Le château de Chantilly célèbre la saison France-Portugal 2022 en offrant une nouvelle jeunesse à un important ostensoir portugais de la Renaissance issu des collections du duc d’Aumale.
Parmi les quelque 9 000 objets d’art prêtés en 1862 par différents collectionneurs au South Kensington Museum (devenu aujourd’hui le Victoria & Albert Museum) pour une vaste exposition principalement dédiée à l’art du Moyen Âge et de la Renaissance figurait un grand ostensoir d’argent doré, repoussé et ciselé. Le catalogue de la manifestation renseignait le visiteur sur son origine et donnait le nom de son propriétaire : en exil en Angleterre, le duc d’Aumale avait acquis en mars 1859 pour 7 600 francs auprès du marchand londonien Samuel Pratt cette somptueuse pièce d’orfèvrerie portugaise, offerte en 1531 à la cathédrale de Braga par son archevêque, Dom Diogo de Sousa. Il sera ensuite exposé à Chantilly à partir de 1871, au sein du Cabinet des Gemmes, aménagé par le prince afin d’accueillir sa collection d’objets précieux.
Une restauration minutieuse
Sommeillant dans sa vitrine depuis plus d’un siècle, cette pièce insigne s’était peu à peu laissée gagner par l’oxydation, liée à l’humidité, recouvrant insidieusement d’une couche noirâtre sa surface d’argent doré. Soutenue par la galerie Mendes, sa restauration a consisté en un dépoussiérage par brossage complété par un méticuleux nettoyage à l’aide de solvants. Une troisième intervention a permis de dégager la couche de sels noirs parasitant la surface de l’œuvre depuis une intervention ancienne réalisée à l’acide sulfurique.
Luxueux témoignage de l’âge d’or portugais
Destiné à présenter l’hostie aux fidèles, cet ostensoir haut de 70 cm arbore un décor richement ouvragé mêlant ornements végétaux, arcs trilobés, pinacles et sculptures de saints, une évocation de l’âge d’or architectural et artistique caractérisant le règne du roi Manuel Ier (1469-1521), qui lança son royaume à la conquête du Nouveau Monde et de ses trésors.
Olivier Paze-Mazzi