
Il ne verra jamais son grand œuvre achevé. Aux commandes du « chantier du siècle » qui prépare la renaissance de Notre-Dame de Paris à l’horizon 2024, le général Jean-Louis Georgelin a été victime le 18 août dernier, à la veille de ses 75 ans, d’un dramatique accident de randonnée dans les Pyrénées.
Parti en solitaire à l’assaut du mont Valier, le plus haut sommet du Couserans (Ariège), le général semble, selon les informations fournies samedi par le parquet de Foix, avoir chuté lors de sa descente « au niveau d’un passage rocheux particulièrement raide ».
Un hommage unanime
Sur X (anciennement Twitter), les réactions sont unanimes : « la Nation perd l’un de ses grands soldats », déplore le président de la République. Un homme « passionné, énergique, obstiné », pour la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Stéphane Bern regrette de son côté la disparition d’un « grand serviteur de l’État ». Bras droit du général au sein du chantier, Philippe Jost témoigne dans un communiqué de l’« infinie tristesse » qui frappe tout le personnel de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris : « le général alliait à un amour de la France inconditionnel, à une éthique personnelle exceptionnelle, à une énergie incomparable, une attention aux personnes qui lui avait acquis l’affection de tous au sein de l’établissement. »
Avec le décès du général Jean-Louis Georgelin, la Nation perd l’un de ses grands soldats. La France, un de ses grands serviteurs. Et Notre-Dame, le maître d’œuvre de sa renaissance. pic.twitter.com/gxskQoQbF4
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 19, 2023
Un général cinq étoiles…
Issu des rangs de Saint-Cyr, ce militaire bien connu pour son franc-parler a rapidement gravi tous les échelons dans les rangs de « la grande muette » : il devient général de brigade en 1997, général de division en 2000, puis général de corps d’armée en 2002, avant d’être promu en 2003 général d’armée. Nombre d’opérations à l’étranger se font sous sa supervision : en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans ou encore au Liban. En 2002, Jacques Chirac fait de lui son chef d’état-major particulier, avant de le nommer chef d’état-major des armées françaises (CEMA), une fonction qu’il occupe de 2006 à 2010. C’est à cette date qu’il obtient les titres de grand chancelier de la Légion d’honneur et de chancelier de l’ordre national du Mérite.
… au chevet de Notre-Dame
Alors que l’incendie de Notre-Dame bouleverse la France et le monde le 15 avril 2019, Emmanuel Macron appelle à l’Élysée le général désormais en retraite afin de mener à bien dans un délai de cinq ans le colossal chantier de restauration qui s’annonce. À la tête du tout nouvel établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (EPRNDP), Jean-Louis Georgelin va mener tambour battant ce véritable défi national dont il avait fait sa « mission de combat ». « Parce que Notre-Dame était pour lui l’âme de la France, touchant au cœur les croyants comme les non croyants, il a mis dans son rôle de représentant spécial du président de la République et de président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris toute son ardeur et tout son engagement », souligne la ministre de la Culture. Sous sa direction avaient déjà été conduits en l’espace de quelques années la sécurisation de l’édifice, la restauration des voûtes, la dépose et la restauration du grand orgue, le nettoyage intérieur, l’installation du tabouret de la flèche, ou encore très récemment l’acheminement via la Seine des premières fermes de la charpente du comble. Un hommage national présidé par Emmanuel Macron sera rendu à ce grand serviteur de l’État ce vendredi 25 août à 11 heures, dans la cour d’honneur des Invalides.

Olivier Paze-Mazzi