6ᵉ Prix international de la reliure d’art au musée Médard
Reliure de María Isabel Arenas (Chili) sur Floriography de Jessica Roux. Reliure double en cuir souple avec coutures françaises, reliefs et mosaïques tridimensionnelles. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
La reliure de création contemporaine est à l’honneur au musée Médard, dans l’Hérault, qui accueille tout l’été une soixantaine d’œuvres réalisées sur le thème de « l’imaginaire végétal ». Elles s’épanouissent parallèlement à l’exposition « Le langage des fleurs », qui présente de remarquables ouvrages patrimoniaux sur la botanique.
Les Amis du musée et du fonds Médard, sous la présidence de Marie-Claude Rosello, organisaient au printemps leur 6e Prix international de la reliure d’art. Le sujet de « l’imaginaire végétal » a manifestement beaucoup plu, donnant lieu à une incroyable éclosion de formes et de couleurs. Le jury de ce concours élaboré tous les trois ans était composé des relieuses Claude Adélaïde Brémond et Marie-Laure Tanguy, et de Guillaume Boppe, du service Patrimoine de la bibliothèque Carré d’Art à Nîmes, sous la présidence de Robert Lobet, artiste et fondateur des éditions de la Margeride. Ce jury a eu la tâche difficile de choisir les lauréats parmi une soixantaine de relieurs.
Premier prix
Le 1er prix a été attribué à Cathy Adelman (États-Unis) pour sa reliure sur Heaven on Earth de John Muir. « La sobriété et la classe de ce livre, ainsi que sa réalisation impeccable avec étui, boîte, tranchefile rouge, intérieur très sobre et très soigné » ont séduit les membres du jury à l’unanimité. La reliure, en peau de chèvre glacée noire, est ornée d’incrustations de verre pilé et cuir grainé « représentant les chaînes de montagne que J. Muir utilisait pour exprimer la beauté et la grandeur de nos forêts et parcs de montagnes sauvages », précise Cathy Adelman.
Reliure de Cathy Adelman (États-Unis) sur Heaven on Earth de John Muir, ill. de Charles D. Jones. Reliure en peau de chèvre glacée noire, incrustations de verre pillé, pages de garde cuir taupe et papier bord supérieur teinté graphite, tranchefiles en soie rouge à la main, boîte, étui papier en cuir et daim. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
Deuxième prix
Le 2e prix a été décerné à Fanette Chavent (France) pour son travail sur Le Jardin secret de Frances H. Burnett pour « l’originalité et la finesse des découpages, façon pop-up, ainsi que la présentation du volume pleine de fraîcheur et de légèreté. Un livre qui résume parfaitement le thème du concours et qui conjugue des techniques de conservation et de livres animés », confient les membres du jury.
Reliure de Fanette Chavent (France) sur Le Jardin secret de Frances H. Burnett, ill. et collages de Fanette Chavent. Reliure pop-up, croisement de techniques de conservation et de techniques de livres animés, étui souple inspiré d’un pliage origami. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
Troisième prix
Laurence Larrieu (France) a reçu le 3e prix pour Jardins de la Fontaine de Bernard Pignero, illustré par Robert Lobet. « Le format peu courant et la parfaite réalisation des plats en mosaïque de bois teintés et d’essences différentes font de ce livre une œuvre originale et unique. La relieuse a écrit à la main avec une très belle calligraphie un poème sur la nature. Les dessins sont par hasard l’œuvre du président du jury, qui s’est retiré des débats pour ne pas influencer les autres membres. »
Reliure de Laurence Larrieu (France) sur Jardins de la Fontaine de Bernard Pignero, ill. de Robert Lobet. Reliure Bradel suisse format paysage avec dos cuir et plats rapportés en bois mosaïqué à l’extérieur et noyer sur le contreplat, plats couverts de mosaïque de bois teintés de diverses essences et d’incrustations cuir, gardes volantes en papier fait main par Ruscombe Paper Mill, unicus. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
Coup de cœur du jury
Ces trois prix ont été complétés par un coup de cœur du jury concernant la reliure de Yohana Doudoux (France) sur Pour un herbier de Colette illustré par Pia Roshardt. Ce prix a été dicté par le désir de « distinguer cette jeune et talentueuse relieuse pour sa réalisation originale et très bien maîtrisée ».
Reliure de Yohana Doudoux (France) sur Pour un herbier de Colette illustré par Pia Roshardt. Reliure passé-carton en plein veau, fond « marbré » à l’encre typographique, graminées en mosaïque de cuir sur les plats s’entremêlant avec le nom de l’auteur en mosaïque de cuir bombée, contreplats doublés bord à bord en même peau, gardes volantes en papier monotypé, tranchefiles brodées. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
Coup de cœur de l’équipe du musée
Quant au coup de cœur de l’équipe du musée, il est allé à María Isabel Arenas (Chili) pour Floriography de Jessica Roux. « Cette reliure est un petit bijou : nous avons décidé de lui décerner ce prix et de lui consacrer l’affiche éditée pour l’exposition. Une manière de la récompenser car elle n’a pu être primée en raison de son arrivée hors délai à cause de problèmes de poste. » Cette reliure double en cuir souple avec coutures françaises et son décor de reliefs et mosaïques tridimensionnelles ont su convaincre.
Reliure de María Isabel Arenas (Chili) sur Floriography de Jessica Roux. Reliure double en cuir souple avec coutures françaises, reliefs et mosaïques tridimensionnelles. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
Signalons une œuvre hors concours signée Claude Adélaïde Brémond créée sur Camargue, un livre d’artiste de Robert Lobet. Et saluons une très bonne idée : un film présenté dans l’exposition montre certains détails des reliures qu’on ne peut voir une fois le livre sous vitrine, permettant une exploration instructive des faces cachées du volume.
Toutes les reliures décorées, semées dans le musée, ont éclos cet été pour le plus grand plaisir des visiteurs. Les matériaux font référence au monde végétal, de même que les compositions s’étalant en pétales, grappes ou ombelles, tantôt aériennes, tantôt terriennes, fleurs uniques ou bouquets, dans une explosion de couleurs.
Les lauréates, de gauche à droite : Cathy Adelman (1er prix), Yohana Doudoux (prix du jury), Laurence Larrieu (3e prix). Et Marie-Claude Rosello accompagnée de Corinne Poléri, adjointe à la Culture de Lunel, et Valérie-Alice Dumoulin, directrice du musée Médard. © Renée-Marie Raynal/Marie Claude Rosello
« Reliures enchantées : l’imaginaire végétal », jusqu’au 21 septembre 2025, musée Médard, 71, place des Martyrs de la Résistance, 34400 Lunel. Tél. : 04 67 87 83 95, site Internet : lunel.com. Catalogue 30 €.
