Perles d’archives : un livre de médecine du XVIᵉ siècle
Détail d’une page composée d’une gravure accompagnant du texte. © Archives départementales de la Corrèze, PAT 1/21
Commentaires de M. Pierre André Matthiole sur le traité de matière médicale du Grec Dioscoride, édition de 1572 par Guillaume Rouillé : c’est un de ces ouvrages qui convoquent l’imaginaire merveilleux du livre ancien et des bibliothèques, et qu’on a plaisir à présenter aux curieux. Un in-folio lourd et épais, redécouvert en 2023 aux Archives départementales de la Corrèze alors qu’il dormait à plat entre les volumes de grande dimension de sa bibliothèque historique.
L’ouvrage a fait l’objet d’une restauration importante en 2010. De la reliure originelle, il ne subsiste que les plats où l’on devine, sur une couvrure en peau de veau très sombre, les restes d’anciens décors à chaud, écoinçons et filets d’encadrement. Au centre de chaque plat se trouve un médaillon, où l’on peut lire les devises Post fata quiescam et Par sit fortuna labori, ainsi que des armoiries et un monogramme presque effacé. Les vestiges des contregardes marbrées témoignent d’un choix de motif peigné qui joue avec des coloris contrastés.
Couverture en peau (veau), avec décor à chaud, provenance non identifiée. © Archives départementales de la Corrèze, PAT 1/21
Vertus thérapeutiques des matières végétales, animales et minérales
Le livre ouvert, auquel manquent la page de titre et le privilège, révèle d’étonnantes gravures sur bois colorées, représentant animaux, plantes et scènes de la vie rurale. Il s’agit en fait d’un exemplaire des Commentaires de M. Pierre André Matthiole sur le traité de matière médicale du Grec Dioscoride (mort vers l’an 90), dans une édition en français de 1572 par l’imprimeur lyonnais Guillaume Rouillé. Le médecin et botaniste italien Mattioli y décline les vertus thérapeutiques des matières végétales, animales et minérales, enrichissant de ses connaissances et observations personnelles l’œuvre rédigée par son confrère quinze siècles plus tôt.
Profusion de gravures
L’exemplaire que conservent les Archives départementales de la Corrèze est passé, au milieu du XIXe siècle, entre les mains d’un jeune Corrézien se préoccupant peu de médecine ou de bibliophilie, mais qui, séduit comme nous par la beauté des illustrations, s’est exercé à les reproduire dans les marges. L’article sur la salamandre a été découpé et employé en couverture d’un petit « cahier de verbe » artisanal, heureusement conservé entre les pages du volume. Une étude des ornements de la reliure permettrait sûrement d’identifier une provenance plus ancienne, peut-être prestigieuse. Cependant, la profusion des gravures, l’anachronisme des remèdes et les petits sacrilèges enfantins dont il porte les stigmates font, à eux seuls, la richesse de cet ouvrage, à découvrir en salle de lecture sous la cote PAT 1/21.
Le feuillet illustré a été découpé par un enfant en vue de son réemploi en couverture d'un petit cahier artisanal. Salamandre, gravure sur bois colorée. © Archives départementales de la Corrèze, PAT 1/21.
Commentaires de M. Pierre André Matthiole, médecin senois, sur les six livres de Ped. Dioscoride Anazarbeen de la matière médicinale : avec certaines tables médicinales, tant des qualités & vertus des simples médicamens, que des remèdes pour toutes maladies, qui peuvent avenir au corps humain, comme aussi des sentences, mots & matières traictées esdicts commentaires, mis en françois sur la dernière édition latine de l’autheur, par M. Jean des Moulins, docteur en médecine, A Lyon, par Guillaume Rouillé, 1572. 819 p. ; 40 x 25 cm, Archives départementales de la Corrèze, PAT 1/21.
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