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Sacrifices, poissons et sels mayas

Filtre à eau à Jay-yi Nah, ayant montré la plus ancienne production de sel maya dans le sud du Belize.

Filtre à eau à Jay-yi Nah, ayant montré la plus ancienne production de sel maya dans le sud du Belize. © E.C. Sills

Trois études publiées en 2024 et 2025 apportent de nouveaux éclairages sur la civilisation maya. Ces recherches archéologiques et archéogénétiques, menées sur des sites variés allant des sépultures de Chichén Itzá aux zones humides du Belize, offrent une vision toujours plus complexe de cette époque.

Une étude archéogénétique récente a analysé l’ADN de 64 jeunes garçons retrouvés dans une sépulture collective souterraine – un chultún – reliée à une petite grotte près du Cénote sacré de Chichén Itzá, au Yucatán.

Rituels sacrificiels et liens familiaux à Chichén Itzá

Ces enfants, dont environ la moitié avait entre 3 et 6 ans, sont décédés entre environ 500 et 900. L’analyse a montré que 25 % des individus étaient très liés entre eux : on a notamment identifié deux paires de vrais jumeaux et neuf autres paires de proches parents. La présence de ces jumeaux est particulièrement intéressante, car elle renvoie aux héros jumeaux du Popol Vuh, qui ont un rôle majeur dans la mythologie maya. Ces résultats suggèrent que ces sacrifices rituels pouvaient viser spécifiquement des enfants aux forts liens familiaux, et surtout des jumeaux, en raison de leur importance symbolique et mythologique.

Ingéniosité aquatique dans les zones humides du Belize

Une deuxième étude se concentre sur la découverte de vastes installations de piégeage de poissons dans les zones humides du Belize, datant de la fin de l’Archaïque (entre 2200 et 200 avant notre ère). Des images aériennes ont révélé un réseau de 167 structures linéaires s’étendant sur environ 41,8 km2. Ces systèmes, associés à des étangs destinés à la fois à piéger et à stocker le poisson, auraient pu nourrir jusqu’à 15 000 personnes. Les datations au radiocarbone indiquent que ces pêcheries ont été construites par des populations de chasseurs-­cueilleurs-pêcheurs. Ce mode d’exploitation intensifiée des ressources aquatiques aurait probablement été une réponse à un stress environnemental, poussant ces populations à diversifier leurs stratégies de subsistance.

Production de sel chez les anciens Mayas

Enfin la dernière publication s’intéresse au site de Jay-yi Nah, dans le Sud du Belize, où ont été mises au jour les plus anciennes preuves de production de sel par les Mayas, au Classique ancien, repoussant ainsi la chronologie de l’industrie du sel dans la région à 250-550. Ce site se distingue par l’utilisation de grands bols à parois incurvées, employés pour faire bouillir la saumure. La standardisation des dimensions des pots laisse penser que le sel pouvait aussi jouer un rôle économique en tant que marchandise ou même équivalent monétaire. Ces travaux illustrent l’évolution de nos connaissances face à l’histoire et à la complexité de la civilisation maya, chaque découverte apportant un éclairage nouveau sur la manière dont les Mayas interagissaient avec leur environnement et structuraient leur société.

Pour aller plus loin
MCKILLOP H. et SILLS E. C., 2025, « Earliest Ancient Maya salt production in southern Belize: excavations at Jay-yi Nah », Antiquity, 99(403), p. 187-202. Doi : 10.15184/aqy.2024.186
HARRISON-BUCK E. et al., 2024, « Late Archaic large-scale fisheries in the wetlands of the pre-Columbian Maya Lowlands », Sci. Adv. 10, eadq1444. Doi : 10.1126/sciadv.adq1444
BARQUERA R., DEL CASTILLO-CHAVEZ O., NÄGELE K. et al., 2024, « Ancient genomes reveal insights into ritual life at Chichén Itzá », Nature, 630, p. 912-919. Doi : 10.1038/s41586-024-07509-7