Le calendrier des Très Riches Heures du duc de Berry décrypté mois par mois. Juillet : « La moisson »
Les frères de Limbourg, Très Riches Heures du duc de Berry, ms. 65, folio 7 v°, le mois de juillet, « La moisson » (détail), vers 1411-1416. Chantilly, bibliothèque du musée Condé. 21 x 29 cm. © GrandPalaisRmn (Domaine de Chantilly)/Michel Urtado
Réalisées au XVe siècle, les Très Riches Heures du duc de Berry sont sans doute le manuscrit le plus célèbre au monde. Enluminées par les frères de Limbourg, éminents artistes attachés à la cour de Bourgogne puis de Berry, qui ont révolutionné l’histoire de l’art, elles se composent de 121 miniatures qui captivent par leurs représentations de châteaux historiques, de scènes princières et des travaux des champs rythmés par les saisons. À l’occasion de la restauration de ce chef-d’œuvre, montré seulement deux fois au public depuis la fin du XIXe siècle, il est possible d’admirer les 12 folios du calendrier dérelié jusqu’au 5 octobre dans la salle du Jeu de Paume du château de Chantilly. Nous vous présentons aujourd’hui le folio 7 v°, « La moisson », illustrant le mois de juillet.
C’est la capitale du comté de Poitou qui est évoquée au mois de juillet, avec le château de Poitiers.
Le château triangle
Placé à la confluence de la Boivre et du Clain, dans la partie basse de la ville, à l’angle nord-ouest de l’enceinte urbaine, ce château à la forme triangulaire caractéristique fut bâti par Alphonse de Poitiers, avant d’être reconstruit par Jean de Berry. Il avait été endommagé par les Anglais en 1346 et par les Français durant le siège de 1372. C’est l’architecte Guy de Dammartin qui dirigea les travaux de reconstruction à partir de 1382. L’architecture flamboyante naissante prônée par ce maître général des œuvres du duc, développant les ornements au sommet des tours et du logis principal, est ici bien perceptible. Seule l’une des trois tours d’angle subsiste aujourd’hui. L’un des ponts au tablier de bois mène à la rive droite du Boivre. Près de lui glissent quelques cygnes, l’un des animaux emblématiques du duc de Berry.
Les frères de Limbourg, Très Riches Heures du duc de Berry, ms. 65, folio 7 v°, le mois de juillet, « La moisson » (détail), vers 1411-1416. Chantilly, bibliothèque du musée Condé. 21 x 29 cm. © GrandPalaisRmn (Domaine de Chantilly)/Michel Urtado
Il était une bergère
Les abords sont animés par les travaux d’été dans les champs et les prés. Au premier plan, un berger et une bergère agenouillés dans l’herbe coupent la laine de leurs moutons. Ils manient chacun une force de la main droite, tout en maintenant de l’autre une brebis immobile sur leurs genoux. De l’autre côté de la rivière, deux paysans, les jambes nues et la tête couverte d’un chapeau de paille, moissonnent en cadence un champ bordé d’arbres. Aucun détail utile à cette opération n’a été oublié par les frères de Limbourg. Les moissonneurs coupent les blés à l’aide d’un volant, une longue faucille ouverte. Une baguette leur permet d’isoler un paquet de tiges pour le couper en lançant l’instrument. L’un des hommes porte même une pierre à aiguiser à la ceinture. Les blés sont agrémentés de fleurs colorées, bleuets et coquelicots. L’arrière-plan de la miniature est enfin habité par les falaises rocheuses des bordures du Clain.
Les frères de Limbourg, Très Riches Heures du duc de Berry, ms. 65, folio 7 v°, le mois de juillet, « La moisson », vers 1411-1416. Chantilly, bibliothèque du musée Condé. 21 x 29 cm. © GrandPalaisRmn (Domaine de Chantilly)/Michel Urtado
« Les Très Riches Heures du duc de Berry » jusqu’au 5 octobre 2025 au Château de Chantilly, Salle du Jeu de Paume, 60500 Chantilly. Tél. : 03 44 27 31 80. chateaudechantilly.fr
Art de l’enluminure n° 93, Éditions Faton, 16 €.
Sommaire
Folio 7 v°, juillet : « La moisson »
