La France libre, la plume et le pinceau au musée de l’Armée

Vue de l'exposition « Un exil combattant. Les artistes et la France 1939-1945 » au musée de l'Armée. Photo service de presse. © Musée de l'Armée
Le rôle crucial des artistes, intellectuels, savants et diplomates, dans la résistance française depuis l’étranger contre l’Occupation nazie, fait l’objet d’une exposition au musée de l’Armée. 300 photographies, œuvres d’art, objets et documents divers retracent l’itinéraire et le combat des femmes et des hommes d’exception qui mirent leurs talents au service de la France libre.
« Lorsqu’un jour l’historien, loin des tumultes où nous sommes plongés, considérera les tragiques événements qui faillirent faire rouler la France dans l’abîme d’où l’on ne revient pas, il constatera que la résistance, c’est-à-dire l’espérance nationale, s’est accrochée, sur la pente, à deux pôles qui ne cédèrent point. L’un était un tronçon d’épée, l’autre, la pensée française. » Ces mots, prononcés par le général de Gaulle dans un discours méconnu à Alger le 30 octobre 1943, révèlent l’importance et l’estime accordées par le chef de la France résistante à ceux qui, en exil, ont continué à lutter : peintres, écrivains, scientifiques, ils ne sont pourtant qu’une poignée à avoir emprunté cette voie à la mi-août 1940.
Des artistes et des intellectuels déracinés
Leur engagement pour sauver la France du déshonneur est détaillé par le musée de l’Armée, au fil d’un propos structuré en neuf sections, où de nombreux éléments d’archives (documents administratifs, carnets, journaux, brochures…) dialoguent avec des objets d’art et des portraits de personnalités incarnant la Résistance française. On observe d’abord les premiers candidats à l’exil tenter de quitter l’Hexagone dans des conditions difficiles pour rallier l’Angleterre ou l’Afrique du Nord, en passant souvent par Marseille, qui devient une capitale artistique éphémère. Un dessin collectif par Victor Brauner, André Breton, Óscar Dominguez, Jacques Hérold, Wifredo Lam et Jacqueline Lamba témoigne de cette effervescence culturelle fugace. On redécouvre les créations de ces déracinés, une fois établis à l’étranger, souvent dans la précarité : les statues d’Ossip Zadkine, qui offrent comme un aperçu de son atelier new-yorkais ; les affiches et fascicules de Natacha Carlu et André Masson qui exaltent la vaillance de la France libre ; les compositions colorées d’Henry Valensi célébrant l’union sacrée des Alliés contre l’Allemagne nazie.
Henry Valensi (1883-1960), Le Débarquement, 1944. Huile sur toile, 130 x 92 cm. Paris, musée de l’Armée. Photo service de presse. © Paris – musée de l’Armée, Dist. GrandPalaisRmn / Anne-Sylvaine Marre-Noël © Adagp, Paris, 2025
Des ambassades culturelles à l’étranger
La mobilisation en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada et en Amérique latine prend la forme d’initiatives diverses, comme le lancement de revues (France d’abord, France-Orient ou France Forever) et l’organisation d’ambassades culturelles au Mexique, en Argentine et jusqu’en Asie. Cet itinéraire, au cours duquel le ton des œuvres oscille entre l’amertume de la défaite de 1940 et l’espoir de lendemains heureux, commémore à point nommé, en cette année du 80e anniversaire de la Libération, l’engagement sans faille de figures comme Marc Chagall, Paul Éluard, Jean Gabin ou encore Joseph Kessel.
Photographie de Jacques Soustelle en Argentine, Nantes, Archives du ministère des Affaires étrangères, légation de France à Mexico. Photo service de presse. © Archives du ministère des Affaires étrangères, France
« Un exil combattant. Les artistes et la France, 1939-1945 », jusqu’au 22 juin 2025 au musée de l’Armée, 129 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. 01 44 42 38 77. www.musee-armee.fr
Catalogue, coédition musée de l’Armée / Gallimard, 320 p., 39 €.