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Nos itinéraires de l’été 2025 (6/17). Corps-à-corps

Willy Declercq / Luwi, Harmony (Harmonie), 2024. Verre, pâte de verre.

Willy Declercq / Luwi, Harmony (Harmonie), 2024. Verre, pâte de verre. Photo service de presse. © Willy Declercq

De la beauté classique des statues égyptiennes aux tatouages en passant par la sensualité du nu féminin, le corps est au cœur de cette sélection d’expositions en France et à l’étranger.

PARIS | Corps et âmes

« Depuis les années 1960, les artistes font du corps le sismographe et le témoin privilégié d’un art engagé », résume Emma Lavigne, directrice générale de la Collection Pinault et commissaire de la présente exposition. Partant de ce constat, elle a rassemblé dans les superbes espaces de la Bourse de Commerce une quarantaine de photographes, peintres et plasticiens de premier plan, comme Wolfgang Tillmans, Peter Doig, Miriam Cahn, Philip Guston, Georg Baselitz, Zanele Muholi, Marlene Dumas ou Sherrie Levine… Du corps souffrant au corps célébré, ce parcours polyphonique et sensible invite à une réflexion universelle sur l’altérité.

Antonio Oba (né en 1983), Cantor de coral – estudo, 2023. Huile sur toile, 33 x 25 cm. Pinault Collection.

Antonio Oba (né en 1983), Cantor de coral – estudo, 2023. Huile sur toile, 33 x 25 cm. Pinault Collection. Photo service de presse. © Courtesy de l’artiste et Mendes Wood DM. Photo EstudioEmObra

« Corps et âmes », jusqu’au 25 août 2025 à la Pinault Collection, Bourse de Commerce, 2 rue de Viarmes, 75001 Paris. Tél. 01 55 04 60 60. www.pinaultcollection.com
Catalogue, coédition Pinault Collection / Éditions Dilecta, 256 p., 45 €.

BRUXELLES | Les yeux dans les yeux

La thématique du regard sert de fil d’Ariane à cette grande exposition déployée à la Fondation Boghossian afin de dévoiler un pan encore peu connu des pléthoriques collections de la Fondation Gandur, centré autour de l’Égypte ancienne. Conservant pour la postérité les traits d’hommes et de femmes de l’Antiquité, les masques de momies et de sarcophages engagent ici un envoûtant dialogue avec les dieux et déesses, représentés sur des stèles, statues et amulettes. Quarante œuvres d’art contemporain africain et de la diaspora, issues elles aussi de la collection réunie par l’homme d’affaires suisse Jean Claude Gandur, ravivent ce dialogue par-delà les siècles.

Buste de Ramsès II, deuxième moitié du IIe millénaire avant J.-C. Genève, Fondation Gandur pour l’Art.

Buste de Ramsès II, deuxième moitié du IIe millénaire avant J.-C. Genève, Fondation Gandur pour l’Art. Photo service de presse. © Fondation Gandur pour l’Art / Photo Thierry Ollivier

« Regards intemporels, des pharaons à aujourd’hui », jusqu’au 7 septembre 2025 à la Fondation Boghossian, Villa Empain, Centre d’art et de dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident, 67 avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles.
Tél. 00 32 2 627 52 30. www.boghossianfoundation.be

LONDRES | Jenny Saville, de chair et d’art

Figure majeure des Young British Artists, Jenny Saville (née à Cambridge en 1970) se fait connaître dès les années 1990 pour ses grands nus de femmes bien en chair d’une sensualité troublante. L’importante rétrospective que lui consacre la National Portrait Gallery permet d’appréhender son approche volontiers non conventionnelle de la beauté, oscillant entre précision anatomique et expressivité du geste. Saville se pose en héritière de Rubens autant que de Lucian Freud dans sa façon de scruter la peau, les visages et les plis, pour célébrer avec humanité des corps imparfaits et pleinement vivants.

Jenny Saville (née en 1970), Drift, 2020-2022. Collection particulière.

Jenny Saville (née en 1970), Drift, 2020-2022. Collection particulière. Photo service de presse. © Jenny Saville, Courtesy Gagosian

« Jenny Saville, anatomie de la peinture », jusqu’au 7 septembre 2025 à la National Portrait Gallery, St Martin’s Place, WC2H 0HE Londres. Tél. 00 44 20 7306 0055. www.npg.org.uk

RENNES | Claire Tabouret, face-à-face

Installée aux États-Unis depuis 2015 pour « rester en mouvement », Claire Tabouret est présentée en majesté au musée des Beaux-Arts de Rennes. Artiste protéiforme (elle se confrontera bientôt au vitrail pour la commande de Notre-Dame de Paris), elle se dévoile en une soixantaine d’œuvres – peintures à l’acrylique le plus souvent, mais aussi dessins, céramiques et monotypes. Douze années de sa jeune carrière sont ainsi évoquées à travers le prisme du portrait. À coups de pinceaux amples, Claire Tabouret campe des baigneuses, des chercheurs d’or ou des enfants vêtus pour une kermesse, modèles généralement anonymes, évoluant dans un cadre intemporel détaché du réel. Mais depuis l’adolescence, l’artiste pratique aussi l’autoportrait avec la même intensité.

Claire Tabouret (née en 1981), Makeup (orange and black), 2017.

Claire Tabouret (née en 1981), Makeup (orange and black), 2017. Photo service de presse. © Courtesy Bugada Cargnel, Paris

« Claire Tabouret. Entre la mémoire et l’oubli », jusqu’au 21 septembre 2025 au musée des Beaux-Arts, 20 quai Émile Zola, 35000 Rennes. Tél. 02 23 62 17 45. mba.rennes.fr 

BESANÇON | Dessiner la danse

Comment traduire un pas de danse, un mouvement de bras, un simple déplacement ? C’est ce que propose de comprendre cette exposition exigeante, conçue par le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon en partenariat avec l’Institut national d’Histoire de l’art. Foisonnant et riche en découvertes, le parcours réunit 250 carnets de répétition, notations de chorégraphes, dessins de maîtres de ballet ou représentations de danseurs immortalisés par les plus grands artistes (Degas, Rodin, Warhol…). L’exposition ne vise toutefois pas l’exhaustivité, car pas moins d’une centaine de systèmes de notation ont été mis au point depuis le XVIIe siècle, pour consigner sur le papier valses, rumbas, menuets et pièces contemporaines, à l’aide de signes tantôt figuratifs tantôt abstraits.

Mickaël Phelippeau (né en 1978), Lou, commande de la compagnie Fêtes Galantes – Béatrice Massin, 2018. Pièce chorégraphique interprétée par Lou Cantor.

Mickaël Phelippeau (né en 1978), Lou, commande de la compagnie Fêtes Galantes – Béatrice Massin, 2018. Pièce chorégraphique interprétée par Lou Cantor. Photo service de presse. © Photographie Patrick Cockpit

« Chorégraphies. Dessiner, danser, XVIIe-XXIe siècle », jusqu’au 21 septembre 2025 au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, 1 place de la Révolution, 25000 Besançon. Tél. 03 81 87 80 67. www.mbaa.besancon.fr
Catalogue, coédition Liénart / INHA / MBAA, 256 p., 30 €.

MARSEILLE | À fleur de peau

Pratique millénaire longtemps marginalisée, le tatouage a fait son entrée au musée depuis quelques années. Le Centre de la Vieille Charité brosse aujourd’hui une histoire vivante de cet art populaire et intime, en se concentrant sur la région méditerranéenne, des rives du Nil à Marseille en passant par les Cyclades. Tantôt protecteur, tantôt transgressif, souvent ornemental et parfois sacré, le tatouage peut répondre à une quête d’identité personnelle autant qu’à une revendication mémorielle ou politique. 275 œuvres, vidéos, objets du quotidien et documents retracent cette histoire ancestrale et actuelle, à la croisée des cultures.

Alireza Shojaian (né à Téhéran en 1988), Sharok et Arthur, série Sous le ciel de Shiraz, 2022. Photo service de presse. © Bing Xu Collection

Alireza Shojaian (né à Téhéran en 1988), Sharok et Arthur, série Sous le ciel de Shiraz, 2022. Photo service de presse. © Bing Xu Collection

« Tatouage. Histoires de la Méditerranée », jusqu’au 28 septembre 2025 au Centre de la Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille. Tél. 04 91 14 58 46. vieille-charite-marseille.com

BERLIN | Claudel et Hoetger en duo

Plusieurs fois, le chemin de Camille Claudel a croisé celui de Bernhard Hoetger, de dix ans son cadet. Tous deux ont fait un passage déterminant dans l’atelier d’Auguste Rodin dont ils ont ensuite cherché à s’émanciper. L’Allemand passe ainsi de l’académisme de sa jeunesse à l’impressionnisme puis au symbolisme, avant de s’adonner à un expressionnisme puissant. Le musée berlinois fait revivre l’exposition qui avait réuni les deux sculpteurs en 1905 à la galerie d’Eugène Blot à Paris. Les travailleurs, danseuses ou maternités en bronze ­d’Hoetger, tout comme ses nus féminins à l’aquarelle, trouvent un écho saisissant dans les sculptures les plus emblématiques de Claudel (L’Âge mûr, La Valse, La Vague).

Bernhard Hoetger (1874-1949), La Tempête, 1901. Bronze, 31 x 24,5 x 25 cm. Brême, Paula Modersohn-Becker Museum.

Bernhard Hoetger (1874-1949), La Tempête, 1901. Bronze, 31 x 24,5 x 25 cm. Brême, Paula Modersohn-Becker Museum. Photo service de presse. © Freiraumfotografie

« Camille Claudel et Bernhard Hoetger, l’émancipation de Rodin », jusqu’au 28 septembre 2025 à l’Alte Nationalgalerie, 1 Bodestrasse, 10178 Berlin.
Tél. 00 49 30 26 642 42 42. www.smb.museum
Catalogue, en allemand et anglais, Hirmer, 176 p., 29,90 €.

VEZ | Couturier l’oublié

Bien moins célèbre que ses amis Aristide Maillol et Germaine Richier, Robert Couturier (1905-2008) n’avait pas eu les honneurs d’une rétrospective depuis vingt ans. Sa prolifique carrière (l’artiste a créé plus de 500 œuvres) est évoquée à grands traits dans le cadre idyllique du donjon de Vez où une vingtaine de sculptures monumentales déployées dans les salles et les jardins révèlent son intérêt jamais démenti pour le corps, en particulier féminin. Une belle occasion de (re)découvrir cet important représentant de l’avant-garde d’après-guerre.

Robert Couturier (1905-2008), La Savonnette, 1994. Bronze, 150 x 175 x 103 cm. Collection Courtesy Galerie Dina Vierny.

Robert Couturier (1905-2008), La Savonnette, 1994. Bronze, 150 x 175 x 103 cm. Collection Courtesy Galerie Dina Vierny. Photo service de presse. © Donjon de Vez

« Robert Couturier, la poésie des corps », jusqu’au 2 novembre 2025 au donjon de Vez, 3 bis rue de la Croix Rebours, 60117 Vez. Tél. 01 42 99 20 30. www.donjondevez.com

TOULOUSE | Mickalene Thomas et les femmes de sa vie

Brouillant les frontières entre les médiums (peinture, photographie, vidéo et collage se mêlent dans ses compositions monumentales), la New-Yorkaise Mickalene Thomas (née en 1971) puise volontiers dans l’art ancien pour mieux bousculer les concepts traditionnels de beauté et de féminité. Elle capture à la fois la sensualité, la force et la vulnérabilité de ses modèles, femmes noires parmi lesquelles figurent sa mère, ses amantes, des écrivaines… Pour elle, l’amour est toujours le moyen d’émancipation et d’affirmation privilégié.

Mickalene Thomas (née en 1971), Din avec la main dans le miroir et jupe rouge, 2023. Strass, acrylique et paillettes sur toile marouflée sur panneau, 228,6 x 279,4 cm.

Mickalene Thomas (née en 1971), Din avec la main dans le miroir et jupe rouge, 2023. Strass, acrylique et paillettes sur toile marouflée sur panneau, 228,6 x 279,4 cm. Photo service de presse. © Courtesy de l’artiste

« Mickalene Thomas : All About Love », jusqu’au 9 novembre 2025 aux Abattoirs, musée – Frac Occitanie Toulouse, 76 allées Charles de Fitte, 31300 Toulouse.
Tél. 05 62 48 58 00. www.lesabattoirs.org

MARSEILLE | Les veilleurs d’Ali Cherri

Les gardiens totémiques (Gatekeepers) créés par Ali Cherri pour la biennale Manifesta 13 en 2020 forment le point de départ de cette exposition singulière. Dans une pénombre soigneusement orchestrée, le Libanais convoque autour de ses créatures fictives et hybrides un florilège d’œuvres variées sélectionnées dans les différents musées de la Ville : tout un peuple de statues antiques, masques africains, terres cuites du XXe siècle… « Mon souhait est de leur restituer une présence en les rassemblant tous ensemble, sans critères de style, d’origine ou de chronologie, de leur redonner la parole », confie l’artiste.

Ali Cherri (né en 1976), Lucie, 2023. Prothèses oculaires en verre, bois, laiton, pâte époxy, enduit, 21 x 13 x 8,5 cm. Collection privée.

Ali Cherri (né en 1976), Lucie, 2023. Prothèses oculaires en verre, bois, laiton, pâte époxy, enduit, 21 x 13 x 8,5 cm. Collection privée. Photo service presse. © Ali Cherri Studio. Courtesy de l’artiste

« Ali Cherri. Les Veilleurs », jusqu’au 4 janvier 2026 au musée d’Art contemporain, 69 rue d’Haïfa, 13008 Marseille. Tél. 04 13 94 93 49. musees.marseille.fr

SARS-POTERIES | De l’anatomie

Le Musverre invite vingt-cinq artistes pour nous convier à une exploration du corps tout en contrastes. Certains créateurs s’aventurent à en dévoiler les mystérieux rouages, à l’instar de Wim Delvoye, dont les vitraux se basent sur l’imagerie médicale, ou de Simone Fezer qui magnifie poumons et estomacs grâce à la technique du verre irisé. Volontiers fragmenté ou dénudé, le corps permet aussi à Déborah Hopkins et Lucy Lyon d’interroger le rapport à l’autre et à soi. La deuxième partie de l’exposition laisse place au corps tantôt magnifié avec poésie (Mari Meszaros), tantôt épuré jusqu’à l’abstraction (Ann Wolff), tandis que la dernière étape du parcours se concentre sur le processus d’effacement : les êtres s’estompent jusqu’à se résumer à des empreintes, de simples traces chez Michal Macku ou Florian Lechner…

Michal Macku (né en 1963), Glass Gellage #XLIX, 1/9, 2021. Verre, pigment ; impression carbone sur le verre.

Michal Macku (né en 1963), Glass Gellage #XLIX, 1/9, 2021. Verre, pigment ; impression carbone sur le verre. Photo service de presse. © Musverre / Michal Macku

« À corps », jusqu’au 4 janvier 2026 au Musverre, 76 rue du Général de Gaulle, 59216 Sars-Poteries. Tél. 03 59 73 16 16. musverre.fr