements spectaculaires et à des découvertes permettant de mieux comprendre la vie d’un quartier populaire de Pompéi.

La maison d’Orion

Décorée de rectangles en plâtre coloré du Ier style pompéien, elle n’a pas livré d’indice sur son propriétaire mais d’intrigants vestiges comme une vaisselle de très bonne qualité, une petite balance, une pince et deux superbes mosaïques à l’iconographie recherchée et inédite.

Bronze et céramique découverts dans la maison d'Orion. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi.

Bronze et céramique découverts dans la maison d'Orion. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi. © GÉDÉON Programmes

La maison au Jardin

Ce fut la première maison mise au jour. Comme la précédente, elle a fait l’objet de restitutions extérieures et intérieures en 3D. Son extraordinaire contenu comprenait, outre de nombreux graffiti et des éléments de chantier indiquant qu’elle était en travaux, une magnifique représentation peinte d’un probable Adonis, une fresque de paysage sacré et un portrait féminin peint dans un médaillon (peut-être la propriétaire ?) ; sous la toiture effondrée était préservée une cuisine intacte avec son laraire, et dans la pièce voisine, un coffret certainement en bois, comprenant un petit trésor d’amulettes et de bijoux. Enfin, une pièce donnant sur l’atrium a livré une dizaine de squelettes d’enfants, d’adolescents et d’adultes venus sans doute s’y refugier pendant le cataclysme.

L’ouverture de la Casa del Frutteto

Depuis le 1er février 2020, la maison du verger (Casa del Frutteto) a ouvert ses portes aux visiteurs. De taille relativement modeste, cette vraisemblable demeure de vigneron a été fouillée en 1913 et en 1951. Une restauration de longue haleine a dévoilé de superbes fresques, représentant des citronniers, des pruniers, des poiriers, des cerisiers et un figuier, sur lequel est attaché un serpent, soit autant d’arbres fruitiers qui composaient le jardin du propriétaire de cette bien nommée villa du verger. Des décorations dédiées à la déesse égyptienne Isis, souvent honorée en Campanie dès le IIe siècle avant notre ère, laissent penser que son propriétaire honorait cette divinité égyptienne.

La ruelle au balcon et la petite place attenante

La ruelle qui bordait ces demeures a également fait l’objet d’investigations. Sa stratigraphie intacte conservait le squelette d’un homme qui essayait peut-être de fuir, avec sa bourse en cuir remplie de pièces en bronze et en argent. Sur les pans des murs extérieurs des maisons, des inscriptions vantaient les mérites des candidats locaux en vue d’élections à venir. Au bout de la rue, une petite place en travaux, avec sa fontaine publique reliée à une citerne, était occupée par un thermopolium, un petit restaurant. Ont surgi des décombres de grandes amphores de stockage de vin et des fresques ornant les murs et le comptoir de cet établissement.

Vue de la rue aux balcons après les fouilles. M. Osanna est assis sur la petite fontaine. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi.

Vue de la rue aux balcons après les fouilles. M. Osanna est assis sur la petite fontaine. Pompéi, Parc archéologique de Pompéi. © GÉDÉON Programmes

Une inscription au charbon décisive

La maison au jardin a livré une inscription au charbon décisive. Présente dans l’atrium, elle indique la date de 16 jours avant les calendes de novembre, correspondant au 17 octobre. Couplée avec la mise au jour d’un brasero en bronze utilisé comme chauffage, cette découverte réfute la date jusqu’à présent admise d’une éruption le 24 août et prouve, comme certains spécialistes le pensent depuis plusieurs années, que l’éruption a eu lieu le 24 octobre.

Le système de drainage

Quant à l’admirable système de drainage, composé de canaux et de tunnels, il a été exploré sur plus de 450 m. Favorisant l’évacuation des eaux de pluie vers la mer, ce système, jusqu’à présent difficile d’accès, a nécessité l’intervention d’une équipe de spéléologues. La première phase d’étude a permis de mieux comprendre son fonctionnement, d’évaluer son état et d’identifier ses potentiels problèmes. Œuvre d’ingénieurs très compétents, l’ensemble aurait connu trois phases de construction depuis la fin du IIIe siècle avant notre ère. Loin d’être achevée, cette étude est déjà entrée dans une seconde phase de restauration.

« Pompéi », du 1er juillet au 29 octobre 2020 au Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris. Tél. 01 44 13 17 17. www.grandpalais.fr

Sommaire

Pompéi : les dernières découvertes

4/4. La Regio V dévoile ses mystères