Le média en ligne des Éditions Faton

Histoire d’un chef-d’œuvre : quand Bernin sculptait à Versailles le portrait du jeune roi Louis XIV

Détail du buste de Louis XIV par le Bernin.

Détail du buste de Louis XIV par le Bernin. Photo service de presse. © château de Versailles, C. Fouin

Depuis 1684, le célébrissime buste en marbre de Louis XIV, sculpté par le Bernin, trône en majesté dans le salon de Diane. Alors que le lieu est actuellement en restauration, ce chef-d’œuvre est au cœur de la nouvelle exposition du château de Versailles. L’histoire de sa réalisation nous est révélée par Paul Fréart de Chantelou (1609-1694). Italophile, diplomate et collectionneur, cet ami de Nicolas Poussin fut en effet prié par le roi d’accueillir et d’accompagner le plus insigne artiste d’Europe pendant son séjour parisien ; ce qu’il relata dans le Journal de voyage du cavalier Bernin en France.

Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) était extrêmement connu à Rome en tant qu’architecte, sculpteur et peintre au service des papes et des princes de la noblesse. Il était l’architecte préféré du pape Alexandre VII Chigi (pontife de 1655 à 1667) qui, soucieux de renouveler les arts en Italie, lui avait confié la construction de la Cathedra Petri dans la basilique, superbe chaire placée derrière le célèbre Baldaquin, ainsi que la Colonnade sur la place Saint-Pierre. Ces travaux l’absorbèrent de 1656 à 1667. L’invitation de Louis XIV survint alors qu’il était particulièrement occupé dans la ville pontificale.

Architecte et sculpteur

C’est en tant qu’architecte que le roi le fit venir, souhaitant qu’il restructurât sa résidence parisienne qu’était le palais du Louvre et qu’il la dotât d’une nouvelle façade orientale. Le Bernin pensa qu’il pourrait, avec l’autorisation du pape, se distraire de son activité pendant trois mois afin de servir le roi de France ; mais son absence fut prolongée et dura quatre mois et demi, du 2 juin au 15 octobre 1665.

Sitôt arrivé à Paris, le Bernin se mit à l’ouvrage, cherchant à créer un palais extraordinaire digne d’un grand roi. Il soumit plusieurs dessins qu’il ne cessait de modifier ; certains plurent extrêmement au monarque, même si leur réalisation paraissait difficile, d’autres semblèrent à son entourage complètement extravagants.

Paul Fréart de Chantelou tenait chaque soir une sorte de journal1 où il notait scrupuleusement tout ce qui s’était passé et s’était dit dans la journée. Ce journal nous offre la trame la meilleure et la plus vivante qui soit des relations que tissèrent entre eux le Bernin, le roi, ses ministres et la cour pendant les journées où fut façonné le buste de Louis XIV.

Qui donc avait informé Louis XIV des exceptionnels talents du Bernin aussi bien en matière d’architecture que de sculpture ? Précisément Chantelou, cela ne fait aucun doute, qui avait autant admiré le Baldaquin et les commencements de la Cathedra Petri et de la Colonnade au Vatican, que les prodigieux groupes sculptés à la demande de Scipion Borghèse, et tant de belles œuvres dans les églises romaines.

Gian Lorenzo Bernini (1619-1683), Giovanni Battista Gaulli, vers 1666. Huile sur toile, 72 x 61 cm. Gallerie Nazionali d’Arte Antica di Roma.

Gian Lorenzo Bernini (1619-1683), Giovanni Battista Gaulli, vers 1666. Huile sur toile, 72 x 61 cm. Gallerie Nazionali d’Arte Antica di Roma. © SCALA, Florence, Dist GrandPalaisRmn / image Scala

Le sculpteur, le roi et ses ministres

Le même Chantelou avait sans doute également rapporté au roi que le Bernin avait sculpté de nombreux bustes, certains plutôt classiques représentant des papes, et d’autres époustouflants comme celui du duc François d’Este. Aussi, le 20 juin, le roi pria-t-il l’artiste de faire son portrait. Cette demande ne surprit pas le sculpteur car une rumeur circulait depuis plusieurs jours à ce sujet. Il répondit aussitôt que, souhaitant avant tout « plaire au roi et le servir », « il serait bien aise d’y travailler », mais qu’il serait nécessaire de prolonger son séjour parisien de deux mois et faire poser Sa Majesté vingt fois et deux heures à chaque fois. Le roi, trop heureux, s’y engagea. Il fallut trouver le bloc de marbre convenable pour ce buste. On le chercha aux Tuileries, à la Sorbonne, au Val-de-Grâce ; tous lui paraissaient de qualité douteuse. Charles Perrault s’en mêla, prétendant qu’on avait demandé au Bernin de faire une statue et non un buste, ce qu’il nia avec vigueur. Ainsi commença une cabale menée par Perrault contre le parti italien. Enfin les sculpteurs Philippe de Buyster et Gilles Guérin apportèrent deux blocs assez beaux. Sans doute l’un d’eux fut retenu.

Ce fut d’abord au château de Saint-Germain, le 23 juin, que le Bernin put examiner pour la première fois à loisir le roi en train de disputer une partie de jeu de paume. Il dessina sa tête de face et de profil et, dès le lendemain, entreprit le modèle en terre, ce qui l’occupa une semaine. Par la suite, le roi posa à Paris, au Louvre, dans la chambre du conseil.

Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, Louis XIV, roi de France, 1665. Marbre blanc, 105 x 95,5 x 46,5 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, Louis XIV, roi de France, 1665. Marbre blanc, 105 x 95,5 x 46,5 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. Photo service de presse. © château de Versailles, C. Fouin

Repères chronologiques du séjour du Bernin à Paris en 1665

11 avril : Louis XIV invite le Bernin à se rendre à Paris afin de restructurer sa résidence parisienne, le palais du Louvre.

21 avril : Le pape Alexandre VII Chigi autorise le Bernin à aller servir le roi de France pendant trois mois. Aussitôt celui-ci envoie au roi deux projets.

Fin mai : Le Bernin, devant surseoir à l’achèvement de commandes majeures (la Cathedra Petri, la Colonnade de la place Saint-Pierre et la Scala Regia), quitte Rome et arrive en France.

2 juin : Il arrive à Paris.

19 juin : Le Bernin présente son projet pour le Louvre à Colbert (qui ne l’agrée pas) ; il est approuvé par le roi. Le Bernin décide le lendemain d’en entreprendre la réalisation. Pendant son séjour parisien, de nombreux autres dessins d’architecture lui seront demandés : le baldaquin du Val-de-Grâce, une chapelle des Bourbons à Saint-Denis, une cascade à Saint-Cloud, des hôtels particuliers (pour le duc de Lionne, la duchesse d’Aumont, le commandeur de Souvré).

20 juin : Le roi prie le Bernin de sculpter son portrait. L’artiste accepte mais déclare qu’il lui faudra alors prolonger son séjour à Paris de deux mois et demi.

23 juin : Le Bernin rencontre le roi pour la première fois à Saint-Germain-en-Laye et dessine son portrait de face et de profil.

24 juin-1er juillet : Il réalise le modèle en terre du buste.

2 juillet-20 août : Il sculpte le buste en marbre.

1er septembre : Louis Le Vau, François Mansart et Pierre Cottard envisagent de nouveaux plans pour le Louvre.

13 octobre : Le Bernin porte au Louvre le buste du roi qui est achevé.

17 octobre : Pose de la première pierre du Louvre du Bernin.

20 octobre : Le Bernin quitte Paris et rentre à Rome.

Entre 1673 et 1677 : Le Bernin réalise la statue équestre du roi, qui ne parviendra à Paris qu’en 1685.

Détail du buste de Louis XIV par le Bernin.

Détail du buste de Louis XIV par le Bernin. © Actu-culture.com / OPM

Une admiration réciproque

L’avancée de la réalisation passionnait autant le roi que les membres de la cour qui étaient admis. Ce faisant, le Bernin ne cessait de manifester son admiration envers Louis, lui trouvant « le goût fin et délicat », un esprit « di buon metallo », jugeant « qu’il avait le goût exquis dans toutes les choses », que son intelligence était « au-delà de celle que la nature peut donner ». Tous ces témoignages n’étaient pas pure flagornerie. Il admirait réellement ce roi encore jeune et capable de diriger un si grand royaume, et l’admiration était réciproque.

« [Le Bernin] répétait que ce n’était pas lui seul, mais le roi et lui-même qui faisaient ce buste, et il insistait sur cette affirmation. »

Plutôt que d’examiner un roi posant immobile, il préférait le voir en train de parler et de travailler. Le 15 juillet, Colbert vint examiner le buste dont le Bernin venait tout juste d’entreprendre la taille, et il en admira déjà la majesté et la ressemblance. 

Le sculpteur y travailla d’arrache-pied malgré la fatigue due à son âge (67 ans), tout en continuant à proposer d’autres dessins pour le Louvre. Quelques personnes de la cour vinrent donner leur avis sur le buste. Ainsi, le marquis de Bellefonds regretta que le front ne fût pas couvert de cheveux ; Chantelou lui rétorqua que « le Roi ayant le front fort beau », il ne fallait pas le cacher sous une chevelure qui était naturelle, le roi ne portant pas encore de perruque.

Dépasser la ressemblance 

Le 27 juillet, le Bernin s’inquiétait de la draperie ; on lui apporta un morceau d’armoisin pour qu’il s’en inspire, sorte de taffetas léger qu’il jugea de bon effet. Le lendemain, le baron de La Garde, le Nonce et le marquis de Bellefonds trouvèrent le buste bien avancé et d’une grande ressemblance, ce à quoi Chantelou, exprimant la pensée du sculpteur, spécifia que ce n’était pas tant la ressemblance qui importait, parce qu’à cet égard, Warin s’y entendait, mais qu’il convenait d’« y mêler la noblesse et la grandeur ». Deux jours plus tard, le Bernin avait ajouté un flocon de cheveux sur le front, qu’approuva Chantelou qui, de son côté, lui avait montré le buste qu’il possédait de Ptolémée, une œuvre grecque. Le sculpteur remarqua que le roi avait un très beau front pareil à celui-là. Il trouvait son travail difficile dans la mesure où, outre la ressemblance qui ne procède que d’une « vile copie », il fallait qu’il y introduise ce qui doit être « dans la tête », affirmant que « dans ces sortes de portraits, il faut, outre la ressemblance, y mettre ce qui doit être dans les têtes de héros ». Il lui était nécessaire de revoir le roi pour s’imprimer de ce qui lui était particulier, le nez, les yeux, les cheveux. Il s’attaqua alors aux cheveux, puis à la draperie qu’il travailla au trépan pour la rendre légère, tout en évitant que le marbre qui était friable (cotto) n’éclatât.

D’exceptionnelles séances de pose avec le roi

Plusieurs séances de pose suivirent où, docilement, le roi présentait un profil puis l’autre, affirmant qu’il reviendrait poser autant de fois que le sculpteur le souhaiterait. Le Bernin le regardait alors parfois de bas en haut, ou de près, de loin, ou alternativement de chaque côté, ce qui faisait rire les jeunes seigneurs présents. Il travailla ainsi la joue droite, puis la bouche, l’œil droit et le menton, et il requérait constamment l’opinion de Chantelou. Au Nonce qui, le 15 août, avait trouvé le buste très changé, le Bernin dit qu’il « avait observé ces deux jours le visage du Roi avec grande exactitude, et avait trouvé qu’il a la moitié de la bouche d’une façon et l’autre d’une autre, et même les joues différentes ». Travaillant au nez du roi, il remarqua que « la partie d’en bas qui confine à la joue était plus étroite que le devant du nez » et que cela pouvait aider à la ressemblance. La beauté du Roi, disait-il, « était une beauté mêlée, qui ne consistait pas en certaines délicatesses de teint comme fait celle de beaucoup d’autres, que la tête du Roi avait de celle d’Alexandre, particulièrement le front et l’air du visage ». Il trouva, sans forfanterie de sa part, « que son marbre réussissait mieux qu’il n’avait espéré ».

« Pour achever le visage, disait-il, “il fallait que ce fût le Roi et lui qui l’achevassent” »

Madame de La Baume, le prince de Condé, le Nonce, Le Tellier, M. de Lionne se succédaient et interrogeaient l’artiste. Celui-ci disait qu’il se servait peu de ses dessins mais davantage de sa mémoire. Il répétait que ce n’était pas lui seul, mais le roi et lui-même qui faisaient ce buste, et il insistait sur cette affirmation. Pour achever le visage, disait-il, « il fallait que ce fût le Roi et lui qui l’achevassent ». Il ajoutait que, par ailleurs, il serait incapable de le reproduire exactement si on le lui demandait. Quant au matériau, il disait préférer pour un portrait le marbre au bronze, le marbre étant un matériau beaucoup plus délicat qui, au bout de quelques années, acquérait une douceur comme la chair, tandis que le bronze en se lustrant offrait des éclats métalliques désagréables. 

Vue de l'exposition. Bustes de Louis XIV par Bernin et Jean-Jacques Clérion.

Vue de l'exposition. Bustes de Louis XIV par Bernin et Jean-Jacques Clérion. Photo service de presse. © château de Versailles, T. Garnier

Le salon de Diane : un écrin sur le billard

La présentation de l’époustouflant buste en marbre du jeune Roi-Soleil dans l’appartement de la Dauphine s’inscrit dans le cadre de la restauration de son écrin historique, situé au premier étage du château. Après le salon de Mercure (2011-2012), celui de l’Abondance (2014) et celui d’Apollon (2014-2015), c’est en effet au tour du salon de Diane de bénéficier d’une cure de jouvence. Datant des années 1670, cette pièce maîtresse du grand appartement du Roi, dont le riche décor dédié à la chasse fait écho aux origines de Versailles, ouvrait sur l’escalier des Ambassadeurs et accueillait, en soirée, un billard. Ornés de toiles de Gabriel Blanchard, Charles de La Fosse et Claude II Audran, le plafond et ses voussures présentent aujourd’hui un état de conservation préoccupant, particulièrement sensible dans les deux compositions d’Audran : affaissement structurel, déchirures, déformations, lacunes, repeints très dégradés proches de la « bouillie de peinture »… Constellé d’emblèmes royaux soigneusement retirés en 1794 et rétablis à la Restauration, le décor de stuc doré enserrant les peintures nécessite également une intervention afin de remédier à des fissures ponctuelles et à l’encrassement global, tout en réintégrant les fleurs de lys rythmant la corniche. Dans les écoinçons, trois des quatre globes fleurdelisés perdront leur fond bleu ajouté au XIXe siècle pour retrouver leur dorure. Pour le quatrième, la couleur sera masquée mais non supprimée afin de témoigner des interventions passées. Débuté le 21 octobre dernier, le chantier devrait durer quatorze mois. O.P.-M.

Le salon de Diane avant restauration.

Le salon de Diane avant restauration. Photo service de presse. © château de Versailles / T. Garnier

« Augmenter le beau et donner du grand »

Le 17 août, le buste était pratiquement achevé, mais le Bernin dit que si le roi voulait venir davantage, non seulement le buste serait plus ressemblant mais qu’« il parlerait » ! Travailler aux cheveux était chose malaisée, « voulant arriver à donner à ces cheveux la légèreté comme elle est au naturel ». Il s’attaqua ensuite aux sourcils, au front, à la bouche, et enfin au socle. En dépit de quelques critiques, tous les spectateurs, et la reine en premier, louaient la ressemblance. « Le secret dans les portraits, écrivit Chantelou, est d’augmenter le beau et donner du grand ». Le roi jugea fort beau le travail du collet, c’est-à-dire le jabot de dentelle.

Quant à nous, aujourd’hui, ce qui nous fascine dans ce buste, c’est la fierté dont témoigne le personnage, accentuée par l’extraordinaire envol de la draperie, mais aussi sa réelle ressemblance avec le roi, évidente si on le compare aux portraits peints par Le Brun.

Charles Le Brun (1619-1690), Louis XIV, roi de France et de Navarre, vers 1662. Huile sur toile, 67,5 x 57,5 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Charles Le Brun (1619-1690), Louis XIV, roi de France et de Navarre, vers 1662. Huile sur toile, 67,5 x 57,5 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. © GrandPalaisRMN (château de Versailles) / Franck Raux

Jacques Clérion

À peine rentré à Rome, à la demande de Colbert, le Bernin assistait de ses conseils les pensionnaires de la toute jeune Académie de France dans la Ville éternelle. Parmi ceux-ci, Jacques Clérion (1637-1714) entreprit à son tour de sculpter un buste en marbre du roi. Il se trouve au château de Versailles où nous l’avons identifié (inv. MV 1889)2. C’est un portrait ressemblant et aussi une œuvre qui ne manque pas de panache, ce qu’explique l’assistance du Bernin auprès du jeune sculpteur.

Jean-Jacques Clérion (1637-1714), Louis XIV, roi de France et de Navarre (1638-1715), vers 1660-1665. Marbre, H. 96 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Jean-Jacques Clérion (1637-1714), Louis XIV, roi de France et de Navarre (1638-1715), vers 1660-1665. Marbre, H. 96 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. © Actu-culture.com / OPM

Jean Warin

Le sculpteur Jean Warin (1607-1672), qui grava tant de profils du roi dans ses médailles et qui était attaché à la ressemblance, assistait à toutes les séances de pose du roi. Il sculpta à son tour un buste en marbre du souverain qu’il acheva en 1666. La cour l’admira. Mais Mattia De’Rossi, étant allé l’examiner, écrivit au fils aîné du Bernin : « il est bossu et regarde par terre sans vie » et il dénonça des défauts dans les sourcils, le nez et l’emplacement des yeux. Si beau que soit le buste de Warin, force nous est d’admettre qu’il offre un portrait moins ressemblant que celui du Bernin. Dans les mêmes années 1665-1666, Warin sculpta une statue du roi et la lui légua.

Jean Warin (1604-1672), Louis XIV, roi de France (1638-1715), 1665-1666. Marbre blanc, 106 x 85 x 50 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Jean Warin (1604-1672), Louis XIV, roi de France (1638-1715), 1665-1666. Marbre blanc, 106 x 85 x 50 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. © Actu-culture.com / OPM

De la statue équestre du Roi-Soleil à Marcus Curtius à cheval

Quant à la statue équestre du roi, dès le 13 août 1665, le Bernin avait imaginé que dans la cour du futur Louvre, il serait bon d’élever sur un haut piédestal une statue du roi à cheval. La commande ne lui en fut officiellement passée par la surintendance des Bâtiments qu’en 1667 après son retour à Rome ; il proposa en 1673 un dessin et un modèle qui furent acceptés. La réalisation en fut lente, entre 1673 et 1677. La statue fut acheminée par voie d’eau en France en 1685. Quand le roi la découvrit, le goût avait changé et elle lui déplut tant que Girardon la transforma en une statue de Marcus Curtius à cheval bondissant au-dessus de flammes (aujourd’hui exposée dans l’Orangerie du château de Versailles).

Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, François Girardon (1628-1715), Statue équestre de Louis XIV transformé en Marcus Curtius, éxecutée à Rome de 1671 à 1674, terminée par Girardon en 1688. Marbre blanc, 376 x 399 x 157 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin, François Girardon (1628-1715), Statue équestre de Louis XIV transformé en Marcus Curtius, éxecutée à Rome de 1671 à 1674, terminée par Girardon en 1688. Marbre blanc, 376 x 399 x 157 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. © GrandPalaisRMN (château de Versailles) / Jean-Marc Manaï

« Le génie et la majesté : Louis XIV par le Bernin », du 3 juin au 28 septembre 2025 au château de Versailles, appartement de la Dauphine, place d’Armes, 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 78 00. www.chateauversailles.fr

À lire :
Catalogue, SilvanaEditoriale, 29 €.
Paul Fréart de Chantelou, Journal de voyage du Cavalier Bernin en France, 2001 (première édition), édition de Milovan Stanic, coédition Macula / L’Insulaire, 464 p., 35 €.

1 Journal publié par Ludovic Lalanne dans la Gazette des Beaux-Arts en plusieurs livraisons, de 1877 à 1884, puis réédité en un seul volume en 1885 d’après le manuscrit original de l’Institut de France. Il a fait l’objet d’une remarquable et passionnante réédition critique en 2001, due à Milovan Stanic, coédition Macula / L’Insulaire.

2 F. de La Moureyre, « Un grand sculpteur trop méconnu : Jacques Clérion et son buste de Louis XIV à l’âge de 27 ans. Nouvelles perspectives » dans Études sur la sculpture offertes à Geneviève Bresc-Bautier, textes réunis par Sophie Jugie et Guilhem Scherf, coédition Mare & Martin / musée du Louvre éditions, 2025.