Riesener et les frères Damerat : l’alliance d’artisans d’exception

Réplique en bronze doré d’un médaillon marqueté de 1784 (détail). Londres, Wallace Collection © Wallace Collection / Bridgeman Images
Alors que la première partie de cette étude inédite de L’Objet d’Art retraçait la prolifique carrière de François Rémond, l’un des plus importants ciseleurs-doreurs parisiens, reçu maître en 1774, le présent article s’attache plus particulièrement aux rapports de Jean-Henri Riesener avec les frères Damerat. Ces derniers étaient devenus collaborateurs de Rémond, comme les archives l’ont révélé, et surtout ils appartinrent à l’équipe d’excellents artisans dont le grand ébéniste de la cour avait su s’entourer.
À la demande de Pierre-Élisabeth de Fontanieu (1731-1784), l’Intendant et Contrôleur général des meubles de la Couronne, Riesener avait dès 1771 innové avec des tableaux et des frises en marqueterie allégoriques aux sciences et aux arts, pour l’ameublement de son nouvel appartement de fonction sur la Place Louis XV1.
Premières répliques en bronze doré
L’ébéniste en exploita les modèles jusqu’en 1786 mais c’est à partir de 1781 qu’apparurent chez lui les premières répliques en bronze doré, désormais modelées par Boizot pour Rémond. Leur ciselure ne semble pas encore attribuable à François-Aimé Damerat, non encore reçu maître, mais peut-être à Pierre-André ou plutôt à Nicolas-Antoine l’un de ses deux frères, précisément reçus maîtres cette année-là (voir première partie de l’article, EOA n° 616, pp. 64-75). Nicolas-Antoine paraît être le seul des deux mentionné dans la comptabilité de Rémond et ce, jusqu’en 1786 seulement. Pierre-André choisira Gouthière.
J.-H. Riesener (1734-1806), serre-bijoux livré en 1787 pour la comtesse de Provence à Versailles. La grande arabesque due à Martincourt et la frise par Fr.-A. Damerat d’après L.-S. Boizot. Collection de S.M.Charles III au château de Windsor. © Royal Collection Trust / His Majesty King Charles III, 2024 / Bridgeman Images
« Le nom de Riesener apparaît chez Rémond dans quarante-trois entrées pour des ornements de bronze divers, destinés en quasi-totalité à des meubles d’ébénisterie ou de laque, avec beaucoup de frises ajourées et quelques bas-reliefs en plein. »
Qui étaient les clients de François Rémond ?
Quelques chiffres, malheureusement incomplets et portant sur des durées inégales, permettent néanmoins de quantifier l’importance relative des principaux acteurs alors concernés par ces bronzes, probablement fondus au début chez les Forestier puis majoritairement ciselés et dorés chez Rémond. De 1774 à 1787, Riesener toucha du Garde-Meuble de la Couronne environ 938 000 livres ; les fournitures de Rémond à Daguerre de 1778 à 1792 dépassèrent les 920 000 livres, avec 81 entrées de 1779 à 1787, mais elles incluaient aussi les bronzes d’ameublement tels que feux, luminaires, pendules, objets montés et même des cheminées, consoles et girandoles pour Carlton House2 ; les fournitures de Rémond à Roentgen atteignirent les 230 000 livres de 1779 à 1792 ; celles de Rémond à Riesener de 1781 à 1787 montèrent à plus de 42 000 livres, réparties en 7 682 livres pour 1781, 14 281 livres pour 1782, 8 120 livres pour 1783, 7 530 livres pour 1784, 3 778 livres pour 1785, 828 livres pour 1786 et 144 livres pour 1787. La suite nous échappe alors, même s’il est certain que Riesener aura au fil des années fait travailler d’autres artisans du métal moins renommés, par exemple les doreurs Jean-Joseph Brochin (maître en 1763, mort en 1781)3 et Antoine Leprince ou son fils Louis-Antoine4, et Marie-Alexandre Redon (1746-1785)5, sur des ornements plus modestes, tels que moulures, sabots ou frises à canaux et tigettes abondantes chez Riesener, Claude-Charles Saunier (1736-1807)6, Weisweiler et bien d’autres artisans liés à Daguerre. Riesener arrive donc loin derrière Roentgen dans ses rapports privilégiés avec Rémond mais pour des modèles identiques, eux aussi le plus souvent ciselés par Nicolas-Antoine puis François-Aimé Damerat.
J.-H. Riesener (1734-1806), plateau de la table de Fontanieu exécutée en 1771 avec une des allégories à l’astronomie. Versailles, musée du château, en dépôt à l’hôtel de la Marine. © Grand Palais Rmn (château de Versailles) / Gérard Blot
J.-H. Riesener (1734-1806), table de Fontanieu exécutée en 1771 avec, sur le plateau, une des allégories à l’astronomie. Versailles, musée du château, en dépôt à l’hôtel de la Marine. © Grand Palais Rmn (château de Versailles) / Gérard Blot
François Rémond fournisseur de Riesener…
Le nom de Riesener apparaît chez Rémond dans quarante-trois entrées pour des ornements de bronze divers, destinés en quasi-totalité à des meubles d’ébénisterie ou de laque, avec beaucoup de frises ajourées et quelques bas-reliefs en plein. Pour des raisons de clarté et pour éviter la prolixité, nous ne retiendrons ici que ces bas-reliefs, même si les frises ajourées pouvaient comporter elles aussi des figures et des animaux (enfants faunes, boucs, etc.). Ainsi, « du 21 avril 1781, pour la dorure mat de la garniture d’une table à bas-relief et galerie, 460 livres ; du 6 septembre 1781, pour six bas-reliefs en bronze et cadres, 72 livres ; du 8 octobre 1782, pour dorure mat de plusieurs garnitures ensemble, composées de cadres, consoles, frises, bas-reliefs et autres pièces, le tout y compris quantité de soudures, 4 500 livres ; du 28 octobre 1782, pour dorure mat des garnitures de deux encoignures, composées de cadres, frises, chutes et bas-reliefs, rinceaux et autres pièces, 1 400 livres ; du 12 février 1783, pour dorure mat de la garniture d’un secrétaire, composée de cadres à feuilles et perles fines, bas-reliefs, 1 550 livres ; du 10 octobre 1783, pour dorure mat d’une table composée de cadres, frises, bas-reliefs et chutes de fleurs, 800 livres ; du 25 octobre 1783, cadres, frises, bas-reliefs et baguettes, galeries, 600 livres ; du 19 décembre 1783 dorure mat de la garniture d’un secrétaire composée de cadres, chutes et fleurs et bas-reliefs, 300 livres ; du 8 novembre 1784, pour la dorure mat d’une commode, 1 600 livres – pour la dorure de la garniture d’un bureau composée de cadres, bas-reliefs, tigettes, moulures et autres pièces, 1 480 livres (total 3 080 livres) ; le 12 décembre 1785, pour fourniture de quatre têtes à buste drapées et coiffées à l’égyptienne, à 120 livres pièce, y compris la fonte, 480 livres – pour deux grands bas-reliefs de 24 pouces de long (37,9 cm) sur 5 pouces de haut (13,5 cm) très riches de figures et accessoires, à 84 livres, y compris la fonte, 168 livres – pour deux autres bas-reliefs ronds à 4 figures à 72 livres pièce, y compris la fonte à 144 livres – pour deux autres plus petits à 48 livres, y compris la fonte, à 96 livres – pour deux autres plus petits à 42 livres, 84 livres ». Dans ce calendrier, il est prudent de rappeler que François-Aimé Damerat ne devint maître qu’en février 1784.
Détail du « bureau du Roi » par Oeben et Riesener montrant le bas-relief de bronze après modification en 1794. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Grand Palais Rmn (château de Versailles) / Mathieu Rabeau
… et de Roentgen
En regard, du côté de Roentgen, on trouve 115 entrées de 1779 à 1792 : en groupes, figures, bas-reliefs, frises, médaillons, vases, poignées, dont la majorité est suffisamment caractéristique dans son œuvre pour ne pas être confondue avec celle de Riesener. Une liste, incomplète, des mentions « David » en a été publiée à l’initiative du musée de Neuwied7. On retrouve ainsi de nombreux modèles de bas-reliefs et de médaillons utilisés conjointement par les deux ébénistes et par les artisans qu’employait Daguerre. Y apparaissent même deux interférences insolites en 1786. Ainsi, le 26 septembre, Rémond factura à David Roentgen : « pour dorure mat d’un secrétaire et partie de dorure d’une table de toilette, ensemble de M. Riesener, 528 livres – Pour dorure mat de la garniture d’une table de M. Riesener, 204 livres… Pour dorure mat des moulures de la table de M. Riesener, 56 livres. Pour façon de ciselure et dorure mat de six anneaux de lorier (sic), pour meuble du même, à 5 livres (font) 30 livres. Pour fourniture de 64 tigettes pour pied de M. Daguerre, 80 livres – Pour dorure mat de la garniture d’un petit meuble de M. Daguerre, 144 livres ». Si l’on ne s’intéresse qu’aux bas-reliefs reconnaissables et utilisés sur les meubles des deux ébénistes, on arrive à un emploi penchant nettement en faveur de Roentgen avec trente et une mentions de bas-reliefs, médaillons et frontons pour pendule, sans compter les têtes, avec ou sans entourage de guirlandes de fleurs. Les deux premiers bas-reliefs, cités le 2 septembre 1781, à sujet pastoral, étaient sur « dessins donnés » par Roentgen mais destinés à être modelés et exécutés à Paris.
J.-H. Riesener (1734-1806), table mécanique exécutée en 1781 pour le cabinet intérieur de Marie-Antoinette à Versailles. La frise allégorique à la musique attribuée à L.-S. Boizot et N.-A. Damerat. New York, Metropolitan Museumof Art. © Courtesy of the Metropolitan Museum of Art
La production de Rémond à l’aune des archives
La disparition du 3e registre du livre-journal commencé en décembre 1787 nous prive de la suite, mais un regard complémentaire sur la production de Rémond est possible grâce au relais que prennent les fiches de travaux de ses employés et fournisseurs, connus à partir seulement de 1785 et permettant dès lors de recomposer quelques-uns des plus beaux bronzes de l’époque proposés par Daguerre puis Lignereux à la clientèle la plus exigeante du temps en matière de meubles, de feux, de luminaires, de pendules, de vases montés, etc. À partir de 1786, François-Aimé Damerat paraît avoir éclipsé son frère Nicolas-Antoine, même si son activité ne devient vraiment claire qu’à partir de 1788, et totalise cinquante-six mentions isolées ou feuilles mensuelles de travail, très souvent sur des objets montés, mais aussi pour les ébénistes, tels que Riesener, Roentgen et Weisweiler (sous le nom de Daguerre).
J.-H. Riesener (1734-1806), secrétaire à cylindre exécuté en 1784 pour Marie-Antoinette aux Tuileries. Les frises de bronze attribuées à N.-A. ou Fr.-A. Damerat d’après L.-S. Boizot, les poignées à Martincourt. Paris, musée du Louvre. © Grand Palais Rmn (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola
L’évolution du style de Riesener de la marqueterie vers le bronze
L’année 1781 semble avoir été une date charnière chez Riesener qui commença à remplacer ses frises figuristes en marqueterie par des répliques en bronze doré où l’on peut soupçonner le rôle de Boizot et l’apport de Nicolas-Antoine Damerat. Ce n’était pas une totale innovation chez le successeur de J.-F. Oeben, car son défunt patron avait déjà prévu d’introduire entre deux panneaux de marqueterie un bas-relief de bronze situé au revers du secrétaire à cylindre de Louis XV. Pierre Verlet avait relevé, dans l’inventaire après décès de 1763, le modèle en cire préparé pour la fonte d’un « bas-relief de huit enfants et un médaillon […] »8, attribuable au sculpteur-modeleur Jean-Claude-Thomas Duplessis (vers 1730-1783) et au fondeur-ciseleur Louis-Barthélemy Hervieu (1714-1779). Le médaillon était un portrait de Louis XV qui fut remplacé en 1794 par une tête de Minerve attribuable à Boizot ou à Roguier, peut-être la « figure antique » pour laquelle Damerat reçut 10 livres en août de cette année-là.
« L’année 1781 semble avoir été une date charnière chez Riesener qui commença à remplacer ses frises figuristes en marqueterie par des répliques en bronze doré où l’on peut soupçonner le rôle de Boizot et l’apport de Nicolas-Antoine Damerat. »
L’ébéniste favori de Marie-Antoinette
En janvier 1781, on relève pour le cabinet intérieur de la reine à Versailles, sur la ceinture d’une table à écrire mécanique, quatre frises en bas-relief de bronze, montrant des enfants allégoriques à la musique9 ; des nuées séparent les groupes conçus pour être scindés ou réunis en plusieurs longueurs. En avril de la même année, toujours pour la reine, mais à Marly, Riesener livra une table à écrire un peu moins riche que la précédente, mais avec les mêmes bas-reliefs de bronze10. En décembre 1783, pour Madame Élisabeth à Versailles, une table à écrire montre encore ces bas-reliefs de bronze, même si la livraison ne les mentionne pas expressément11. En décembre 1784, pour la reine aux Tuileries, ce furent un secrétaire à cylindre et une table à écrire, enrichis chacun de longs bas-reliefs de bronze toujours de mêmes modèles ; mais sur les flancs du secrétaire, deux nouveaux bas-reliefs d’enfants en bronze montrent des allégories à la peinture et à la sculpture12. Celles-ci, également issues des marqueteries pour Fontanieu en 177113, pourraient déjà être matériellement passées par les ciselets de François-Aimé Damerat.
J.-H. Riesener (1734-1806), table-bureau livrée vers 1785 pour le hameau de Marie-Antoinette à Trianon ; les frises allégoriques de la musique attribuées à L.-S. Boizot et Fr.-A. Damerat. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Grand Palais Rmn (château de Versailles) / Gérard Blot
Des médaillons pastoraux
Le secrétaire tout comme la commode assortie restent encore traditionnels, avec les habituels bronzes végétaux, mais, en façade, des médaillons pastoraux en marqueterie témoignent déjà d’un esprit nouveau, plus miniaturisé. La concession répétée aux bas-reliefs figuristes en bronze n’est donc pas encore une totale reddition de Riesener, car ses médaillons en marqueterie, même en cours de mutation esthétique, restent encore bien présents, plus novateurs et toujours aussi somptueux. Vers 1785, Marie-Antoinette recevra pour son hameau de Trianon un bureau plaqué d’amarante, lui aussi orné de quatre bas-reliefs identiques d’enfants en bronze, en deux longueurs, pour les grands et les petits côtés. Le cycle paraît s’achever en 1786 à Fontainebleau, sur un secrétaire à cylindre plaqué de nacre et montrant en façade les mêmes bas-reliefs d’enfants en bronze et, sur les côtés, les deux allégories à la peinture et à la sculpture14 comme pour les Tuileries en 1784. Il semble que ce soit leur dernier emploi par Riesener pour la reine. Mais en 1787, il récidivera pour la comtesse de Provence à Versailles, sur un grand serre-bijoux d’acajou où Martincourt, très probablement, triomphe sur la face du cabinet tandis que lui-même choisit pour la frise du piètement une théorie de bronze à enfants géographes et astronomes facilement morcelables en plusieurs parties, tels qu’il les avait déjà utilisés en marqueterie, pour Fontanieu en 177115.
Attribuée à N.-A. ou Fr.- A. Damerat, frise allégorique à la sculpture sur le côté du secrétaire à cylindre de Marie-Antoinette à Fontainebleau. Dépôt du musée de Versailles. © Grand Palais Rmn (château de Fontainebleau) / Adrien Didierjean
Suiveurs et contrefacteurs
Quand Rémond et Riesener mirent fin à leur collaboration dans le domaine mobilier, ils laissaient de belles opportunités à leurs anciens collaborateurs patentés puis à leurs légitimes épigones et enfin aux exploitants professionnels, passant des chefs-modèles chez les uns, aux plus ou moins bons surmoulés chez les autres. En 1809 le marchand de curiosités Antoine-Thibaut Baudouin (1759-1814) livrera pour la chambre de Napoléon au palais de Trianon un bureau-secrétaire et une commode, qualifiés de « modernes » mais ornés de bronzes, réutilisant certains des modèles créés à partir de 1781 pour Riesener, par Boizot et Rémond et peut-être aussi par un des Damerat précisément reçus cette année-là. Leur « modernité » abusivement affirmée par Baudouin semble surtout un argument commercial destiné à favoriser le placement de deux invendus, peut-être antérieurs d’une quinzaine d’années, alors que Riesener travaillait peut-être encore. Cette livraison officielle pourrait être le « chant du cygne » du vieil ébéniste de l’ancienne Cour16. Ces deux meubles auraient-ils été destinés initialement à la Russie ou à l’Europe du Nord ? Leurs bronzes se retrouveront bientôt sur des meubles, objets d’art et pendules, sans désormais l’intervention assurée de Riesener, mais peut-être encore celle de François-Aimé Damerat, avant tous les contrefacteurs au cours du XIXe siècle. On peut relever qu’en 1819 et 1821, le peintre genevois François Ferrière (1752-1839), un ancien élève de Vien, qui avait longtemps vécu à Londres puis en Russie et à nouveau à Londres, exposa à la Royal Academy les deux bas-reliefs en trompe-l’œil sans que l’on sache dans quel pays il avait pu voir les modèles originaux17.
L’influence des pastorales de Jean-Baptiste Huet
Pour les médaillons à trophée de marqueterie, l’année 1781 amorça une évolution de Riesener par rapport aux généreuses compositions allégoriques qui, depuis Jean-François Oeben, avaient marqué leur style et qui dérivaient de gravures d’après Louis Tessier (1719-1781)18. Une inspiration nouvelle à l’intention de Marie-Antoinette trouva dès lors sa source dans les compositions pastorales de Jean-Baptiste Huet (1745-1811)19, un peintre issu d’une famille de décorateurs connus, lui-même influencé par François Boucher (1703-1770) et par Antoine Renou20. Un nouveau médaillon marqueté d’un trophée de musique champêtre avec musette en marqueterie encadré comme une miniature apparaît dès 1780 sur une commode de Riesener pour le cabinet intérieur de la reine à Versailles21. Désormais ces médaillons réduits en marqueterie vont supplanter les vastes compositions précédentes.
J.-H. Riesener, détail de la commode livrée en 1780 pour le cabinet intérieur de Marie-Antoinetteà Versailles. Londres, Wallace Collection. © Wallace Collection, London, UK / Bridgeman Images
Trophées champêtres et littéraires
En 1782, ce sont deux nouveaux trophées champêtres en marqueterie sur deux commodes pour Marly22. En 1784 c’est un trophée littéraire et musical sur le cylindre du secrétaire de son appartement intérieur aux Tuileries23. Singulièrement et, si l’hypothèse d’une destination royale en 1783 se révélait juste, ces trophées marquetés, comportant une lyre, auraient été précédés par une version en bronze, inversée par rapport à la marqueterie, sur un secrétaire en armoire faisant partie d’un ensemble de trois meubles en laque du Japon (dont une commode et une encoignure) présumés par le commerce de l’art avoir été destinés au cabinet intérieur de Versailles et qui appartiendront ensuite à la reine Hortense24. On retrouvera les mêmes motifs en 1809 sur la livraison pour Napoléon au palais de Trianon puis largement exploités par la suite, sous deux formes, en découpure ou sur fond plein. Le motif central à arabesques de la commode de Napoléon, attribuable à Martincourt, se retrouve sur une commode anonyme de la Collection Wallace, surmontée d’une frise du même auteur25. Pour les trophées sans figures ni animaux, on peut encore s’interroger sur une intervention spécifique des Damerat.
Des médaillons de bronze à décor de colombes
L’influence de Jean-Baptiste Huet se retrouve davantage encore sur les panneaux ou médaillons marquetés de colombes. Le premier exemple et le plus riche orne la façade d’une chiffonnière livrée par Riesener en avril 1781 pour la reine à Marly26. Les médaillons de bronze à colombes où l’on peut supposer encore le rôle des frères Damerat existent en deux versions. La plus simple, composée seulement de deux colombes dans une nuée contenant arc et carquois, apparaîtra en 1783 sur une encoignure de Riesener que le Journal du Garde-Meuble de la Couronne enregistra erronément comme destinée à la reine à Versailles mais qui se retrouva non loin chez Madame Élisabeth27. Mesdames Adélaïde et Victoire en possédèrent une paire à Bellevue, utilisée au XIXe siècle à Fontainebleau puis aux Tuileries, où elle disparut dans l’incendie de ce palais en 187128. Ces mêmes colombes mais en bronze doré décorent l’encoignure de la reine Hortense, tout comme le secrétaire et la commode de la collection Frick, censés avoir été modifiés par Riesener lui-même en 1790 et 179129. Une variante en marqueterie aussi riche que celle de la chiffonnière de Marly apparaît en décembre 1784 sur la commode livrée pour la reine aux Tuileries30 ; elle montre en marqueterie un couple de colombes associé à des instruments de musique pastoraux et musicaux, en plus des arcs et carquois. Sa transcription inversée en bronze se retrouvera plusieurs fois chez Roentgen puis pour Napoléon à Trianon en 1809 dans sa version détourée, sur la commode de la reine Hortense, sur des meubles de François-Louis Bellangé (1759-1827), très actif sous la Restauration31 et sur une paire d’encoignures de la collection Wallace (dont l’une est entièrement replaquée sur un bâti authentique livré en 1783 pour la reine, et son pendant intégralement exécuté avant 186532, etc. Ici encore, le succès ultérieur de ces trophées de bronze fut exponentiel sur l’ébénisterie de luxe du XIXe siècle.
D’autres incluant la figure humaine
Un dernier modèle de médaillon, le plus ambitieux, incluait la figure humaine. L’idée première semble en avoir été réalisée en marqueterie par Riesener sur une encoignure livrée en août 178033 et seulement connue par la description de son ventail comportant « un tableau allégorique représentant l’Amour offrant un enfant à la France, le tout en pièces de rapport, incrusté dans un fond satiné blanc ». Cette encoignure, destinée au cabinet intérieur de la reine à Versailles, devait supporter, par défaut, au lieu du Dauphin tant attendu, un buste de Madame Royale, c’est-à-dire Marie-Thérèse-Charlotte de France (1778-1851), la première enfant du couple royal. On peut trouver la source de cette allégorie dans un bas-relief circulaire autrefois attribué à Boizot et montrant « L’Hymen qui présente le Dauphin à la France qui le reçoit dans ses bras, tandis que la Renommée, sous la figure d’un enfant, annonce l’accouchement de la Reine »34. La disparition de ce panneau est particulièrement regrettable si l’on en juge par la qualité des grandes figures féminines dont Riesener avait déjà marqueté le plateau de la table de Fontanieu en 1771.
J.-H. Riesener (1734-1806), détailde la commode livrée en 1782 pour le cabinet en entresol de Marie-Antoinette à Marly. Paris, musée du Louvre. © Grand Palais Rmn (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
Sacrifices à l’amour
Les offrandes, prières, sacrifices à l’Amour étaient alors un poncif à la mode, peint, gravé ou modelé dans des matériaux variés et même en biscuit de porcelaine. Un prototype en était le tableau de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) exécuté en 1767 puis exposé au Salon de 1769. L’œuvre originale est conservée à la Wallace Collection, non loin de deux secrétaires de Riesener, exécutés en 1783 pour la reine à Marly et à Trianon, mais qui présentent désormais chacun le même bas-relief de bronze doré sur le thème de la Prière à l’Amour, probablement tous deux substitués entre 1825 et 1865 à des originaux de marqueterie35. Plus convaincant, un cabinet-secrétaire en laque du Japon conservé au J.-Paul Getty Museum est attribuable à Riesener vers 178536 : son piètement est entièrement garni des modèles de Martincourt mais la partie supérieure, plus composite, comporte la même Prière à l’Amour probablement déjà ciselée par François-Aimé Damerat. Une génération plus tard, François-Ignace Papst (1750-après 1822) livrera au Garde-Meuble de la Couronne deux meubles d’acajou dont un secrétaire orné du même bas-relief d’une grande qualité de ciselure et de dorure, dans un intéressant accompagnement de bronzes d’ornements originaux dans le dessin et leur exécution37. Avec ces meubles conservés à Fontainebleau, le cycle original se referme et la suite ne sera plus que pastiches et surmoulages.
Réplique en bronze doré d’un médaillon marqueté de 1784. Londres, Wallace Collection. © Wallace Collection / Bridgeman Images
« Les offrandes, prières, sacrifices à l’Amour étaient alors un poncif à la mode, peint, gravé ou modelé dans des matériaux variés et même en biscuit de porcelaine. Un prototype en était le tableau de Jean-Baptiste Greuze exécuté en 1767 puis exposé au Salon de 1769. »
Le chant du cygne du vieil ébéniste de la cour
On peut aisément comprendre les causes de la disparition à partir de 1785 de la belle marqueterie dans la production d’un Riesener sèchement éloigné du Garde-Meuble de la Couronne et motivées aussi par une évolution du goût parisien. Mise à part une probable blessure d’amour propre, cette mutation s’opéra apparemment sans regret excessif après la mort de Fontanieu, un mentor peut-être devenu trop pesant. Il n’y a plus la moindre marqueterie sur la table auprès de laquelle l’ébéniste se fit portraiturer en 1786. Une collaboration intensive avec Daguerre semble dès lors avoir compensé le manque à gagner subi à cause des réformes du Garde-Meuble. Quand, en 1794, le Gouvernement lui confia la « déféodalisation » du secrétaire à cylindre de Louis XV et de la commode de la chambre à coucher de Louis XVI à Versailles, Riesener paraissait déjà n’être plus en mesure de composer des allégories inédites et dut puiser dans son stock des panneaux désormais à l’étroit dans leur nouvel emplacement. Il réutilisa ainsi pour la commode une composition pastorale déjà vue depuis 1778 mais inadéquate à la majesté du meuble. Le secrétaire reçut un panneau inédit inspiré des différents motifs conçus pour le comte d’Orsay en 177038 : à côté d’une lyre et d’un chapeau de Mercure, allusions à l’art et au commerce, ce ne sont que livres, plans, cartes, instruments de mathématique, sphère céleste et couronne d’Uranie. Les mêmes thèmes se retrouvaient déjà sur la table du cabinet intérieur de Marie-Antoinette en janvier 1781. Le résultat est respectueux de la fonction du meuble et des goûts du ci-devant roi. Ces remplois de 1794 sont probablement l’ultime geste de Riesener en faveur de la belle marqueterie.
Secrétaire en cabinet, vers 1785-1787. Malibu, The J.-P. Getty Museum. © The J.P. Getty Museum
« On peut aisément comprendre les causes de la disparition à partir de 1785 de la belle marqueterie dans la production d’un Riesener sèchement éloigné du Garde-Meuble de la Couronne et motivées par une évolution du goût parisien. »
Un sens des affaires très affûté
Le rachat, opéré seul ou en société, de plusieurs de ses meubles aux ventes révolutionnaires ou issus des différents dépôts de la Nation, releva plus de la spéculation que de la nostalgie. Dès janvier 1794, Riesener proposait dans ses ateliers de l’Arsenal quantité de meubles provenant de Versailles et de Trianon : « […] la plus grande partie de bel acajou et des mieux polis, d’autres de vieux laque du Japon et de la Chine, d’autres en pièces de rapport de marqueterie ombrée formant des tableaux de fleurs, des trophées mosaïqués et arabesques […] ». En octobre 1796, ce fut « le noyau dur » issu du dépôt de l’Infantado, annonçant la mise en vente de « secrétaire et commode en laque richement ornés de fonte dorée au mat… une grande et magnifique armoire à bijoux en bois d’acajou massif et mouluré avec figures et riches ornements de cuivre doré au mat, ayant appartenu à Stanislas-Xavier ci-devant Monsieur (le comte de Provence). Cette armoire à bijoux reparut le 29 décembre suivant dans les salons du fameux traiteur Mauduit grâce au tapissier Marceau, plus justement identifiée avec celle de la ci-devant Madame (la comtesse de Provence). Elle reparut au même moment dans la vente du marchand Villemain. Riesener était probablement toujours derrière ces mises en vente, car en octobre 1798, il sollicitait son « faux gendre » Ferdinand Guillemardet, nommé ambassadeur à Madrid, pour y vendre la fameuse armoire à bijoux, la commode et le secrétaire en laque de Marie-Antoinette à Saint-Cloud (aujourd’hui au Metropolitan Museum de New York ), un cabinet de laque, dessins à l’appui39. Mais les trois meubles de laque reparurent en vente publique à l’hôtel Bullion les 14-15 mars 1810, sans que l’on sache si la succession de Riesener était toujours partie prenante dans cette vacation.
Attribuée à N.-A. ou Fr.- A. Damerat, frise allégorique à la peinture, sur la paroi latérale du secrétaire à cylindre de Marie-Antoinette en 1784. Paris, musée du Louvre. © Grand Palais Rmn (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola
Des investissements dans l’immobilier
Ces ventes furent d’ailleurs décevantes et Riesener profita conjointement de la dévaluation rapide des assignats pour investir surtout dans l’immobilier issu des biens nobles ou ecclésiastiques confisqués : achat en décembre 1794 du château de Pontchardon à Champrozay pour le revendre au bout de deux ans ; rachat en 1796 de ses ateliers de l’Arsenal (son fils les revendra en 1808) ; achat en 1797 du domaine monastique de L’Hôpiteau à Sours près de Chartres, revendu moins de deux ans plus tard40. Cela put lui permettre de vivre très bourgeoisement avant de se rapprocher du nouveau pouvoir grâce à son fils devenu un portraitiste à la mode et dont l’épouse, nommée femme de chambre puis promue dame d’annonce de Joséphine, aurait retenu un instant le regard de Napoléon.
Seul le bas-relief du musée des Arts décoratifs, qui comporte une troublante figure supplémentaire pouvant suggérer une déception amoureuse permet aujourd’hui d’associer la famille Damerat au bref corpus tardif de Riesener. Paradoxalement, c’est ce qui aura contribué à adoucir sa traversée du désert puis à remettre son œuvre à l’honneur, même accommodée aux goûts nouveaux, en substituant le bronze doré à des médaillons de marqueterie que le temps avait déjà fait virer du printemps à l’automne.
Mais peut-être conviendrait-il maintenant de rechercher un nouveau nom pour les bronzes végétaux, qui viendrait ainsi s’ajouter à ceux de Boizot, Rémond, Martincourt et Damerat, afin de compléter l’équipe d’élite dont s’entoura l’ébéniste.
J.-H. Riesener (1734-1806), trophée de marqueterie placé en 1794 sur le secrétaire à cylindre du Roi. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Grand Palais Rmn (château de Versailles) / Mathieu Rabeau
Remerciements
J’ai plaisir à remercier J.-D. Augarde, V. Bastien, R. Bossard, E. Caude, L. Condamy, B. Delcourte, C. Desgrez, A. Foray-Carlier, C. Fouin, A. James-Sarazin, S. Molinier, C. Pincemaille, J. Vittet, C. Voiriot.
Notes
1 C. Baulez, « La commode de la bibliothèque de Louis XVI », La Revue du Louvre, 2000-2, pp. 59-76. Rééd. Versailles, deux siècles d’histoire de l’art, Société des Amis de Versailles, 2007, pp. 141-150.
2 Id., « François Rémond and Chimneypieces for Carlton House, 1787-1790 », Furniture History, Vol. XLIII (2007), pp. 9-19.
3 Ce doreur, mis en apprentissage chez Léon Dufour en 1760 et reçu maître en 1768, racheta le fonds de son maître. Il épousa en 1776 la fille de Jacques-François De Paris, sculpteur-modeleur à la Manufacture de Sèvres. Son inventaire après décès mentionne un petit registre d’ouvrages pour Riesener, arrêté à 3 350 livres, ainsi que pour plusieurs ébénisteries et horlogeries, destinées à Grandchez et Daguerre (Arch. Nat., MCN XXXIV 748, 21 septembre 1785).
4 C. Baulez, in Riesener, dir. H. Jacobsen, 2020, op. cit., p. 11.
5 Arch. Nat., MCN XLVI 483, inv. 18 octobre 1781, mentionnant une instance entre les deux hommes au Consulat de Paris.
6 C. Fontana, « Claude-Charles Saunier », L’Objet d’Art n° 373, octobre 2002, pp. 70-82.
7 M. Prieur, « Für Guss, Ziselierung und matte Vergoldung », in Möbel design Roentgen, Thonet und die Moderne, Willscheid und Thillemann, 2011, pp. 125-151.
8 P. Verlet, Le Mobilier Royal français, tome I, Paris, Plon, 1945, pp. 65-95.
9 Id., Le Mobilier Royal français, tome III, Paris, Picard, 1994, n° 19, pp. 166-169.
10 Id., Objets d’Art français de la Collection Galouste Gulbenkian, Lisbonne, 1969, n° 6.
11 Id., op. cit. 1994, n° 22, pp. 179-181.
12 Id., Le Mobilier Royal français, tome I, éd. Art et Histoire, 1945, n° 12, pp. 27-29. D. Alcouffe, Le Mobilier au Musée du Louvre, éd. Faton, 1993, n° 95, pp. 283-285.
13 P. Verlet, 1945, op. cit., n° 8, pp. 18-21. P. Arrizoli-Clémentel, Le Mobilier de Versailles XVIIe et XVIIIe siècles, éd. Faton, 2002, n° 27, pp. 91-96.
14 P. Verlet, « Le boudoir de la Reine à Fontainebleau », Art de France, t. Ier, 1961, pp. 161-168. Y. Carlier, Le boudoir de Marie-Antoinette à Fontainebleau, Somogy, 2006.
15 C. Duclos, « Le serre-bijoux de Marie-Joséphine de Savoie », Versalia, 2012, pp. 101-106. R. Bird, in Riesener, 2020, op. cit., pp. 188-193.
16 P. Verlet, Les Bronzes dorés français, Paris, Picard, 1987, p. 372. J.-P. Samoyault, Le Mobilier de Versailles, chefs-d’œuvres du XIXe siècle, en collaboration avec P. Arrizzoli-Clémentel, éd. Faton, 2009, pp. 78-83.
17 M.-A. Sarda, Le trompe-l’œil, exp. Musée de Brou, 2005, n° 25, p. 73.
18 G. de Bellaigue, « 18th Century French Furniture and its Debt to the Engraver », Apollo, vol. LXXVII (janvier 1963, pp. 16-22).
19 M. Jackson, in Riesener, 2020, op. cit., p. 45, fig. 34.
20 L. Hug, « Jean-Baptiste Huet ou l’art de la pastorale », L’Estampille/L’Objet d’Art n° 311, mars 1997, pp. 24-37.
21 H. Jacobsen, 2020, Riesener, op. cit., n° 19, pp. 153-156.
22 D. Meyer, Le Mobilier de Versailles, XVIIe et XVIIIe siècles, éd. Faton, 2002, n° 20, pp. 78-79. C. Voiriot in Décors, Mobilier et Objets d’Art du Musée du Louvre, dir. J. Durand, Somogy, 2014, n° 162, pp. 400-401.
23 D. Alcouffe, Le Mobilier au Musée du Louvre, éd. Faton, 1993, n° 95, pp. 283-285.
24 P. Leperlier, « L’hôtel de la rue Cerutti », in La Reine Hortense. Une femme artiste, cat. expo. Malmaison, éd. RMN, pp. 84-97. Id., vente Sotheby Parke Bernet Monaco SA, Monte Carlo, 3 mai 1977, lots 20 à 22 ; vente Christie’s, Monaco, 11-12 décembre 1999, lot 35.
25 P. Hugues, The Wallace Collection, cat. of Furniture, Londres, 1996, vol. 3, pp. 878-882.
26 P. Verlet, op. cit., 1990, n° 21, pp. 91-93.
27 Arch. Nat., O1 3320, fol. 173, n° 3313 du GM ; O1 3461, fol. 563, inv. 1785 ; O1 1764 B, dossier 5, inv. 1787.
28 J.-P. Samoyault, Meubles entrés sous le Premier Empire au Musée national du château de Fontainebleau, RMN, 2004, n° 300, p. 363.
29 Th. Dell, Furniture in the Frick Collection, vol. VI, 1992, pp. 72-91.
30 P. Verlet, op. cit., 1990, n° 26, pp. 102-104. D. Alcouffe, op. cit., 1993, n° 93, pp. 280-281.
31 S. Cordier, Bellangé ébénistes : Une histoire du goût au XIXe siècle, Paris, Mare & Martin, 2012, pp. 293-294, 584, 592-593.
32 H. Jacobsen, Riesener, op. cit., 2020, n° 23-24, pp. 176-179.
33 Arch. Nat., O1 3320, fol. 60, n° 3043 du GM.
34 S.-M. Bennett, C. Minter in C. Sargentson, French Art of the Eighteenth Century at the Huntington, 2008, n° 175, pp. 475-476.
35 H. Jacobsen, Riesener, op. cit., 2020, n° 22, pp. 173-175 et n° 25, pp. 180-183.
36 C. Bremer-David, Summary Catalogue of the Collections of the Paul Getty Museum, 1993, n° 53, pp. 43-44.
37 Y. Carlier, La galerie de meubles du château de Fontainebleau, Somogy, 2099, pp. 81-83.
38 H. Jacobsen, J.-H. Riesener, op. cit., 2020, n° 2, pp. 96-99 et 235.
39 Vente étude Daguerre, Drouot, 26 XI.2024, lots 47 à 51.
40 C. Baulez, J.-H. Henri Riesener, dir. H. Jacobsen, 2020, op. cit., pp. 11-15.