La République en musique aux Archives nationales

Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826), Des citoyens chantant l’hymne des Marseillais, 1792, musée Carnavalet – Histoire de Paris, D. 9069. © Paris Musées / Musée Carnavalet.
En collaboration avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, les Archives nationales présentent une exposition sur la place de la musique dans l’histoire de la République française. Depuis les temps de la ferveur révolutionnaire jusqu’aux avancées sociales du Front populaire, chansons et compositions continuent d’accompagner les évolutions de notre société.
Dès les débuts de la Révolution française, le nouveau pouvoir politique perçoit d’emblée le potentiel mobilisateur qu’il peut tirer de la musique et des textes louant ses mérites et ses combats.
La Marseillaise sur le devant de la scène
En en juin 1794, le Comité de salut public « appelle les poètes à célébrer les principaux événements de la Révolution française ; à composer des hymnes et des poésies patriotiques ». La musique persiste, depuis, à donner le « la » à la vie politique et à rythmer de son tempo les revendications politiques, comme le montre cette exposition qui fait la part belle à notre hymne national. Brièvement chant national en 1785, La Marseillaise, née sous la plume de Rouget de Lisle, ne prend véritablement la place qu’on lui connaît de nos jours que sous la IIIe République : l’exposition revient en détail sur cette œuvre, à laquelle sont préférés un temps Le Chant du départ et, sous Napoléon, Veillons au salut de l’Empire, mais qui n’a cessé d’être jouée, adaptée, notamment par Berlioz dans une version pour orchestre, puis a été au fil du temps l’objet de bien des détournements et parodies, témoignant de sa capacité galvanisante toujours intacte.
Air des Droits de l’homme et du citoyen…, mis en vers et en musique par les citoyens Mentelle et Langlé. 6 ventôse an II [24 février 1794], Archives nationales, D/XXXVIII/5. © Archives nationales / DIS / Rémi Champseit
Des revendications politiques en chansons
Plus largement, c’est toute l’histoire de la mise en musique du fait politique français qui est ici restituée, grâce à des instruments oubliés comme le buccin ou le basson russe, ornés de têtes de dragon, et à de nombreux documents et œuvres iconographiques qui jalonnent le parcours : correspondance, commandes, documents officiels ou privés, affiches, partitions… Tous ces éléments attestent l’utilisation de la musique à des fins politiques par le pouvoir, qui crée dès 1793 l’Institut national de musique, appelé à devenir deux ans plus tard le Conservatoire national, et dont des établissements annexes maillent l’Hexagone à partir de 1826. L’exposition rappelle le rôle central joué par certaines figures dans la naissance de musiques patriotiques, depuis l’incontournable Étienne Nicolas Méhul du Paris révolutionnaire jusqu’aux célèbres Debussy, Saint-Saëns ou encore Ravel ; mais elle rappelle également comment éclosent, aux marges de la société française, de nouvelles compositions, emblématiques des aspirations grandissantes des classes ouvrières, à l’instar du Temps des cerises en 1866 et de L’Internationale en 1871, aspirations qui verront leur triomphe au siècle suivant sous le Front populaire, dont l’action contribuera encore davantage à faire de la musique aussi bien un divertissement qu’un moyen d’instruction et d’émancipation.
« Musique et République. De la Révolution au Front populaire », jusqu’au 14 juillet 2025, Archives nationales, 60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Tél. : 01 40 27 60 96. www.archives-nationales.culture.gouv.fr