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Sic transit Storia Mundi : « Un rhyton achéménide avec un protomé de lion »

Rython achéménide en or (détail). Musée de Téhéran.

Rython achéménide en or (détail). Musée de Téhéran. © Bruno Barbier, akg-images

Si, comme l’auteur de ces lignes, vous êtes un brin snob, vous pouvez tenter d’égayer une conversation d’une ennuyeuse banalité, possiblement centrée sur des considérations tristement politico-météorologiques, en glissant négligemment tout en sirotant votre café : « j’ai vu récemment un beau rhyton achéménide avec un protomé de lion ».

Si votre interlocuteur est prêt à subir les explications que vous brûlez de lui donner, il apprendra avec profit que le terme achéménide (prononcez akéménide) désigne une brillante dynastie qui régna sur le premier empire-monde de l’Histoire entre le mitan du VIe siècle avant notre ère et la presque fin du IVe siècle avant notre ère toujours.

Idiome barbare

Il apprendra également avec l’intérêt poli dont il ne devra pas se départir, pas déjà en tous cas, que rhyton – avec un h et un y – n’est pas le diminutif d’Henri mais une corne à boire que les anciens Perses nommaient takouk dans leur idiome barbare, barbare étant ici à prendre dans son sens étymologique. S’il vous écoute encore, vous pourrez ajouter l’estocade finale avec la définition de protomé – encore un mot qui vient du grec –, terme qui ne signifie rien d’autre que la représentation partielle, généralement en avant-corps, d’un être qui peut être humain ou animal, réel ou mythologique.

Une pièce du musée de Téhéran

Évidemment, protomé, c’est à la fois plus chic et plus court. Si votre interlocuteur reformule votre brillante assertion initiale de la manière suivante « tout ça pour dire que tu as vu un godet perse à tête de lion », plantez-le là d’un air offensé. Ce genre d’esprit plébéien est irrécupérable. Ah, oui, une dernière chose avant de nous quitter : le rhyton que vous voyez-là provient du musée de Téhéran.

En partenariat avec Storia Mundi (storiamundi.com)