Rétrospective Henri Landier : 50 ans de peinture et de gravure à Montmartre

Rares sont les peintres – hormis Picasso – qui se sont autant renouvelés que Henri Landier.

En 70 années de création, il s’est adonné à la peinture d’histoire, au portrait, au paysage et à la nature morte. À 17 ans, il commence par peindre des compositions sombres sur le Paris d’après-guerre puis dessine la mer et les artistes du music-hall. Rapidement, ses œuvres sont exposées à Paris et en province dans les galeries de Maurice Bachard, André Goude, Agnès de L’Isle, Robert Candillier, à la galerie des Orfèvres, la galerie Saint-Placide ou encore la Librairie-Galerie du XX^e siècle à Caen. En 1963, il découvre la lumière irradiante et les paysages sauvages de la Provence, qu’il transpose dans des compositions aux tonalités fauves. C’est un succès, ses marchands lui redemandent des paysages du Sud, mais Landier explore déjà de nouvelles thématiques et réfléchit à son indépendance artistique et financière.

Henri Landier, Terres inconnues, gravure à l’eau-forte et aquatinte issue de la suite « Le voyage initiatique de Rabelais », 1968. © Atelier d’Art Lepic

Au milieu des années 1970, il installe son chevalet et ses presses à bras dans un vaste espace sous verrière à Montmartre, qui devient à la fois son atelier et sa galerie. C’est ainsi que, depuis 50 ans, l’Atelier d’Art Lepic lui permet de peindre et d’exposer ses œuvres en toute liberté. En un demi-siècle, de nombreux sujets se sont succédé : le chantier de Chanteloup-les-Vignes, celui du périphérique, les insectes, les cimetières de bateaux, les danseurs de butô, les vues d’Italie puis de Prague, les charrues, la Grande Guerre, le carnaval de Maastricht, un hommage à Romaine, son épouse, les fleurs ou encore les portraits et autoportraits.

Henri Landier, La Tête dans les étoiles, huile sur toile, 2009. © Atelier d’Art Lepic

La rétrospective présentée aujourd’hui montre aussi bien l’évolution thématique que stylistique du célèbre peintre graveur français. Les compositions sombres et tragiques des débuts laissent place avec le temps à une palette claire, vibrante et une touche légère. En témoigne l’affiche de l’exposition, La Tête dans les étoiles, qui reflète tout un monde de création libre et fulgurante. Né en 1935, Landier fête aussi cette année ses 90 ans. « J’ai peint toute ma vie, émerveillé par le monde, dit-il, sans me soucier des tendances et des modes. Quand je regarde mes œuvres, je suis moi-même surpris par la diversité et la cohérence, comme une belle histoire d’amour qui dure. »