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Les délicates feuilles du musée des Beaux-Arts de Budapest en villégiature au Guggenheim de Bilbao

Pierre Paul Rubens (1577-1640), Portrait de profil du fils de l’artiste (détail), Albert Rubens, vers 1618-1619. Sanguine, craie noire, plume, encre brune, pinceau et lavis brun sur papier, 24,6 x 20,3 cm. Budapest, musée des Beaux-Arts, acquis auprès de la collection Esterházy, 1871.

Pierre Paul Rubens (1577-1640), Portrait de profil du fils de l’artiste (détail), Albert Rubens, vers 1618-1619. Sanguine, craie noire, plume, encre brune, pinceau et lavis brun sur papier, 24,6 x 20,3 cm. Budapest, musée des Beaux-Arts, acquis auprès de la collection Esterházy, 1871. Photo service de presse. © 2025 Museum of Fine Arts, Budapest

Le Guggenheim de Bilbao expose un florilège de dessins et d’estampes issus des prestigieuses collections du musée national hongrois. Sept siècles de chefs-d’œuvre de papier racontent une histoire de l’art européen.

En 2016, le musée du Luxembourg, à Paris, présentait une sélection éblouissante d’œuvres provenant du musée des Beaux-Arts et de la Galerie nationale hongroise de Budapest.

La fabuleuse collection des princes Esterházy

Cette année, c’est au tour du musée Guggenheim de Bilbao de montrer une petite partie de la collection d’arts graphiques du musée des Beaux-Arts qui compte 9 000 dessins et 100 000 estampes. Parmi les 137 chefs-d’œuvre du XVe au XXIe siècle présentés, six seulement figuraient dans l’exposition parisienne, dont le plus ancien dessin visible à Bilbao, Sainte Marguerite d’Antioche (vers 1410-1415) d’un artiste anonyme de Bohême. Il appartenait à la fabuleuse collection des princes Esterházy, acquise par l’État hongrois en 1871 et devenue ainsi le fondement du musée des Beaux-Arts de Budapest.
L’une des icônes de cet ensemble est un dessin préparatoire pour La Bataille d’Anghiari, la fresque inachevée de Léonard de Vinci au Palazzo Vecchio de Florence. L’œuvre a disparu très vite mais on en connaît le motif central par des copies exécutées à l’époque. Les deux personnages exposés ici en faisaient partie. L’exposition compte d’autres très belles estampes et dessins italiens de la Renaissance, aussi divers qu’une tête d’ange de ­Raphaël, un torse d’homme vu de dos d’Annibal ­Carrache, une scène érotique de Jules Romain, une étude pour Saint Georges et le dragon de Perino del Vaga ou une eau-forte, Les deux amants du Parmesan.

Léonard de Vinci (1452-1519), Études de tête, vers 1504-1505. Craie noire douce ou fusain et traces de sanguine sur papier, 19,1 x 18,8 cm. Acheté à la Collection Esterházy, 1871.

Léonard de Vinci (1452-1519), Études de tête, vers 1504-1505. Craie noire douce ou fusain et traces de sanguine sur papier, 19,1 x 18,8 cm. Acheté à la Collection Esterházy, 1871. Photo service de presse. © 2025 Museum of Fine Arts, Budapest

Écoles du Nord

Lorsqu’il dessine son fils aîné d’environ 4 ans, Pierre Paul Rubens déborde à l’évidence de tendresse, mais il n’en sacrifie pas pour autant l’observation minutieuse de son sujet. Ce goût de la réalité est le fil rouge des œuvres des écoles du Nord présentées dans l’exposition. Qu’il s’agisse de Famille de paysans hollandais d’Adriaen van Ostade, de Grange hollandaise dans le clair-­obscur de ­Rembrandt ou d’Homme de dos de Pieter van Bloemen, le peuple est au centre de l’attention des artistes.

Artistes des XIXe et XXe siècles

Le parcours met en lumière plusieurs maîtres hongrois importants tels Mihály Munkácsy, célèbre peintre académique du XIXe siècle qui vivait en partie à Paris, l’impressionniste László Mednyánszky, le « Nabi hongrois » József Rippl-Rónai ou le pape de l’op art, Victor Vasarely. Deux grandes artistes contemporaines sont particulièrement mises à l’honneur : Judit Reigl, désormais bien connue en France où elle vivait, et la performeuse et plasticienne Dóra Maurer.
La section contemporaine se déploie sur des murs blancs, quand les salles précédentes sont peintes dans un lilas de plus en plus pâle au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, une couleur permettant de mettre en valeur les œuvres sur papier malgré le faible éclairage nécessité par leur conservation. Les avant-gardes, pour leur part, s’expriment dans le « white cube ». Appartenant au mouvement De Stijl, le Néerlandais Theo van Doesburg a montré l’importance de la couleur dans l’architecture. Composition voisine ainsi avec quatre œuvres, datant des années 1920 et répondant au même titre, par Alexandre Rodtchenko, László Moholy-Nagy, Sándor Bortnyik et Kurt Schwitters. 

« Chefs-d’œuvre sur papier de Budapest », jusqu’au 25 mai 2025 au musée Guggenheim, Abandoibarra Etorbidea 2, 48009 Bilbao. Tél. 00 34 944 35 90 80. www.guggenheim-bilbao.eus

Catalogue, en castillan et en basque, éditions Guggenheim Bilbao, 213 p., 39 €.