
Françoise Gilot a rendu son dernier souffle à Manhattan le 6 juin dernier. Longtemps occultée par sa relation avec Pablo Picasso (1881-1973), cette artiste solaire n’a jamais cessé d’affirmer sa liberté et de poursuivre sa quête picturale.
Née en 1921, Françoise Gilot s’initie tôt à l’aquarelle avec sa mère, elle-même artiste peintre. Malgré la réticence et la fermeté de son père, elle lui annonce dès 1943 vouloir être artiste, tandis que ses œuvres sont pour la première fois exposées dans une galerie parisienne. Elle fait à cette occasion la rencontre de Pablo Picasso, alors amant de Dora Maar.
Les années avec Picasso : « un prélude à sa vie »
S’ouvre alors une période riche d’influences artistiques durant laquelle la jeune artiste progresse dans l’ombre impitoyablement projetée par le génie du maître. Avec Picasso, elle partage toit et atelier, devient la « Femme-fleur » et a deux enfants, Claude et Paloma. C’est bientôt pour elle le temps d’une première reconnaissance artistique : son œuvre est exposé en 1951 à la galerie Kahnweiler et se dévoile aux marchés britannique et américain.
Vivre avec Picasso
François Gilot est la seule muse qui ne succomba pas à l’emprise du « Minotaure ». Elle choisit de se séparer de lui en 1953 ; dix ans plus tard, en 1964, elle publie avec Carlton Lake Vivre avec Picasso. Ce sera un immense succès. Elle y décrit leur relation, l’influence artistique réciproque et son admiration pour l’œuvre du maître, mais dévoile aussi le caractère inquiet, envahissant, et brutal du peintre, longtemps occulté par son génie.
Une reconnaissance française tardive
Partie vivre aux États-Unis, elle défend une peinture aux couleurs chaudes, oscillant entre figuration et abstraction. Plus reconnue outre-Atlantique qu’en France, son œuvre a finalement bénéficié de deux expositions récentes dans l’hexagone, à Nîmes en 2012 et au musée Estrine en 2021.
Gaspard Douin