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Franck Michel, un relieur à l’établi

Reliures courantes réalisées par l’Atelier de Reliure dirigé par Franck Michel : pleines toiles, demi-chagrin ou buffle, reliures parlantes, demi-toiles…

Reliures courantes réalisées par l’Atelier de Reliure dirigé par Franck Michel : pleines toiles, demi-chagrin ou buffle, reliures parlantes, demi-toiles… © L'Atelier de Reliure

Après une solide formation, Franck Michel, amoureux de la montagne, s’est installé au cœur de Grenoble dans une rue qui porte le nom d’un illustre natif de la ville : Stendhal. Il a repris un atelier créé en 1932, où il pratique la reliure traditionnelle, la dorure et la restauration de livres anciens et d’œuvres graphiques. Son credo ? « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. » Son but ? Accomplir le geste juste pour aller à l’essentiel.

Étudiant à l’École Estienne de 1994 à 1998, c’est à cause d’un acronyme, ou grâce à lui, que Franck Michel est aujourd’hui relieur. Après des études à Besançon, il passe le concours de mise à niveau pour pouvoir intégrer une section d’architecture intérieure. Il faut choisir et cocher une case : MANAA (arts appliqués) ou MANMA (métiers d’art). Il ignore la signification de l’un et l’autre sigle, coche au hasard et découvre les métiers d’art.

Des rencontres décisives

Une erreur de casting positive, la rencontre de professeurs investis, passionnants et généreux de leurs savoirs et le voilà sur les bons rails. Lui qui lisait, caché sous les draps jusqu’à 1h du matin dès l’âge de 10 ans, se retrouve dans un atelier où l’on protège et répare les livres à la main. Durant ses années d’études, il effectue plusieurs stages en entreprise et fait des rencontres qui vont influencer la suite de son parcours. Il y aura Nadine Dumain, avec qui il découvre le quotidien d’un atelier artisanal. Il apprend beaucoup sur la pratique de la reliure, mais aussi sur la méthodologie et l’organisation de l’espace de travail. Il s’est approprié une phrase qu’elle lui disait, et qu’il répète à ses stagiaires : « Ça peut aller mais tu feras mieux la prochaine fois. » Il poursuit son apprentissage en Suisse, aux Archives fédérales de Berne, où il apprend la restauration de documents graphiques (doublage de calques, traitement des supports papier et parchemin, des pigments, désacidification, humidification). Le chef d’atelier, enchanté d’avoir un stagiaire qui sort du cadre des formations suisses, va lui transmettre ses connaissances et son savoir-faire durant son séjour. Il lui confie un train de 120 documents grâce auxquels il balaie quasiment tous les traitements possibles de la restauration papier. Il acquiert ses compétences en restauration cuir lors de son stage au Centre interrégional de conservation du livre (CICL) à Arles, sous la responsabilité de François Vinourd.

Reliures courantes : demi-cuir, papier marbré.

Reliures courantes : demi-cuir, papier marbré. © L'Atelier de Reliure

Débuts professionnels

En 1998, il passe le concours de technicien d’art de la Bibliothèque nationale de France qui crée des postes après l’ouverture des sites de Tolbiac et de Bussy-Saint-Georges, où il est recruté en septembre 1998. Il effectue essentiellement des travaux de restauration. Au bout d’un an, il intègre le site de Tolbiac où il travaille seul pour réaliser des demi-cuirs et des pleines toiles, mais la montagne manque à cet originaire de Franche-Comté. Au CICL, il a rencontré Emmanuelle Joseph, elle aussi formée à l’École Estienne après un brevet des métiers d’art (BMA) au lycée professionnel Tolbiac. Ils veulent partir vers les Alpes ou les Pyrénées et ouvrir un atelier de reliure artisanale. La BnF lui permet d’effectuer un stage à la bibliothèque municipale de Grenoble. Il n’y a pas de mutation possible mais, à quelques centaines de mètres, un atelier de reliure est à vendre pour cause de départ en retraite.

Un atelier à Grenoble

Créé en 1932 par Madame Douron, elle-même fille de relieurs, il avait été acquis dans les années 1960 par Monsieur Marius Pinel. En 2001, il est repris par Franck Michel et Emmanuelle Joseph. Un atelier historique dans cette municipalité qui n’en compte désormais plus que deux, contre une douzaine au début du XXe siècle. Ils réalisent alors de la reliure courante pour des notaires, des avocats, des mairies, des administrations diverses et des particuliers. Ils travaillent durant quelques mois avec l’ancien relieur, rencontrent la clientèle et s’adaptent au rythme de l’atelier. Ils apportent de la nouveauté, tout en conservant les commandes de reliures courantes qui leur permettent de dégager deux salaires dès le début de leur activité. Ils embauchent même un apprenti, aujourd’hui installé dans le Lot. « Nous avons toujours eu suffisamment de travail pour être au moins trois, voire quatre pendant plusieurs années. » Emmanuelle s’occupe de la dorure, tandis que Franck développe le pôle restauration, qui n’existait pas, en démarchant les services d’archives et les musées, puis en se faisant connaître auprès des libraires en livres anciens de la région et au-delà. En 2006, Emmanuelle Joseph quitte l’atelier, Franck rachète ses parts et se retrouve seul capitaine.

Franck Michel et Mathilde Caillet devant l’Atelier de Reliure, 11 rue Beyle Stendhal à Grenoble.

Franck Michel et Mathilde Caillet devant l’Atelier de Reliure, 11 rue Beyle Stendhal à Grenoble. © L'Atelier de Reliure

Artisan en région

Dès 2001, Franck intègre l’Usama (Union des savoir-faire des artisans des métiers d’art) – devenue ARTIZZ’ (Artisans d’art en Isère) en 2015. Créée en 1968, cette association regroupe des artisans d’art du bassin grenoblois qui veulent promouvoir leurs métiers, perpétuer la passion du patrimoine et des savoir-faire traditionnels et transmettre l’amour du travail bien fait à un public le plus large possible. L’adhésion se fait par cooptation et permet de réunir des artisans de qualité qui peuvent se recommander les uns les autres auprès d’éventuels clients communs. Ils participent à des manifestations ponctuelles dans des lieux d’expositions collectives ; durant les Journées du patrimoine et les Jema (Journées européennes des métiers d’art), aux salons des créateurs d’art (Artisa) ou des antiquaires à Grenoble. « C’est de l’éducation populaire, dit Franck ; nous montrons ce qu’est un métier d’art et les formations qui existent dans les domaines concernés. Cela crée une solidarité entre professionnels de différents domaines. »

Amnistie !, 1947, 120 x 80 cm. Restauration des déchirures et lacunes d’une affiche ancienne (doublage sur papier japon et entoilage). Réalisation Franck Michel.

Amnistie !, 1947, 120 x 80 cm. Restauration des déchirures et lacunes d’une affiche ancienne (doublage sur papier japon et entoilage). Réalisation Franck Michel. © L'Atelier de Reliure

Mathilde Caillet en renfort

La clientèle est composée de particuliers, de libraires de livres anciens, de notaires, mairies, services d’archives, musées, qui commandent des reliures traditionnelles, de la restauration de livres et d’estampes et parfois de la reliure de création. L’atelier a toujours accueilli des stagiaires issus d’écoles ou en reconversion, mais il reçoit également des élèves de collèges et lycées pour des stages d’une semaine en observation. En 2016, Mathilde Caillet, étudiante à l’École Estienne, effectue son stage de diplôme des métiers d’art (DMA) chez Franck. Ce dernier l’embauche en 2017, deux semaines avant l’obtention de son diplôme. Elle est aujourd’hui une collaboratrice et un maillon essentiels dans le bon fonctionnement et l’organisation de l’atelier. Les rôles de chacun sont bien définis : Mathilde réalise les reliures courantes, demi-soignées et soignées, ainsi que la dorure, au film ou à la feuille d’or, notamment pour les pastiches XVIIIe. Il lui arrive d’établir des devis en l’absence de Franck et elle réalise aussi de petits travaux de restauration. Franck gère la partie administrative et livre les commandes. Il est spécialisé en restauration de livres anciens, de cartonnages, de bandes dessinées et en restauration d’affiches et d’estampes.

Mathilde Caillet au cousoir.

Mathilde Caillet au cousoir. © Matéa Palévody

Un spécialiste de la restauration de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert

Dans le cadre de la conservation préventive, ils réalisent des boîtes, des chemises, des étuis ainsi que des conditionnements adaptés aux besoins spécifiques (entoilage, mise sous pochettes Mylar et boîtes pour des plans cadastraux). Ils font également un peu de gainerie pour un ébéniste et il leur arrive de travailler à des commandes originales : restaurer une jonque en ivoire, une valise en carton bouilli, une sacoche de postillon, la maquette d’une maison de San Francisco datant du début du XXe siècle ou, en dorure, refaire un médaillier pour la maison A. Raymond. Avec le temps, Franck est devenu un spécialiste de la restauration de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert puisqu’il est intervenu sur cinq exemplaires de l’édition originale en 35 volumes, dont trois pour le même libraire, Daniel Bayard. Pour l’une d’entre elles, tous les dos en cuir avaient été dévorés par les lévriers d’un bibliophile qui les conservait pourtant dans sa bibliothèque ! « Nous travaillons assez régulièrement sur des ouvrages extraordinaires, particulièrement en restauration. Il faut savoir sortir de l’émerveillement provoqué par un objet patrimonial précieux, qui peut être paralysant, pour se concentrer sur les tâches à effectuer. »

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, édition de base in-folio, dite « de Paris » en 35 volumes + bon de souscription, éditée de 1751 à 1780 sous la direction de Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d’Alembert et Louis de Jaucourt.

L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, édition de base in-folio, dite « de Paris » en 35 volumes + bon de souscription, éditée de 1751 à 1780 sous la direction de Denis Diderot et, partiellement, de Jean Le Rond d’Alembert et Louis de Jaucourt. © L'Atelier de Reliure

« Nous travaillons assez régulièrement sur des ouvrages extraordinaires, particulièrement en restauration. Il faut savoir sortir de l’émerveillement provoqué par un objet patrimonial précieux, qui peut être paralysant, pour se concentrer sur les tâches à effectuer. »

L’outil, la main, le geste, la transmission

Franck aime à rappeler qu’il est avant tout un artisan relieur et restaurateur, attaché à son établi, ses outils, au travail manuel et à la formation. « Je confie volontiers des reliures administratives aux étudiants qui viennent en stage à l’atelier car la répétition des tâches sur une série de 30 gros volumes est, à mon sens, la meilleure école. Ce type de reliure m’a appris à aller à l’essentiel des gestes à effectuer. Il faut savoir organiser son espace pour aller vite et bien réfléchir au rapport entre le travail de l’artisan et les nécessités économiques d’un atelier : les attentes en reliure courante ne sont pas les mêmes qu’en reliure soignée ou en restauration. Mais l’enjeu n’est pas uniquement économique, il est aussi lié à la justesse du geste, qui est capitale. Si l’on passe 30 mn à couvrir un chagrin, le rendu ne sera pas le même que si l’on fait cette couvrure en 10 mn, le grain du cuir ne sera pas fatigué par les frottements, il restera beau et brillant. J’ai beaucoup réfléchi avec un ergonome à l’organisation de l’atelier pour optimiser les gestes afin qu’ils ne soient pas traumatisants pour le corps et pour avoir la bonne posture au-dessus du plan de travail. Les registres de notaire pèsent 4 kg et, quand il y en a 30 à relier, c’est 120 kg à manipuler plusieurs fois, soit près d’une tonne soulevée à la fin de la journée. À force d’éliminer certaines étapes, d’en modifier d’autres, je suis arrivé à l’essentiel en reliure courante : une étape en moins et ce ne sera plus une reliure ; une étape en plus, c’est un surplus inutile. Il y a aussi un aspect méditatif avec le travail de série, qui permet de réfléchir et de trouver des solutions pour des travaux plus complexes. »

Maurice Alhoy et Louis Huart, Les Cent et Un Robert-Macaire, illustré par Honoré Daumier, 2 volumes in-4, chez Aubert et Cie, 1839. Pastiches de reliures d’époque patinées en demi-chagrin à coins, papier à la colle et dorure. Réalisation Mathilde Caillet et Franck Michel.

Maurice Alhoy et Louis Huart, Les Cent et Un Robert-Macaire, illustré par Honoré Daumier, 2 volumes in-4, chez Aubert et Cie, 1839. Pastiches de reliures d’époque patinées en demi-chagrin à coins, papier à la colle et dorure. Réalisation Mathilde Caillet et Franck Michel. © L'Atelier de Reliure

« Franck aime à rappeler qu’il est avant tout un artisan relieur et restaurateur, attaché à son établi, ses outils, au travail manuel et à la formation. »

Une clientèle variée

Franck participe également à plusieurs salons de livres anciens : le Salon de la bibliophilie à Saint-Sulpice et celui de la bibliophilie et de l’iconographie à l’espace Cléry pour Paris, les salons du livre ancien et contemporain à Colmar et à Chambéry. Ces événements lui amènent une clientèle de particuliers et de libraires qui lui permet de sortir de son environnement grenoblois, où les bibliophiles sont peu nombreux. Sa clientèle est en effet répartie dans toute la France et même en Suisse, car il est aisé, aujourd’hui, de faire des devis sur photos et d’expédier les livres. Il est peu présent sur les réseaux sociaux, qu’il trouve chronophages. Ce mode de communication ne l’intéresse pas beaucoup, malgré quelques tentatives. Il s’y est quand même astreint pendant deux ans en faisant appel à un community manager qui lui a créé une chaîne YouTube… sans grand succès. Il vient de refonder son site Internet qui est bien référencé et lui apporte chaque semaine, depuis six mois, une demande de devis. Mais le bouche à oreille et les rencontres lors des salons restent son mode de communication privilégié.

Œuvres de A. René Le Sage, 12 volumes in-8, Ledoux, 1828. Pastiche de reliures d’époque patinées et restauration de reliures anciennes en demi-veau (coins, tranchefiles, coiffes, mors et dorure), papier marbré et dorure. Réalisation Mathilde Caillet et Franck Michel.

Œuvres de A. René Le Sage, 12 volumes in-8, Ledoux, 1828. Pastiche de reliures d’époque patinées et restauration de reliures anciennes en demi-veau (coins, tranchefiles, coiffes, mors et dorure), papier marbré et dorure. Réalisation Mathilde Caillet et Franck Michel. © L'Atelier de Reliure

Le Salon du livre de Chambéry

Depuis plusieurs années, Franck Michel et Jean-Yves Margotton, libraire à Pontcharra et président de l’association Alpes Pages Antiks, souhaitaient créer un salon du livre ancien dans l’arc alpin. C’est grâce à Aurore Hermet, une amie chambérienne, qu’ils obtiennent des rendez-vous avec les élus de Savoie – mairie, département – et les responsables de bibliothèques et de musées. Tous vont adhérer avec enthousiasme au projet. La première édition du Salon du livre ancien et contemporain de Chambéry (Slach) voit le jour en mars 2024 au musée des Beaux-Arts (lire l’article dans AML n° 360, janvier-février 2024). 25 libraires, venus de toute la France, et un relieur grenoblois ont présenté leurs ouvrages remarquables autour du thème du voyage à plus d’un millier de visiteurs durant un week-end. Ceux-ci étaient autant des bibliophiles que des curieux venus de toute la France et même de Suisse. La deuxième édition s’est déroulée les 5 et 6 avril derniers dans le même lieu et sur le thème de la nature. Une trentaine de libraires sont prévus. Des conférences et tables rondes porteront sur les naturalistes Jean-Jacques Rousseau et Jean-Jacques Audubon. Autres propositions : des visites guidées du musée et de l’artothèque, ainsi qu’une exposition de livres à la médiathèque, un atelier de fabrication d’herbiers animé par Mathilde Caillet, un atelier d’écriture avec le foyer de jeunes travailleurs du quartier. Il y aura même des crieuses publiques pour faire la promotion du salon dans les rues de Chambéry ! L’objectif ne se limite pas à la vente de volumes anciens aux collectionneurs. Les organisateurs ont aussi l’ambition d’attirer un nouveau public et de rajeunir la clientèle des bibliophiles. Pour cela, il faut donner de la visibilité au livre ancien et à la reliure, éduquer ce jeune public afin qu’il découvre l’univers du livre et ses métiers.

Salon du Livre ancien et contemporain de Chambéry, mars 2024.

Salon du Livre ancien et contemporain de Chambéry, mars 2024. © Aurore Hermet

Un atelier de proximité

Franck travaille depuis quelque temps avec Géraldine Genthon, qui propose ses prestations de biographe hospitalière à des personnes âgées. L’écrit se met au service de la mémoire, il devient passeur pour raconter la petite histoire avant qu’elle ne s’efface, la fige pour lutter contre l’oubli. Entre les mots et le livre, l’oralité devient matérielle et cette combinaison représente une forte charge émotionnelle. La démarche plaît à Franck, qui relie ces souvenirs forgés par une mémoire subjective et affective. Franck et Mathilde sont également sensibles aux demandes de clients de passage qui font relier ou restaurer des livres ayant une valeur sentimentale (le livre de cuisine de la grand-mère, l’album de mariage des parents…). Cette dimension crée un rapport très humain avec la clientèle, toujours émue lors de la réception des ouvrages. Un autre projet lui tient à cœur : proposer aux bibliophiles d’entretenir leurs livres à domicile en intervenant directement dans leur bibliothèque pour dépoussiérer, nettoyer et cirer les livres anciens, effectuer de petites restaurations in situ, redonner de l’éclat aux livres. Faire de la prévention pour l’entretien courant et ne traiter que les « grands malades » en atelier ! L’Atelier de Reliure, c’est aussi le dernier endroit où l’on cause… Les gens savent qu’ils seront bien accueillis. Qu’ils soient de passage ou du quartier, ils viennent, s’installent, discutent et racontent leur vie, leurs petits bonheurs et leurs malheurs : « Ils s’y sentent bien et oublient parfois qu’il s’agit de notre lieu de travail. Mais certains nous touchent et, avec le temps, ils font partie de notre quotidien. »

L’Atelier de Reliure, Franck Michel, 11, rue Beyle Stendhal, 38000 Grenoble. Tél. : 06 60 36 34 40 / 04 76 43 07 47, courriel : f.michel@atelierdereliure.fr, www.atelierdereliure.fr, instagram.com/latelierdereliure, facebook.com/L atelier de reliure Franck Michel