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« La fureur de peindre » : Joan Mitchell, 1925-2025

Joan Mitchell dans son atelier de Vétheuil, 1983. Photographie de Robert Freson, Joan Mitchell Foundation Archives.

Joan Mitchell dans son atelier de Vétheuil, 1983. Photographie de Robert Freson, Joan Mitchell Foundation Archives. Photo service de presse. © Joan Mitchell Foundation

La Fondation Joan Mitchell a vu le jour en 1993, un an après le décès de l’artiste américaine. Selon sa volonté, elle est consacrée à la défense de son œuvre et au soutien des artistes. Durant toute l’année 2025, l’institution célèbre le centenaire de sa naissance en organisant un florilège d’événements à travers le monde et particulièrement en France. Entretien avec Christa Blatchford, Executive Director, et Sarah Roberts, Senior Director of Curatorial Affairs, de la Fondation Joan Mitchell.

Propos recueillis par Fanny Drugeon

Une grande rétrospective Joan Mitchell a été organisée au musée d’art moderne de San Francisco en 2021, que l’on a pu découvrir l’année suivante à Paris, à la Fondation Louis Vuitton. Cette année, pour le centenaire de sa naissance, vous avez noué des partenariats avec les musées conservant des œuvres de l’artiste à travers le monde, des États-Unis à l’Australie, et en Europe, avec la volonté de les présenter in situ. Pourquoi ce choix ?

C.B. : Joan Mitchell est née à Chicago, elle a vécu à New York puis, à partir de 1959, elle s’est installée en France, à Paris et à Vétheuil non loin de Giverny. Nous souhaitons en effet que le public puisse partir à la découverte des lieux qui conservent ses œuvres in situ, au fil d’un parcours qui logiquement débute à Paris. Pour le centenaire, nous avons cherché à approfondir la connaissance de l’artiste et de son travail, dans le contexte de l’époque. Plus de cinquante musées à travers la France ont accepté d’exposer leurs œuvres de Mitchell : le Centre Pompidou, les musées de Grenoble, de Rennes, le monastère de Brou à Bourg-en-Bresse, ainsi que le musée d’Art, d’histoire et d’archéologie d’Évreux ou celui des Impressionnismes à Giverny…

S.R. : Cela permettra en outre de poursuivre un travail de préservation, plusieurs institutions ayant bénéficié de subventions de la Fondation Joan Mitchell pour la conservation et la restauration des œuvres. Contempler les peintures de l’artiste dans leur environnement habituel offre une découverte singulière par le public.

Joan Mitchell, Untitled, 1969. Huile sur toile, 260,35 x 468,63 cm. Collection du musée du monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse.

Joan Mitchell, Untitled, 1969. Huile sur toile, 260,35 x 468,63 cm. Collection du musée du monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse. Photo service de presse. © Estate of Joan Mitchell

Un important travail de recherche a également été entrepris, puisque vous allez aussi organiser des colloques scientifiques, en partenariat notamment avec Aware (Archives of Women Artists, Research & Exhibitions), qui travaille activement à la (re)connaissance des artistes femmes du XVIIIe siècle à nos jours. La carrière de Joan Mitchell s’étendant sur plus de quatre décennies, comment préparez-vous le catalogue raisonné ?

S.R. : Ce travail conséquent a commencé en 2015, il va nécessiter encore plusieurs années de recherches. Les événements organisés à l’occasion du centenaire vont permettre d’approfondir certains aspects de l’œuvre de Joan Mitchell, comme son intérêt pour l’art de Cézanne, Van Gogh et Matisse, ou encore pour la poésie ou la musique, qui ont été des sources d’inspiration importantes pour elle.

C.B. : La fondation respecte les volontés de l’artiste en préservant son héritage, mais aussi en cherchant à « aider et soutenir » les artistes en activité comme le stipule son testament. Plus de 1 300 artistes ont bénéficié de bourses ou ont été en résidence à La Nouvelle-Orléans. Tout au long de son existence, Joan Mitchell a été sensible aux difficultés de la création et aux préoccupations matérielles. À la fin de sa vie, elle a offert à de jeunes artistes un lieu de vie et de travail afin de soutenir leur développement, ce que poursuit le programme actuel de résidence de la fondation. Une exposition d’anciens artistes en résidence sera d’ailleurs organisée au Joan Mitchell Center, à La Nouvelle-Orléans.

Joan Mitchell, Ici, 1992. Huile sur toile, 260 x 400,1 cm. Collection de Saint Louis Art Museum, Missouri.

Joan Mitchell, Ici, 1992. Huile sur toile, 260 x 400,1 cm. Collection de Saint Louis Art Museum, Missouri. Photo service de presse. © Estate of Joan Mitchell

Plus d’informations sur le centenaire et les œuvres de Joan Mitchell visibles dans les collections internationales sur www.joanmitchellfoundation.org
Les propriétaires de peintures potentiellement attribuables à Joan Mitchell sont invités à prendre contact via le site web du projet : www.joanmitchellcr.org