Renaissance du château de Noisy 

L’histoire du château de Noisy, dans les Yvelines, se laisse entre-apercevoir par ses vestiges. Démoli en 1732, l’édifice est préservé à travers l’empreinte de sa vaste plateforme entourée d’un fossé, des terrasses des jardins et une porte monumentale classée Monument historique. Les principaux aménagements datent du XVI^e siècle lorsqu’il appartenait à Albert de Gondi et Catherine de Clermont, duc et duchesse de Retz, personnages influents à la cour de France auprès de Catherine de Médicis et des rois Charles IX et Henri III.

Mascaron découvert dans la grotte, plâtre, vers 1680. © Jean-Bernard Barsamian, AD78

Menées depuis 2017, les fouilles de Noisy ont mis au jour l’ancienne grotte artificielle bâtie dans les jardins et qui a conservé une partie de son décor : le sol dallé ou carrelé avec des incrustations de petits galets en silex ; les parois et les voûtes recouvertes de coquilles et de rocailles ; des sculptures en plâtre et en marbre plaquées contre les niches. Du magnifique jet d’eau qui sortait d’une vasque monumentale et traversait la voûte par un orifice pour s’élever au milieu du jardin, il restait les conduites en plomb posées au sol. Dans les jardins, les fouilles ont dégagé les éléments d’un ancien bassin, d’un aqueduc souterrain, des murs de soutènement et d’un pavillon avec un puits servant à l’alimentation des fontaines. L’observation des terrassements a montré que les travaux pour le bassin, la grotte, les conduites et le château ont été réalisés entre 1570 et 1580.

Décor de la grotte en plâtre et coquilles, vers 1680. © Jean-Bernard Barsamian, AD78

Et c’est au fil de cinq sections que ces découvertes se laissent appréhender : l’hydraulique, le château, la grotte, les matériaux et le petit mobilier. Plusieurs plans de Noisy et des gravures originales soulignent également le lien entre apport documentaire des archives et révélations archéologiques. Enfin, une restitution 3D de la grotte a été spécialement réalisée pour l’occasion par la société Virteem. Parmi les plus impressionnantes mises au jour, soulignons la présence d’objets techniques (comme un tuyau en plomb du bassin de près de 6 m ! ou un étonnant bloc de jonction hydraulique en pierre), des fragments de la porte métallique du four à pain du château, ou diverses sortes de moulures, bossages, colonnettes, carrelages, clous et briques… qui tous illustrent les matériaux de construction et leurs usages. Une ornementation complétée par des peintures murales de cheminées, et surtout, plus spectaculaire, des plâtres. Un morceau de voûte dorée, peinte et ornée de rosaces a ainsi été reconstitué. Des panneaux et des corniches incrustés de coquilles et de petites pierres ont exceptionnellement été préservés. Enfin, des sculptures, représentant un mascaron, une tête et des corps de putti, ou un fragment de pied en marbre antique, témoignent de la richesse et de la beauté de la grotte parmi les plus anciennes de la Renaissance française.