L’art du style : en 2025, la mode s’expose sous les projecteurs des musées

Vue de l’exposition « Du cœur à la main : Dolce&Gabbana » au Grand Palais, section « Dévotion ». Photo service de presse. © Mark Blower Photography
Cette année, la mode s’impose comme jamais dans les musées ! Costumes de théâtre, robes de soirée ou tenues d’artistes : le vêtement est, sans surprise, à l’honneur au Palais Galliera, au MAD ou au Centre national du costume et de la scène de Moulins, mais il s’invite aussi au musée de l’Homme, au Petit Palais et jusqu’au cœur des collections du Louvre. Amateurs de dentelles, de tissus africains, de bijoux Art déco ou de kimonos brodés : il y en a pour tous les goûts !
Quand les couturiers s’emparent du Louvre
Si le plus grand musée du monde ne conserve pas de vêtements, ses inépuisables collections ne cessent d’inspirer les créateurs de mode. Siglés Balenciaga, Chanel, Jean-Paul Gaultier, Givenchy ou Iris van Herpen, une centaine de silhouettes et d’accessoires datant des années 1960 à 2025 ont investi le département des Objets d’art pour tisser de séduisants dialogues, magnifiés par la spectaculaire scénographie de Nathalie Crinière. Une belle façon de (re)découvrir cette pléthorique collection de meubles, émaux, céramiques ou vitraux allant du Moyen Âge au Second Empire !
Exposition « Louvre couture ». Givenchy. Musée du Louvre. Photo service de presse. © Musée du Louvre / Nicolas Bousser
« Louvre couture. Objets d’art, objets de mode », du 24 janvier au 21 juillet 2025 au musée du Louvre, rue de Rivoli, 75001 Paris. www.louvre.fr
Dolce&Gabbana, le luxe à l’italienne
Dans une mise en scène absolument sensationnelle, le Grand Palais réunit les créations emblématiques de Domenico Dolce et Stefano Gabbana, sur fond de mosaïques dorées, de musique sicilienne, de lustres de Murano, de meubles baroques ou de scènes du Guépard… Aussi théâtrales que somptueuses, ces pièces uniques, mettant en lumière le fatto a mano, conjuguent élégance, sensualité, extravagance et impertinence. Robes de plumes, vestes couvertes de cristaux, toques, traînes, sacs et bijoux rendent hommage au savoir-faire des artisans tout en sondant l’attachement viscéral des deux créateurs à l’art, l’architecture et la musique de leur terre natale. Œuvre d’art totale, cette exposition offre une époustouflante immersion à travers 40 ans de création foisonnante !
Vue de l’exposition « Du cœur à la main : Dolce&Gabbana », section « Le Léopard ». Photo service de presse. © Mark Blower Photography
« Du cœur à la main : Dolce&Gabbana », du 10 janvier au 31 mars 2025 au Grand Palais, 3 avenue du général Eisenhower, 75008 Paris. www.grandpalais.fr
C’est le wax !
Plus populaire que jamais en Occident, le wax est reconnaissable entre tous par ses couleurs intenses et ses motifs variés. Si certains Africains et membres de la diaspora le considèrent comme un emblème, d’autres estiment qu’il renvoie une image trop stéréotypée et éclipse les tissus traditionnels. Mais saviez-vous qu’il s’inspire du batik, tissu d’origine indonésienne industrialisé par les Européens ? Le musée de l’Homme révèle la fascinante histoire de ce textile à l’identité hybride en croisant les regards d’anthropologues, de couturiers, d’historiens de l’art et d’artistes contemporains.
Thandiwe Muriu (née en 1990), photographie, Camo 43. Photo service de presse. © Thandiwe Muriu
« Wax, entre héritage et réappropriation », du 5 février au 7 septembre 2025 au musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro et du 11 novembre, 75016 Paris. www.museedelhomme.fr
Tout d’or paré
Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine, des artistes chevronnés ont rivalisé d’ingéniosité pour réaliser de véritables œuvres d’art où les fibres de soie ou de lin s’entrelacent aux lames et filés d’or. Les kimonos d’apparat brodés entrent en dialogue avec les somptueux saris indiens et les caftans marocains. Les créations de la Chinoise Guo Pei (née en 1967), où se mêlent soie, pierres précieuses, plumes, perles et surtout de l’or, beaucoup d’or, ponctuent cette immersion fascinante au cœur du faste et du raffinement.
Guo Pei (née en 1967), collection Legend of the Dragon, couture collection 2012.Soie ; broderies de fils de soie, d’argent et d’or, perles, fourrure et cristaux Swarovski. Paris, France. Photo service de presse. © Guo Pei, Chine. Photo Minghua Li
« Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil levant », du 11 février au 6 juillet 2025 au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, 37 quai Jacques Chirac, 75007 Paris. www.quaibranly.fr
L’habit fait-il l’artiste ?
Qu’est-ce que le choix d’un costume révèle sur les artistes ? Comment leur statut a-t-il évolué depuis la Renaissance ? Leur identité tant intime que publique ? Pour répondre à ces questions, le Louvre-Lens réunit quelque 200 œuvres et vêtements. Après un émouvant face à face avec Rembrandt, Hyacinthe Rigaud, Rosa Bonheur ou Henri Fantin-Latour qui nous observent le pinceau en main, voici George Sand vêtue en homme, la fameuse robe de chambre de Balzac par Rodin ou encore la perruque d’Andy Warhol. Le parcours explore aussi la mutation du vêtement en œuvre d’art, depuis les « robes simultanées » de Sonia Delaunay jusqu’aux collaborations les plus récentes entre artistes, designers et industrie de la mode.
George Achille-Fould (1865-1951), Rosa Bonheur dans son atelier, 1893. Huile sur toile, Bordeaux, Musée des Beaux-Arts. Photo service de presse. © Mairie de Bordeaux / F. Deval
« S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement », du 26 mars au 21 juillet 2025 au Louvre-Lens, 99 Rue Paul Bert, 62300 Lens. www.louvrelens.fr
Lacroix et la scène
Carmen, Othello, Don Juan, Cyrano de Bergerac… : Christian Lacroix a imaginé des costumes pour près d’une centaine de productions de ballet, théâtre et opéra, en France et dans toute l’Europe. Conjuguant avec bonheur techniques de la haute couture, savoir-faire artisanaux et astuces de costumiers, le couturier des couleurs met au service de la scène son amour des étoffes, des ruchés et des dentelles. Passionné par le théâtre depuis l’enfance, cet ancien étudiant en histoire de l’art crée des costumes teintés d’orientalisme, empreints de néoclassicisme ou franchement baroques. La nouvelle exposition du CNCS de Moulins rappelle enfin que Lacroix, toujours à l’affût d’expériences nouvelles, s’est même essayé avec succès à la mise en scène, à la scénographie et à la réalisation de décors.
Costume de Christian Lacroix (né en 1951) pour l’opéra Adriana Lecouvreur de F. Cilea, mise en scène de Vincent Boussard, Opéra de Francfort, 2012. Coll. CNCS / don Opéra de Francfort. Photo service de presse. © CNCS / Florent Giffard
« Christian Lacroix et la scène », du 5 avril 2025 au 4 janvier 2026 au Centre national du costume et de la scène, quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins. www.cncs.fr
Worth, père de la haute couture
Le Palais Galliera et le Petit Palais s’associent pour la première fois afin de proposer une rétrospective de grande ampleur consacrée à la maison Worth. Pas moins de 400 vêtements, accessoires, peintures et œuvres graphiques retraceront l’histoire de cette maison devenue le symbole du luxe parisien, un récit qui s’étend sur quatre générations et nous entraîne du Second Empire aux Années folles. C’est bien sûr d’abord la figure du fondateur, Charles Frederick Worth (1825-1895), et sa fulgurante ascension, que le parcours met en lumière. Car issu d’une modeste famille du Lincolnshire, ce marchand de tissus installé à Paris en 1845 allait hisser le couturier au rang d’artiste et contribuer à fonder le principe même de haute couture…
Robe d’intérieur ou tea-gown, Worth, vers 1897. Soie façonnée à fond en satin vert et motifs en velours coupé bleu ; dentelle de coton mécanique ; doublure en taffetas de soie changeant vert et bleu. Paris, Palais Galliera. Photo service presse. © Stanislas Wolff
« Worth. Inventer la haute couture », du 7 mai au 7 septembre 2025 au Petit Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. www.petitpalais.paris.fr
Et Poiret révolutionna la mode
Après avoir retracé la brillante histoire de la maison Christofle, le MAD Paris consacre enfin au grand couturier et parfumeur Paul Poiret (1879-1944) sa première exposition monographique. Passé chez Doucet, puis Worth, il fonde en 1903 sa propre maison de couture et s’impose rapidement par ses choix audacieux : absence de corset, silhouette fluide, tissus colorés. Mais s’il a habillé le Tout-Paris, il l’a aussi diverti par d’innombrables et somptueuses fêtes ! Plonger dans son univers créatif, c’est également mesurer l’intérêt qu’il accordait aux artistes de son temps, à commencer par ses amis Matisse, Picasso, Brancusi et Van Dongen, dont il collectionna les œuvres, ou encore Raoul Dufy avec lequel il collabora. Une étourdissante plongée dans la capitale du luxe et de la fête.
Paul Poiret (1879-1944), Robe du soir Joséphine, 1907. Photo service de presse. © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance
« Paul Poiret, la mode est une fête », du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026 au musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris. www.madparis.fr
Rick Owens, l’iconoclaste
Le parcours du styliste Rick Owens, né en Californie en 1962, était loin d’être tout tracé. À Los Angeles dès 1994, puis à Paris depuis 2003, il s’est pourtant taillé une notoriété internationale grâce à ses défilés spectaculaires aux allures de performances, destinés à mettre en scène ses créations détonantes. Dominés par le noir et les couleurs sourdes, ses vêtements sculpturaux tissent des liens inattendus entre culture underground, glamour hollywoodien, architecture brutaliste et grands noms de la haute couture. Une centaine de silhouettes, des archives inédites et diverses œuvres composeront un parcours d’une ampleur nouvelle qui se déploiera jusque sur les façades du Palais Galliera.
Rick Owens, prêt-à-porter, automne-hiver 2022-23, collection Strobe. Photo service de presse. © Rick Owens
« Rick Owens », du 27 juin 2025 au 4 janvier 2026 au Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie, 75016 Paris. www.palaisgalliera.paris.fr
Il est encore temps…
« Stephen Jones. Chapeaux d’artistes », jusqu’au 16 mars 2025 au Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie, 75016 Paris. www.palaisgalliera.paris.fr
« Les fleurs d’Yves Saint Laurent », jusqu’au 4 mai 2025 au musée Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau, 75016 Paris. www.museeyslparis.com