Sic transit Storia Mundi : « Grande frime en Grande-Grèce »

Détail d'un casque en bronze orné d'une tête de bélier provenant de Métaponte. VIe-Ve siècle avant notre ère. © Penta Springs Limited
Commençons par les habituelles précisions limino-topographiques : la Grande-Grèce désigne cette partie de l’Italie – le Mezzogiorno actuel – que les Hellènes, alors lancés à la conquête de l’Ouest, colonisèrent entre le VIIIe et le mitan du Ve siècle avant notre ère.
Parmi les cités les plus renommées de la Magna Græcia – la megálê Hellás en VO – on peut citer Tarente, Métaponte, Sybaris, Thourioi, Poseidonia (Paestum), Cumes et Néapolis (Naples). Ajoutons – c’est important – que, pour un Grec resté en Hellade, un Athénien par exemple, la Grande-Grèce s’apparentait à ce que représentaient les États-Unis pour un Européen.
Les Américains de leur temps
Relisez donc les savoureuses vacheries colportées par Oscar Wilde sur les cousins d’outre-Atlantique si vous voulez avoir de la chose une juste (et drôle) représentation. Alors bien sûr, quand un Grec du vieux continent découvrait le genre d’exagération supra-capillaire que vous avez sous les yeux, il ne pouvait qu’être conforté dans la conviction que les cousins de Grande-Grèce étaient de grands enfants portés, en toutes choses, à l’excès baroque que leur permettait leur proverbiale richesse.

Casque en bronze orné d'une tête de bélier provenant de Métaponte. VIe-Ve siècle avant notre ère. © Penta Springs Limited
Un usage cérémoniel
Quelle idée, en effet, de greffer à la manière barbare la représentation d’un bélier sur un casque doté de paragnathides (un mot savant qui signifie protège-joues) reprenant le même motif ? Précisons par ailleurs, à l’intention de ceux que la chose pourrait intéresser, que ce couvre-chef, potentiellement destiné à un usage plus cérémoniel que martial, date du tournant des VIe et Ve siècles avant notre ère. Réalisé en bronze, il comporte des incrustations en ivoire (les yeux des béliers) et provient du site de l’ancienne Métaponte, une cité excessivement ouverte à l’influence des autochtones, Œnôtres et Lucaniens, soit dit en passant. Enfin, si vous voulez admirer de visu cet extravagant couvre-chef, sachez qu’il est aujourd’hui conservé au Saint Louis Art Museum… aux États-Unis !
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