La florissante dynastie Tang s’installe au musée Guimet

Plaque d’ornement à motif de lion (détail), époque Tang, période Tubo (VIIe-IXe siècle). Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai.

Plaque d’ornement à motif de lion (détail), époque Tang, période Tubo (VIIe-IXe siècle). Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai. Photo service de presse. © Musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai

Il y a, dans l’histoire des nations, des événements ou des « passerelles » qui leur permettent de faire des bonds en avant et de prendre l’avantage sur les autres. Ce fut le cas pour la Chine durant la dynastie des Tang (618-907).

Voici une des plus brillantes dynasties chinoises, un véritable âge d’or. Elle bénéficie (grâce aux routes de la soie) d’une prospérité sans précédent et d’un commerce des plus florissants.

Encens et porcelaine

Partent ainsi de Chine et en arrivent denrées (porcelaine, soie, épices, thé, pierres, etc.) et influences artistiques (notamment orientales). Le verre byzantin, le jade du Turkestan, l’or de Turquie et le lapis afghan foisonnent. Dans le domaine religieux, la Chine fait alors preuve d’une totale tolérance. Le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme chinois cohabitent ainsi avec les religions étrangères : le zoroastrisme, le manichéisme et le nestorianisme. L’Orient et l’Asie centrale apportent animaux, plantes, parfums et encens, bijoux et orfèvrerie en argent et en or. L’orfèvrerie perse d’argent et d’or est « traduite » par des pièces chinoises en porcelaine en bleu et blanc, dont les plus grands musées mondiaux sont les dépositaires (le Topkapi à Istanbul, Guimet à Paris).

Plaque d’ornement à motif de lion, époque Tang, période Tubo (VIIe-IXe siècle). Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai.

Plaque d’ornement à motif de lion, époque Tang, période Tubo (VIIe-IXe siècle). Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai. Photo service de presse. © Musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai

Papier et polo

Les techniques chinoises de fabrication du papier, l’alchimie, la médecine, la sériciculture et le tissage de la soie sont introduits dans le monde arabe par le biais de ces routes. La peinture atteint des sommets, dont le célèbre Wang Wei (701-761) se fait le chantre. Prospère et insouciante, la société Tang promeut alors les loisirs, comme le polo importé de Perse, la danse et la musique. La céramique consacre la gloire des mingqi, ces sujets animaliers ou humains en terre cuite polychrome, dont de purs chefs-d’œuvre sont exposés ici. Les fours de Changsha et de Gongyi produisent aussi les fameux « bleu et blanc » ; les fours de Xin et de Ding, les grès porcelaineux blancs crémeux ; et ceux de Yue, les somptueux céladons au vert tendre et vibratoire. Le monde des lettrés – les intellectuels issus de la classe dirigeante (futurs « mandarins ») – est en plein essor.

Musicien sur un chameau, découvert en 2002, canton de Guodu, district de Chang’an (province du Shaanxi). Dynastie Tang (618-907), VIIIe siècle. Terre cuite à glaçure trois couleurs (sancai), 50,1 x 40,5 cm. Musée de Xi’an, province du Shaanxi. P

Musicien sur un chameau, découvert en 2002, canton de Guodu, district de Chang’an (province du Shaanxi). Dynastie Tang (618-907), VIIIe siècle. Terre cuite à glaçure trois couleurs (sancai), 50,1 x 40,5 cm. Musée de Xi’an, province du Shaanxi. P Photo service de presse. © DR

Une empreinte millénaire

Enfin, les routes maritimes amplifient encore les échanges commerciaux et artistiques. Ainsi, la dynastie Tang a posé son empreinte culturelle, administrative et politique pour plus de mille ans. Cette exposition exceptionnelle présente environ 200 œuvres, dont beaucoup sont dévoilées pour la première fois au public. Une scénographie innovante, ponctuée de vidéos et de montages musicaux, introduit le public dans une déambulation au sein de Chang’an (« Longue paix »), alors la plus grande ville du monde. Le parcours aborde ensuite différents thèmes : les routes de la soie, le monde des lettrés, la mode et la beauté… Au fil d’une expérience immersive, il donne à voir des trésors provenant de trente institutions différentes. Des spectacles, des rencontres et des activités culturelles complètent la programmation.

« La Chine des Tang. Une dynastie cosmopolite (7e-10e siècle) », jusqu’au 3 mars 2025 au musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, 75116 Paris. Tél. 01 56 52 54 33. www.guimet.fr

Catalogue, coédition musée Guimet / Grand Palais Rmn, 304 p., 39 €.