Sic transit Storia Mundi : « Adieu Polyphème, une histoire d’homme et de bête à poils »

Kylix, conservée sous la cote Δ 2496 dans les collections du musée Paul et Alexandra Canellopoulos, à Athènes.

Kylix, conservée sous la cote Δ 2496 dans les collections du musée Paul et Alexandra Canellopoulos, à Athènes. © DR

Sur la belle kylix à figures noires que vous avez sous les yeux, qui date des années 550-525 avant notre ère, on peut voir un homme cramponné de toutes ses forces à un bélier car, très visiblement, le quadrupède que vous avez sous les yeux en est un.

Regardez bien. Ce faisant, vous aurez bien sûr noté l’air dubitatif de l’animal, laquelle bestiole semble franchement tracassée par l’affectueuse étreinte du ci-devant qui lui pendouille au col.

Une célèbre scène de l’Odyssée

Cela étant dit, que croyez-vous que le peintre ait voulu représenter ici ? Les amours – tout à fait naturelles pour les Anciens – d’un homme et d’une bête à cornes ? Que nenni, Lecteur, point de gauloiseries en ces lieux, bien au contraire. Le peintre nous montre ici une célèbre scène de l’Odyssée (IX, 432-434). Eh oui. Rappelez-vous : Ulysse, et les compagnons qui lui restaient encore, cherchaient désespérément un subterfuge qui leur permette de s’esbigner de la grotte où l’affreux, sale et méchant cyclope Polyphème les retenait prisonniers.

Kylix, conservée sous la cote Δ 2496 dans les collections du musée Paul et Alexandra Canellopoulos, à Athènes (détail).

Kylix, conservée sous la cote Δ 2496 dans les collections du musée Paul et Alexandra Canellopoulos, à Athènes (détail). © DR

Le géant monophtalmos

Après que les Grecs lui eurent crevé son unique et précieuse mirette, Polyphème ruminait de sanglants projets de vengeance, bien décidé à bouloter jusqu’au dernier Hellène. Seulement voilà, tout empourpré de colère qu’il était, le géant monophtalmos aimait les quadrupèdes qui nichaient en son salon (il était berger dans le civil). Aussi se résolut-il à tenter l’impossible : laisser sortir ses bêtes adorées tout en interdisant aux Grecs de prendre la poudre d’escampette. La suite, vous la connaissez ; aussi l’auteur de ces lignes interrompt séant son inepte babillage. 

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