Septembre 2025 : les livres à ne pas manquer pour les amateurs d’archéologie

Le recyclage n’est pas, loin s’en faut, un concept inventé au XXI^e siècle… Au contraire, le réemploi et la réutilisation ont, pour de multiples raisons, irrigué des millénaires durant les sociétés qui nous ont précédés. La petite dizaine de contributions rassemblée ici le rappelle intelligemment en l’abordant de manière inattendue via la céramique (au fil des siècles sur un même site égyptien), l’administration (dans l’Empire perse achéménide), la littérature (autour de l’œuvre d’Homère), en architecture (avec le temple d’Arès sur l’Agora d’Athènes) ou en sculpture (au travers d’œuvres d’Afrique proconsulaire). Couvrant une vaste aire géographique, l’ouvrage se conclut sur ces célèbres paroles du guillotiné Antoine Laurent de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme »… É. F.

L’Égypte antique a ceci de spectaculaire qu’elle nous livre les vestiges de cités entières, comme si elles venaient à peine d’être abandonnées. Amarna est de celles-là, avec, comme particularité supplémentaire, d’être associée à des personnages illustres : son fondateur, Akhénaton, la reine Néfertiti et le futur Toutânkhamon, qui y résidèrent. La ville ne fut habitée que vingt ans. Rien ne se trouvait là auparavant et, si quelques-unes de ses constructions furent réutilisées dans les nouveaux établissements voisins, les sables la recouvrirent telle une momie de pierre. Aujourd’hui, l’avancée du complexe urbain environnant grignote toujours un peu plus les ruines encore présentes. Identifiés et fouillés depuis le début du XIX^e siècle, les vestiges de la période amarnienne abondent dans les musées, témoins d’une « révolution solaire », au cours de laquelle Akhénaton choisit de délaisser le dieu Amon pour honorer Rê-Horakhty, futur Aton. Abondamment illustré, notamment de restitutions 3D inédites, cet ouvrage nous convie à découvrir l’histoire d’Amarna aussi bien dans sa diversité et sa complexité politique et religieuse que dans sa nécessaire et dense vie quotidienne. P. B.

Isturitz et Oxocelhaya, deux noms de grottes bien connus en préhistoire aux consonances qui nous situent sans hésiter au Pays basque. Tout comme Zigor, l’un des premiers articles de l’ouvrage, poète dont les vers nous accueillent. Quarante-huit notices suivent, pour finir par ADN, puisque nous remontons l’alphabet comme nous remontons le temps. Certaines entrées sont des références directes à l’archéologie et à la préhistoire : Würm, Renne, Néandertal… D’autres sont plus surprenantes : Y’a qu’à faut qu’on…, XXXXX, Napoléon III… Toutes ont à voir avec les découvertes effectuées sur ces sites, depuis les données matérielles fouillées et analysées, jusqu’aux inspirations artistiques – poésie, photographie, littérature, musique – qu’elles ont pu susciter. Les multiples manifestations artistiques du Paléolithique – peintures, gravures, parures, statuettes et flûtes – ne laissent en effet pas indifférent ! Hommage est donc rendu à ces créations d’hier et d’aujourd’hui parcourant les textes avec qualité. Le pont, Zubiak en basque, est ainsi maintenu entre « Eux et Nous. Parce que Nous sommes Eux… » et que « Nous sommes tous reliés ». P. B.

Bien connues pour leur série à succès Les petits mythos, les éditions Bamboo ont réussi le mariage entre humour potache et rigueur scientifique. Dans ce volume, l’égyptologue Amandine Marshall s’attaque aux idées reçues touchant la civilisation pharaonique. Le projet est salutaire tant ces dernières circulent encore et toujours. Des affirmations (imbéciles) du chanteur Maître Gims aux pseudo-malédictions des momies, les fake news pullulent dans les médias. L’ouvrage aborde des sujets classiques (le pharaon pouvait-il se marier avec sa sœur ? Les ouvriers qui construisaient les tombes des pharaons étaient-ils tués à la fin du chantier ?) mais aussi d’autres plus inattendus (sur les moyens de contraception, la place des femmes, les sacrifices humains, la grève des ouvriers…). Les réponses commencent par une mise en perspective de la question, suivie d’un texte scientifique – accessible dès 12 ou 13 ans –, complété d’un document historique et d’un grand dessin d’humour. Cet album très réussi est à mettre entre toutes les mains pour apprendre en s’amusant ! S. D.

L’abri Murat est connu de longue date. Il a fait l’objet de fouilles clandestines avant l’intervention de l’abbé Lemozi au début du XX^e siècle. Michel Lorblanchet en reprit l’étude scientifique à partir de 1985, avant d’en confier la charge à Matthieu Langlois. Entreprendre la monographie d’un site est toujours une gagure. S’agissant de recherches passées, la tâche se complique sous les effets du temps, de la confrontation des différentes méthodes d’analyse et de l’absence de lien direct entre les protagonistes. Mais cela peut aussi être l’opportunité d’une révision des données, à l’aune de nouvelles technologies et paradigmes de compréhension et d’explication. Les vestiges se composent ici d’industries lithiques, d’ossements animaux, d’objets de parure et de manifestations artistiques, reflets d’un large spectre de la vie quotidienne. Revisité, l’abri Murat devient une référence du Tardiglaciaire, à l’échelle régionale du Sud-Ouest français et plus généralement pour cette période datée autour de 14 000 ans, du fait même des « nouveaux récits explicatifs » avancés à la suite de ces études inédites. P. B.

Ce roman graphique est non seulement très drôle, mais il est aussi drôlement instructif. Sous la houlette de Jean-Paul Demoule, malicieusement croqué, est balayée dans ces pages l’histoire de la… Préhistoire. L’aventure commence voici 7 à 8 millions d’années avec l’émergence du genre humain et se finit aux portes de l’Antiquité. Tout y est : Toumaï, Lucy, Homo habilis, Erectus, Néandertal et les autres, et bien sûr la grande révolution culturelle du Néolithique. Entre deux, plus de deux cents pages de dessins nous transportent aux quatre coins du monde à la recherche de nos ancêtres (mais pas que… loin de là !), et de leur mode et grand art de vivre. Et si l’on sourit souvent, on en apprend beaucoup, tant le récit s’est nourri de l’actualité très récente de la recherche. Une véritable BD de 7 à 77 (millions d’) années… É. F.