L’Amérique dans l’objectif de ses photographes au Rijksmuseum

Ming Smith (née en 1951), America Seen Through Stars and Stripes, New York City, 1976. Tirage gélatino-argentique, 31,8 x 47 cm. Virginia Museum of Fine Arts, Richmond (VA), Adolph D. and Wiliams C. Williams Fund. Photo service de presse. © DR
Le cabinet des estampes du Rijksmuseum conserve une collection de photographies de quelque 200 000 pièces dans laquelle il a puisé pour organiser cette exposition qui met en avant toute la diversité de la photographie américaine depuis ses origines.
La photographie voit le jour en Europe, en 1839, puis elle gagne rapidement les États-Unis où elle va connaître un développement exponentiel, comme en témoigne l’ensemble réuni par le Rijksmuseum au cours des deux dernières décennies. Au fil d’un accrochage qui se concentre sur la photographie vernaculaire sans y inclure les artistes étrangers ayant visité le pays (on ne verra donc pas de clichés de Robert Doisneau parti en Californie en 1960 réaliser un reportage pour le magazine Fortune sur les milliardaires de Palm Springs), l’exposition offre à la vue du public une vaste histoire visuelle de l’Amérique.
Schadde Brothers Studio, Display, sample or trade catalogue photograph for sweet manufacturer Brandle & Smith Co., vers 1915. Tirage gélatino-argentique avec application de couleurs, 28,8 x 24 cm. Rijksmuseum, Amsterdam. Photo service de presse. Photo CC0 Rijksmuseum
Un œil sur l’histoire
Le regard de « faiseurs d’opinion » sur les grands événements marquants de la nation, le sort des Native Americans et la guerre de Sécession, le rêve américain et sa froide réalité, le rôle précurseur de la photographie publicitaire outre-Atlantique, les paysages surdimensionnés, le portrait, la vie quotidienne ou la sphère intime sont autant de thèmes abordés. Les chefs-d’œuvre signés des plus grands artistes (Sally Mann, Robert Frank, Lisette Model, Nan Goldin, Robert Mapplethorpe, Richard Avedon, Andy Warhol, Paul Strand, Diane Arbus ou James Van Der Zee) jalonnent le parcours et côtoient pochettes de disques, calendriers, couvertures de magazines, albums, livres et même de touchants objets de la vie quotidienne, comme une curieuse boîte fabriquée à partir de paquets de cigarettes ornée de photographies de colocataires de la fin des années 1960.
Boîte composée de paquets de cigarettes et ornée de portraits de colocataires, fin des années 1960. Bois, paquets de cigarettes, tirages argentiques, 14 x 11 x 19,5 cm. New York, Collection de Daile Kaplan, Pop Photographica. Photo service de presse. Photo Andy Romer Photography, New York
Des prêts internationaux
Cet ensemble montré au public pour la première fois est agrémenté de prêts provenant d’une trentaine de collections internationales. Les prémices de l’histoire du médium sont ainsi illustrées par un très rare daguerréotype de 1840, l’autoportrait d’Henry Fitz Jr., les yeux fermés, d’une modernité déroutante, prêté par le Smithsonian National Museum of American History à Washington.
Henry Fitz Jr. (1808-1863), Autoportrait, 1840. Daguerréotype, 12 x 15 cm (avec cadre). Washington, Smithsonian National Museum of American History. Photo CC0 / Smithsonian National Museum of American History
« American photography », jusqu’au 9 juin 2025 au Rijksmuseum, Museumstraat 1, 1071 XX Amsterdam. Tél. 00 31 20 674 7000. www.rijksmuseum.nl
Catalogue, sous la direction de Hans Rooseboom et Mattie Boom, en néerlandais ou en anglais, 304 p., 45 €.
En parallèle de l’exposition, la série Painting the town (2021) de l’artiste Carrie Mae Weems (née en 1953) est présentée dans la galerie de photographie du Rijksmuseum.