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Techniques de reliure de Florent Rousseau : les peintures à l’acrylique en reliure

Arthur Rimbaud, Voyelles. Reliure de Florent Rousseau, 2014.

Arthur Rimbaud, Voyelles. Reliure de Florent Rousseau, 2014. © Florent Rousseau

L’apport de la teinture dans ma conception décorative est important depuis longtemps, qu’il s’agisse de couleurs à l’eau ou à l’alcool. J’évalue au départ la meilleure option pour teindre les cuirs ou les papiers, mais j’apprécie que les choses évoluent par rapport à mon projet initial, notamment en fonction de la réaction des supports.

J’ai été tout naturellement attiré par la peinture acrylique pour deux raisons essentielles : son effet d’opacité et sa maniabilité. D’autre part, l’intensité des couleurs se conserve bien dans le temps. Au départ destinée à mes reliures polymères, je l’ai ensuite adaptée à d’autres reliures, soit pour les chants teintés du cuir, soit pour des petites touches décoratives de couleurs.

Le matériel

De nombreuses marques vendent de la peinture acrylique, en pot ou en tube, à vous de choisir. Avant de l’utiliser, il faut la diluer en fonction du projet : si vous voulez réaliser des dessins, le mélange doit être assez épais. Il vous faudra aussi des pinceaux, gros, moyens et petits. Et différents gobelets pour les mélanges.

© Florent Rousseau

L’acrylique sur cuir

Pour teindre légèrement le cuir, diluer la peinture avec beaucoup d’eau et l’appliquer. Ici le cuir est gaufré. La couleur y pénètre différemment en fonction des épaisseurs. Elle stagne dans les nervures, ce qui donne un contraste intéressant. On peut l’effacer à tout moment à l’aide d’un coton ou simplement atténuer l’application. Choisir ses couleurs, diluer moyennement et, à l’aide d’un pinceau, appliquer chaque couleur. Le résultat est meilleur quand le cuir a été précédemment raboté.

© Florent Rousseau

Teinture avec dessin

Il faut que la peinture acrylique soit plus épaisse. L’application se fait dans un premier temps au pinceau sur cuir box uniquement ou, dans cet exemple, sur polymère. Couvrir régulièrement la surface, sans attendre qu’elle sèche, avec une spatule ou tout autre objet. Racler cette surface. Vous pouvez ajouter une couleur avant séchage définitif et surexposer les dessins. La base jaune se mélangera à la nouvelle couleur, laissant apparaître d’autres tons. Une fois sèche, la composition est stabilisée et adhère parfaitement au support – qu’il soit en polymère ou cuir –, dans la mesure où c’est du box. Je conseille de faire un essai sur un morceau avant la composition finale.

© Florent Rousseau

Teinture avec dessin (suite)

Ici chaque couleur est appliquée après séchage de la précédente et certaines parties ont été grattées après séchage définitif, laissant apparaître le polymère vierge.

Tahar Bekri, Les arbres m’apaisent, illustrations Annick Le Thoër, éd. Al Manar, 2017. Reliure de Florent Rousseau, 2018.

Tahar Bekri, Les arbres m’apaisent, illustrations Annick Le Thoër, éd. Al Manar, 2017. Reliure de Florent Rousseau, 2018. © Florent Rousseau

Les différentes couleurs ont été appliquées au pinceau, puis raclées avec une bande en carton. Elles se sont ainsi mélangées, formant un dégradé.

Paul Morand, Comme le vent, éd. Cahiers libres, 1928. Reliure de Florent Rousseau, 2016.

Paul Morand, Comme le vent, éd. Cahiers libres, 1928. Reliure de Florent Rousseau, 2016. © Florent Rousseau

Avec une petite spatule, l’acrylique est étirée de façon à créer des formes irrégulières, d’abord sur plusieurs plaques de polymère, assemblées ensuite par collage. Chaque couleur est passée après séchage de la précédente pour que le contraste soit plus net.

Michel Déon, Un taxi mauve, Gallimard, 1973. Reliure de Florent Rousseau, 2015.

Michel Déon, Un taxi mauve, Gallimard, 1973. Reliure de Florent Rousseau, 2015. © Florent Rousseau

Acrylique sur plaque de verre

La peinture acrylique est appliquée grassement au pinceau sur une plaque de verre. Puis une feuille de papier de soie, ici noire, est appliquée sur la plaque. Comme un aimant, le papier de soie se « colle » sur l’acrylique. Après contact, il faut le retirer très vite : la couleur va être transférée de façon irrégulière, donnant un dessin très graphique. Laisser sécher et doubler le papier de soie si nécessaire. Une fois sèche, la composition peut être teinte avec des couleurs à l’alcool.

Nathalie Sarraute, Ici, Gallimard, 1995. Reliure de Florent Rousseau, 1995.

Nathalie Sarraute, Ici, Gallimard, 1995. Reliure de Florent Rousseau, 1995. © Florent Rousseau

Florent Rousseau, professeur de décor du livre à l’AAAV. Courriel : florent.rousseau3@wanadoo.fr ; site Internet : atelierflorentrousseau.com