Sic transit Storia Mundi : « Suppiluliuma et le Marsupilami »

Statue de Suppiluliuma, roi de Patina (détail), IXe siècle avant notre ère. Musée archéologique d’Antakya. © DR
Malgré la troublante assonance de ces deux noms, le lecteur a le droit de connaître la vérité quand bien même il en éprouverait un vif dépit : le Marsupilami n’est pas un souverain hittite, ci-devant monarque qui gouverna depuis Hattusa, sa capitale, un vaste empire centré sur l’Anatolie entre 1344 et 1322 avant notre ère, c’est-à-dire à la presque fin de l’Âge du bronze.
Fils de Tudhaliya (II) et frère de Tudhaliya (III), ledit souverain réussit à restaurer la puissance hittite en luttant notamment contre les affreux Gasgas (ou Kašku), un peuple aussi dangereux que méconnu, ainsi que contre le Mittani, le puissant pays des Hourrites (lesquels ne résultent en aucune manière d’une inflammation de la houri). L’auteur de ce morne billet ne peut s’empêcher de mentionner au passage le nom de la capitale d’iceux, les gens du Mittani : Washshukanni (ou Waššukanni pour ceux qui souffrent de monomanie diacritique), un nom dont la sonorité seule est une invitation au voyage dans le temps.
Un roi néo-hittite de Patina
Quoi qu’il en soit et pour enfoncer le clou, il nous faut maintenant vous révéler que Suppiluliuma (ou Šuppiluliuma donc) n’est pas un personnage de bande dessinée créé par André Franquin, un génie belge de la BD comme il y en eut tant d’autres, en 1952. Apparu dans Spirou et Fantasio, ce petit animal imaginaire qui ne répondait donc pas au nom de Suppiluliuma parvint plus rapidement à l’autonomie que le peuple corse en obtenant sa propre série dès l’an de grâce 1987, deux années avant que ne tombe le Mur. Comment croire encore en l’absence de lien entre ces deux évènements ? Ci-dessus avec son air vaguement dubitatif et sa drôle de gouffa testudinomorphe, le personnage que vous voyez-là n’est ni le grand Suppiluliuma Ier ni même le Marsupilami : c’est un roi néo-hittite de Patina qui répondait cela dit au même nom que son glorieux ancêtre. Après tout, combien y eut-il de Louis dans l’histoire de France ?
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