Le média en ligne des Éditions Faton

Le goût des Morozov célébré à la Fondation Louis Vuitton

Valentin Sérov, Portrait du collectionneur de la peinture moderne russe et française Ivan Abramovitch Morozov (détail), Moscou, 1910. Tempera sur carton, 63,5 x 77 cm. Collection Ivan Morozov, 1910. Moscou, galerie nationale Trétiakov.

Valentin Sérov, Portrait du collectionneur de la peinture moderne russe et française Ivan Abramovitch Morozov (détail), Moscou, 1910. Tempera sur carton, 63,5 x 77 cm. Collection Ivan Morozov, 1910. Moscou, galerie nationale Trétiakov. Photo service de presse. © Galerie nationale Trétiakov, 2021

Quatre ans après l’exposition consacrée à la somptueuse collection Chtchoukine, la Fondation Louis Vuitton réalise un nouvel exploit et accueille cet automne 2021 une autre collection russe d’exception, celle des frères Morozov.

Comme leur contemporain Sergueï Chtchoukine, Mikhaïl et Ivan Morozov (1870-1903 et 1871-1921) réunirent en quelques années une impressionnante quantité de chefs-d’œuvre de la peinture française de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, mais à sa différence, ils ne négligèrent aucunement l’art de leur propre pays, qu’ils achetèrent et promurent très largement. Anne Baldassari, commissaire de l’exposition, a d’ailleurs souhaité mettre l’accent sur cette spécificité : la présentation conjointe des œuvres françaises et russes ne témoigne pas seulement de leur arrivée quasi simultanée au sein de la collection, elle montre également l’influence décisive des premières sur les secondes, rappelant ainsi le rôle joué par les frères Morozov dans l’évolution de la peinture en Russie.

Paul Gauguin, Eu Haere ia oe (Où vas-tu ?), 1893. Huile sur toile, 92,5 x 73,5 cm. Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage.

Paul Gauguin, Eu Haere ia oe (Où vas-tu ?), 1893. Huile sur toile, 92,5 x 73,5 cm. Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage. Photo service de presse. © Musée d’État de l’Ermitage, 2021

Un serf devenu empereur

Pour comprendre comment les Morozov se sont imposés parmi les plus grands collectionneurs d’art moderne, il faut remonter le temps. Tout comme Chtchoukine, leur famille était d’origine serve. Leur aïeul Savva Morozov (1770-1860) servait un comte du gouvernorat de Moscou avant d’être affranchi et de créer, grâce à cinq roubles pris sur la dot de sa femme, un atelier de rubans. La prospérité de celui-ci allait permettre de libérer toute la famille. Entreprenant et très doué en affaires, Savva acheta au comte un terrain pour y construire une fabrique de tissus et développa un réseau de manufactures qu’il confia à ses fils, puis à ses petits-fils. À la veille de la Première Guerre mondiale, la famille Morozov se trouvait à la tête d’un véritable empire du textile et vendait aussi bien en Russie qu’en Europe, en Iran ou en Chine. Mais pour que cette fortune fût mise au profit de l’art, il fallait aussi une philosophie de vie particulière : celle-ci leur fut donnée par la foi schismatique de la vieille-croyance orthodoxe (voir L’Objet d’art n° 566). Comme Chtchoukine, les Morozov étaient de vieux croyants qui, depuis plusieurs générations, faisaient preuve d’un goût profond pour la culture et le mécénat : une substantielle rentrée d’argent devait servir la communauté et être employée à des fins sociales ou d’éducation. Varvara Morozova, la mère de Mikhaïl et Ivan, fut à cet égard l’une des grandes figures de la famille. Elle conjugua à ses talents de femme d’affaires une activité culturelle et philanthropique extrêmement dynamique, tenant un salon fréquenté par les meilleurs écrivains, créant des écoles et des salles de lecture, finançant aussi bien un journal progressiste qu’un hôpital psychiatrique, et léguant l’essentiel de sa fortune à ses ouvriers. Elle n’en oublia pas pour autant de prodiguer la meilleure éducation possible à ses propres enfants, leur faisant donner des cours de peinture par le célèbre artiste Konstantin Korovine.

Konstantine Korovine, En barque, 1888. Huile sur toile, 53,5 x 42,5 cm. Moscou, galerie Trétiakov.

Konstantine Korovine, En barque, 1888. Huile sur toile, 53,5 x 42,5 cm. Moscou, galerie Trétiakov. Photo service de presse. © Galerie nationale Trétiakov, 2021

Un train de vie moscovite fastueux

Ivan semble bien avoir été le plus assidu des frères, puisqu’à vingt-trois ans, alors qu’il étudie la chimie à l’École polytechnique de Zurich, il met à profit ses week-ends pour peindre à l’huile des paysages. En 1895, fraîchement diplômé et de retour au pays, il part diriger la manufacture de Tver tandis que son frère aîné Mikhaïl, jeune marié qui a, lui, suivi des cours d’histoire et de lettres à l’Université de Moscou, mène déjà grand train dans son splendide hôtel particulier du boulevard Smolienski. Tout le beau monde de la capitale est impressionné par ce personnage haut en couleur, qui n’hésite pas à flamber un million de roubles aux cartes, donne des sommes élevées à la cathédrale de la Dormition du Kremlin et brigue divers postes publics, tout en se piquant d’écrire critiques de théâtre et ouvrages historiques. S’il est aussi très friand de musique, organisant régulièrement des concerts, c’est bien la peinture qui le passionne : il accueillera ainsi, dès 1893, un cénacle d’artistes dans son palais. Les réunions dominicales du boulevard Smolienski sont sans doute avant tout destinées à lui forger un goût plus sûr et à l’aider dans la constitution d’une collection de tableaux. En effet, alors qu’il pensait avoir déniché des toiles de maîtres de la Renaissance, Mikhaïl Morozov comprend qu’il n’a acquis que des œuvres médiocres et qu’il doit bien s’entourer s’il veut que sa collection soit à la hauteur de ses ambitions. Il s’informe donc auprès des peintres Konstantin Korovine, Sergueï Vinogradov et Valentin Sérov, qui prodigueront aussi, en temps venu, leurs conseils à Ivan. Celui-ci rend visite à son frère dès qu’il peut se libérer de ses obligations professionnelles et finit par s’établir à Moscou en 1900, dans une imposante demeure de la rue Pretchistenka.

Edvard Munch, Nuit blanche (Filles sur le pont), Osgarstrand, 1903. Huile sur toile, 86 x 75,8 cm. Collection Mikhaïl Morozov, 1903. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine.

Edvard Munch, Nuit blanche (Filles sur le pont), Osgarstrand, 1903. Huile sur toile, 86 x 75,8 cm. Collection Mikhaïl Morozov, 1903. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine. Photo service de presse. © Musée d’État des beaux-arts Pouchkine, 2021

Mikhaïl Morozov : du symbolisme au postimpressionnisme

Si la constitution de la collection de Mikhaïl s’étend sur huit ans (1895-1903), l’essentiel se joue dans les cinq dernières années de sa vie. Il entreprend alors des voyages réguliers à l’étranger, en particulier à Paris où se joue le destin de la peinture moderne, et devient un familier des grands marchands français. Le nombre d’œuvres occidentales qu’il réunit reste certes limité – une quarantaine, l’autre moitié de la collection étant composée d’œuvres russes –, mais leur qualité est exceptionnelle. Trois ensembles se distinguent. Le premier est composé d’artistes non français, tels que le Norvégien Munch, le Finlandais Gallen-Kallela ou les Espagnols La Gandara et Camarasa – autant de peintres qui tendent tous vers le symbolisme, auquel Mikhaïl est alors le seul à s’intéresser en Russie. Le deuxième groupe, plus restreint, est consacré à l’impressionnisme, avec des œuvres majeures comme La Toilette de Degas ou Le Champ de coquelicots de Monet. Enfin, le troisième, qui comprend les toiles postimpressionnistes, mêle aux côtés de Van Gogh et Gauguin des artistes aujourd’hui oubliés (Dethomas, Guérin) ainsi que quelques Nabis comme Bonnard, qu’il fut, là encore, le premier à apprécier en son pays. À sa mort prématurée des suites d’une néphrite – survenue le 25 octobre 1903, peu de temps après que Sérov l’a portraituré –, sa femme Margarita Kirillovna (1873-1958) hérite logiquement de sa collection. Fidèle à la tradition familiale de générosité et de mécénat, elle en offrira en 1910 la majeure partie (60 tableaux) à la Galerie nationale Trétiakov : grâce à ce don, la peinture moderne européenne et surtout française est alors montrée au public russe pour la première fois.

Vincent Van Gogh, La Mer aux Saintes-Maries, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1888. Huile sur toile, 44,5 x 54,5 cm. Collection Mikhaïl Morozov, 1901. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine.

Vincent Van Gogh, La Mer aux Saintes-Maries, Saintes-Maries-de-la-Mer, 1888. Huile sur toile, 44,5 x 54,5 cm. Collection Mikhaïl Morozov, 1901. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine. Photo service de presse. © Musée d’État des beaux-arts Pouchkine, 2021

« Ivan fait aussi son marché chez Durand-Ruel, s’offrant Le Jardin Hoschedé à Montgeron et Waterloo Bridge de Monet, ou La Campagne de Veneux. Le Printemps de Sisley. »

Le goût discret d’Ivan Morozov

D’un tempérament plus mesuré et prudent que son exubérant de frère, et tout en continuant à diriger la manufacture de Tver, Ivan reprend aussitôt le flambeau. S’il acquiert sa première toile dès l’âge de 19 ans, avant son départ pour Zurich, puis, une fois installé à Moscou, quelques autres de peintres russes (Vroubel, Korovine, Sérov, Golovine, Benois, Somov… qu’achetait aussi son aîné), c’est bien le décès de Mikhaïl qui déclenche en lui la fièvre de la collection. Il ajoute ainsi les noms de Kouznetsov, Larionov, Gontcharova, Kontchalovski ou encore Chagall (sans aller toutefois jusqu’à Kandinsky ou Malévitch) et, suivant l’exemple de Mikhaïl, se met à rechercher les artistes étrangers. Malgré l’acquisition, en 1903, de deux œuvres des Espagnols Joaquín Sorolla et Ignacio Zuloaga, il décide de se focaliser sur la seule peinture française. La Gelée à Louveciennes de Sisley inaugure certainement ce pan de la collection. Vinogradov le pousse à choisir Terres labourées de Pissarro dans la galerie parisienne d’Ambroise Vollard. Mais Ivan fait aussi son marché chez Durand-Ruel, s’offrant Le Jardin Hoschedé à Montgeron et Waterloo Bridge de Monet, ou La Campagne de Veneux. Le Printemps de Sisley. Les toiles qu’il emporte pourraient être qualifiées d’apaisantes, sinon de sages, loin de l’audace colorée qui plaît tant à son rival Chtchoukine. Mais c’est là une différence de caractère, non un manque de personnalité. Comme le notait le critique Abram Éfros, on retrouvait peu ou prou les mêmes maîtres sur les murs des deux collectionneurs, mais alors que chez Chtchoukine, « les stars des pinceaux parisiennes apparaissaient toujours comme sur une scène, avec un maquillage théâtral, très tendues ; chez Morozov elles arrivaient plus discrètement, dans l’intimité et la transparence. » D’ailleurs, l’éclat des couleurs ne sera nullement absent rue Pretchistenka, comme en témoignent la Jeanne Samary de Renoir, peut-être acquise en mémoire de son défunt frère qui possédait un portrait du même modèle, ou encore l’éblouissant et radical Triptyque marocain de Matisse

Henri Matisse, Triptyque marocain. Zorah sur la terrasse, Tanger, 1912-1913. Huile sur toile, 115 x 100 cm. Collection Ivan Morozov, 1913, commandé au printemps 1911. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine.

Henri Matisse, Triptyque marocain. Zorah sur la terrasse, Tanger, 1912-1913. Huile sur toile, 115 x 100 cm. Collection Ivan Morozov, 1913, commandé au printemps 1911. Moscou, musée d’État des beaux-arts Pouchkine. Photo service de presse. © Succession H. Matisse

Une prédilection pour Gauguin et Cézanne

Les séjours parisiens des années 1906-1907 se révèlent fondamentaux pour la collection. Les prêts qu’Ivan accorde à Sergueï Diaghilev pour l’exposition d’art russe organisée au Salon d’Automne de 1906 et la Légion d’honneur qu’il obtient en tant que collectionneur achèvent sans doute de le convaincre de sa place éminente dans le paysage artistique. Il acquiert peu après trois Monet majeurs (Le Boulevard des Capucines, Un coin de jardin à Montgeron, Une meule près de Giverny), un chef-d’œuvre de Renoir (Sous la tonnelle du Moulin de la Galette), ainsi que ses premiers Bonnard (Paysage du Dauphiné et Coin de Paris) et Gauguin (Les Parau Parau et MATAMOE). Morozov leur restera fidèle. Ainsi, alors que nul ne semblait pouvoir rivaliser avec la collection de toiles de Gauguin réunie par Chtchoukine, Ivan peut s’enorgueillir d’en posséder bientôt huit, dont une sublime nature morte des îles Marquises. En 1907, la rétrospective Cézanne au Salon d’Automne est pour lui un choc immense. Il achète aussitôt deux tableaux de l’Aixois, qui devient son artiste préféré. Par la suite, se montant à dix-huit peintures couvrant toute sa carrière, depuis L’Ouverture de Tannhäuser ou l’Autoportrait à la casquette des années 1860-1870 jusqu’aux chefs-d’œuvre des dernières années tels Madame Cézanne dans la serre ou Le Grand Pin, l’ensemble cézannien alors unique au monde qu’il réunit forme comme une collection dans la collection et prend place dans un cabinet qui jouxte ses appartements privés.

Paul Cézanne, Le Grand Pin, Aix-en-Provence, (1895-1897). Huile sur toile, 72 x 91 cm. Collection Ivan Morozov, 29 septembre 1908. Saint-Pétersbourg, musée d’État de l’Ermitage.

Paul Cézanne, Le Grand Pin, Aix-en-Provence, (1895-1897). Huile sur toile, 72 x 91 cm. Collection Ivan Morozov, 29 septembre 1908. Saint-Pétersbourg, musée d’État de l’Ermitage. Photo service de presse. © Musée d’État de l’Ermitage, 2021

La découverte des Nabis

Souhaitant créer une véritable harmonie au sein de son hôtel particulier et par ailleurs très sensible à la dimension décorative de la peinture, Ivan Morozov se passionne aussi pour les toiles des Nabis, dont le nombre et la qualité sont également remarquables. Après la rénovation de son palais en 1907, les tableaux russes sont resserrés afin de permettre l’accrochage des œuvres françaises. Ayant fait, l’année précédente, la connaissance de Maurice Denis (qui lui présentera le sculpteur Aristide Maillol), il lui passe commande, pour son salon de musique, d’un cycle illustrant l’histoire de Psyché. En 1911-1912, Bonnard renouvelle l’expérience décorative en illuminant son escalier avec les trois panneaux de la Méditerranée, puis en livrant L’Automne et Le Printemps, avant que ne leur soit adjoint, acquis auprès de Bernheim, L’Été. La Danse.

Maurice Denis, L’Histoire de Psyché, panneau troisième : Psyché découvre que son mystérieux amant est l’Amour, Paris, 1908-1909. Huile sur toile, 395 x 274,5 cm. Collection Ivan Morozov, 1908, commandé en juin 1907. Saint-Pétersbourg, musée d’État de l’Ermitage.

Maurice Denis, L’Histoire de Psyché, panneau troisième : Psyché découvre que son mystérieux amant est l’Amour, Paris, 1908-1909. Huile sur toile, 395 x 274,5 cm. Collection Ivan Morozov, 1908, commandé en juin 1907. Saint-Pétersbourg, musée d’État de l’Ermitage. Photo service de presse. © Musée d’État de l’Ermitage, 2021

Une collection dans la tourmente

Alors que le « monde d’hier » (S. Zweig) vit ses derniers jours, Morozov peut contempler avec fierté le temple du beau qu’il a su bâtir en une décennie. Composée de 430 œuvres russes et 240 œuvres françaises, sa collection, construite avec un souci particulier des équilibres et des échos internes – l’un de ses principes étant la création d’ensembles, conçus comme tels par l’artiste (diptyques, triptyques) ou formés par le collectionneur lui-même (selon le sujet ou le chromatisme) –, souffre aisément la comparaison avec celle de son confrère Chtchoukine. Hélas, ces deux personnalités d’exception auront le malheur de voir leurs prodigieuses collections confisquées par les révolutionnaires russes. Quittant son pays en 1919 après la nationalisation de ses biens, Ivan Morozov meurt deux ans plus tard, le 22 juillet 1921, dans la ville d’eau de Carlsbad (République tchèque). De 1928 à 1948, son ancien palais moscovite accueille le premier musée d’art moderne du monde, constitué, pour l’essentiel, des œuvres rassemblées par Chtchoukine et lui-même, avant que sa collection d’art français ne soit dispersée entre le musée Pouchkine, le musée de l’Ermitage et la Galerie Trétiakov. Grâce à l’étroite collaboration entre ces trois prestigieuses institutions et la Fondation Louis Vuitton, le visiteur a aujourd’hui l’insigne chance de pouvoir admirer la plupart des chefs-d’œuvre français et russes tels que les frères Morozov les avaient rassemblés.

Valentin Sérov, Portrait du collectionneur de la peinture moderne russe et française Ivan Abramovitch Morozov, Moscou, 1910. Tempera sur carton, 63,5 x 77 cm. Collection Ivan Morozov, 1910. Moscou, galerie nationale Trétiakov.

Valentin Sérov, Portrait du collectionneur de la peinture moderne russe et française Ivan Abramovitch Morozov, Moscou, 1910. Tempera sur carton, 63,5 x 77 cm. Collection Ivan Morozov, 1910. Moscou, galerie nationale Trétiakov. Photo service de presse. © Galerie nationale Trétiakov, 2021

« La collection Morozov. Icônes de l’art moderne », du 22 septembre 2021 au 22 février 2022 à la Fondation Louis Vuitton, 8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris. Tél. 01 40 69 96 00. Fondation Louis Vuitton

Catalogue par Anne Baldassari, Gallimard, 540 p., 49,90 €.