Yu Jen-chih, peintre graveur

Yu Jen-chih, Dédicace / Widmung (détail), huile sur toile, 2021-2023, 200 x 600 cm (triptyque). © Yu Jen-chih
Le musée Boesch donne carte blanche à l’artiste Yu Jen-chih qui présente peintures, dessins, gravures sur bois et livres d’artiste. Titrée « Réminiscence », l’exposition entraîne le visiteur dans un monde sensible et onirique marqué par la virtuosité du trait et la puissance des compositions.
« Réminiscence : souvenir vague, imprécis à forte tonalité affective. » Le défi ? Fixer sur la toile ou le papier des perceptions évanescentes, des pensées flottantes, des émotions. Yu Jen-chih parvient à les faire affleurer, comme autant de traces mémorielles à déchiffrer qui, grâce à son talent, trouvent un écho chez le spectateur.
Des gravures monumentales
Le recours à de très grands formats – parfois jusqu’à sept mètres de long pour une gravure sur bois – lui permet de déployer des états évolutifs de mémoire, des lieux intériorisés – réels ou imaginaires : on y voit de vastes « paysages » composés de nombreux plans et arrière-plans, qui amplifient la profondeur du nord au sud, mais aussi d’ouest en est, comme autant de travellings de cinéma. On pense reconnaître des toits et des arbres, lointainement issus d’estampes traditionnelles chinoises, ainsi que des souvenirs d’œuvres d’autres créateurs – dans les domaines des beaux-arts, de la musique, de la littérature… – qui ont imprimé leur marque chez l’artiste. Ses gravures nécessitent une observation lente, l’œil, ébloui par la lumière dense produite par de forts contrastes de noirs et de blancs, discerne progressivement des détails, par exemple deux petits personnages sur Paysage du littoral.
Yu Jen-chih, Crépuscule, paysage du littoral VIII (détail), 2018, gravure sur bois, 8 ex., 720 x 122 cm. © Yu Jen-chih
Explosion de couleurs vives
Autre inspiration, des compositions florales dans des formats souvent monumentaux. Les hortensias hydrangeas envahissent ses toiles en une explosion de couleurs vives – transcription de la joie d’un souvenir ou heureuse perception instantanée ? Sur d’autres, les fleurs semblent en train de faner, des projections de peinture viennent en brouiller la représentation, comme un effacement du souvenir, la figuration concomitante d’un état et de sa transformation. Si le principe du triptyque, fréquent chez l’artiste, permet d’augmenter les dimensions d’une œuvre, il porte aussi en lui le morcellement, la fragmentation – des trous de mémoire ? – et, par conséquent, la quête d’unité.
Yu Jen-chih, Dédicace / Widmung, huile sur toile, 2021-2023, 200 x 600 cm (triptyque). © Yu Jen-chih
Une reconnaissance internationale
Yu Jen-chih a acquis la maîtrise du dessin, de la gravure et de la peinture en pratiquant ces arts sans relâche après les avoir étudiés aux Beaux-Arts à Taïwan, où il est né en 1977. Il vit et travaille en France depuis 1999, expose régulièrement en Europe, en Asie et sur le continent américain, bénéficiant d’une reconnaissance internationale. Une exposition hors normes qui donne vie aux paysages mouvants de la mémoire.
« Réminiscence. Yu Jen-chih », jusqu’au 29 juin 2025 au musée Bernard Boesch, 35, rue François Bougouin, 44510 Le Pouliguen. Tél. : 02 40 01 53 08. www.labaule.fr/musee-bernard-boesch