
Le Petit Palais orchestre jusqu’au 29 janvier, en partenariat avec la Tate Britain, un hommage à l’œuvre singulier, troublant et énigmatique de Walter Sickert (1860-1942).
Étrange, inattendu, bizarre… L’on pourrait poursuivre longtemps la liste de qualificatifs sans cerner l’entière personnalité de ce peintre anglais peu connu – pour ne pas dire inconnu – en France, qui anticipa des procédés repris par Andy Warhol et influença la peinture figurative anglaise, tout particulièrement Lucian Freud et Francis Bacon.
Des sujets considérés comme malséants
Pourtant, à la fin du XIXe siècle, Walter Sickert fréquenta assidûment la France et se lia avec Monet, Pissarro, Renoir ou encore Jacques-Émile Blanche, Ludovic Halévy et surtout Degas. Il n’hésita pas à faire le choix de sujets troublants, considérés comme malséants dans l’Angleterre contemporaine : artistes de music-hall, intérieurs sordides avec leurs occupants misérables. Ayant épuisé la représentation de la figure humaine, Sickert s’oriente, au tournant du siècle, vers le paysage. Venise, où il séjourne à plusieurs reprises, et Dieppe où il s’installe de 1898 à 1905, lui fournissent des motifs traités selon des techniques et des factures variées. Il revient ensuite vers la figure humaine et peint des nus sans concession, provocateurs parfois, réalisés dans des tons sombres, à coups de brosse vigoureux.

L’art du portrait
Durant toute sa longue carrière, Sickert pratique le portrait. En témoignent L’oiseau noir de Paradis (vers 1892) à la brutalité expressionniste, son ami le sioniste Israel Zangwill (1896-98) figuré au contraire dans des tons doux, l’étrange Résurrection de Lazare (1928-1929) où il tient lui-même le rôle du Christ, la monumentale Gwen Ffrangcon-Davies en costume de scène (1932) ou encore, quelques années avant sa mort, le saisissant chef Thomas Beecham en train de diriger (1938).

Hélène Guicharnaud
« Walter Sickert. Peindre et transgresser »
Jusqu’au 29 janvier 2023 au Petit Palais
Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Tél. 01 53 43 40 00
www.petitpalais.paris.fr
Catalogue, Paris Musées, 240 p., 39 €.